ÉLECTIONS EUROPÉENNES Carole Delga écrit à Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste
"La liste actuelle est le fruit de compromis internes. Je te propose qu’elle soit, demain, le fruit d’une ambition collective."
Alors que les élections européennes approchent puisque le scrutin aura lieu en juin prochain, le Parti socialiste a décidé en milieu de semaine, à l'occasion d'un Conseil national, de valider sa tête de liste, Raphaël Glucksmann, leader de Place publique et député sortant. La direction du mouvement a aussi présenté de nouvelles personnalités qui pourraient faire leur entrée à Bruxelles.
Au moins une dizaine serait en position éligible selon les derniers sondages qui créditent la liste du Parti socialiste d'un score autour de 10 %. Parmi les personnalités, on retrouve des eurodéputés sortants, mais aussi des membres actifs du PS notamment Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes ou encore la Gardoise Chloé Ridel, porte-parole du parti.
La présidente de la région Occitanie vient donc d'écrire à Olivier Faure, le premier secrétaire pour lui demander de revoir sa copie avant le vote des militants le 8 février prochain. "Comme je te l’ai exprimé à plusieurs reprises depuis plusieurs mois, et notamment lors de notre rencontre de décembre dernier, nous devons être plus ambitieux sur le rôle que doit jouer la Gauche dans ce moment et singulièrement le Parti socialiste. Son effacement n’a que trop duré : nous devons reparler au pays, en reprenant le chemin de la proposition et de l’action ; nous devons écouter, entendre et rassembler ces Français, de plus en plus nombreux, qui aspirent à un nouveau modèle de société plus juste, plus inclusif, plus respectueux des femmes et des hommes et de notre environnement. Nous le devons et nous le pouvons."
Et Carole Delga de poursuivre : "Bien qu’affaibli par son score à la dernière présidentielle, le Parti socialiste reste une force incontournable, grâce notamment à son maillage territorial : chaque jour, aux quatre coins du pays, ces élu(e)s, ces militant(e)s dévoué(e)s, sont les visages de cette Gauche « du faire », cette Gauche qui ne lâche rien et surtout, par son idéal de progrès et de justice sociale, cette Gauche qui connaît la vie des gens et qui aspire toujours à la changer. Je te le redis une nouvelle fois : je regrette que le Parti ne s’appuie pas plus sur cette force. Une nouvelle preuve en est donnée, hélas, par la constitution de notre liste aux Européennes. Si je me félicite, comme en 2019, que Raphaël Glucksmann ait été choisi pour conduire notre liste de rassemblement que j’espère le plus large possible, je me fais ici la porte-parole de nombreux adhérents et sympathisants de notre parti qui regrettent le manque d’ouverture territoriale. Ils constatent, comme moi, que le jeu des arrangements internes a effacé l’impérieuse nécessité politique à faire entendre justement, en France et en Europe, la voix de celles et ceux qu’on n’entend pas ou qui n’arrivent plus à se faire entendre, le porte-parole de ces territoires déclassés, désindustrialisés, délaissés par un centralisme d’un autre âge."
En conclusion, la leader socialiste d'Occitanie d'enfoncer le clou : "Depuis le vote du Conseil national, mercredi soir, nous sommes nombreux à nous demander : si notre Parti ne renoue pas avec son ADN politique, à savoir rassembler et représenter les classes populaires, alors qui le fera, sinon les populistes et les démagogues ? Si notre parti n’émet pas un signal politique fort et notamment celui de rendre visibles tous les invisibles de notre pays, alors à quoi sert-il, sinon à contribuer à cette fatalité qui plombe une bonne partie des Français, notamment celles et ceux qui se revendiquent toujours de gauche ? Je pense qu’il est encore temps de revoir les choses à l’aune de cette situation politique et donc la composition de notre liste. La liste actuelle est le fruit de compromis internes. Je te propose qu’elle soit, demain, le fruit d’une ambition collective."