Publié il y a 1 an - Mise à jour le 25.11.2022 - Stéphanie Marin et Coralie Mollaret  - 3 min  - vu 759 fois

FAIT DU JOUR La proposition de loi Caron sur le carreau

Tout ça pour ça... Après des semaines de débats et d’invectives entre pros et anticorridas, le député Insoumis de Paris a finalement retiré, ce jeudi à l’Assemblée nationale, sa proposition de loi pour l’abolition de la corrida.

Une proposition de loi qui a fait pschitt. Ce jeudi, à l’Assemblée nationale à Paris, les députés de La France Insoumise bénéficiaient d’une niche parlementaire. C'est-à-dire que de 9 heures à minuit, le groupe pouvait soumettre à leurs collègues de l'hémicycle les propositions de loi qu’il souhaitait. Cette maîtrise de l’ordre du jour revenant d’accoutumée à la majorité présidentielle.

Un enjeu « civilisationnel »

Depuis plusieurs semaines, le député antispéciste Aymeric Caron milite pour l’abolition de la corrida. Aujourd’hui, cette dernière est une « exception culturelle » française, dont jouissent plusieurs départements dont le Gard, au titre d’une tradition ininterrompue depuis le XIXe siècle. « On ne peut plus organiser des séances de torture chorégraphiées pour prétendre que c’est de l’art », balance l’ancien journaliste. 

Aymeric Caron estime par ailleurs que sa proposition de loi dépasse les frontières de l’écologie, l’érigeant au rang de « civilisationnelle ». Dans son texte, le député reprend les paroles de la chanson de Cabrel, avant de relayer un sondage IFOP de février, indiquant que 87 % des Français sont favorables à l’abolition de la corrida. Si ces spectacles taurins ne sont pas vraiment populaires, leurs partisans comme leurs détracteurs restent, en revanche, très engagés.

Plus de 400 amendements déposés 

L’examen du texte s’annonçait donc explosif. Contrairement à d’autres sujets, la corrida transcende les clivages Droite/Gauche. Et bien malin celui qui, mercredi soir, pouvait prédire le vote de ce texte. Pour maximiser les chances d’aller jusqu’au vote de la proposition, les Insoumis ont retiré de l’ordre du jour la revalorisation du SMIC à 1 600 € ainsi que la commission d’enquête sur « Uberfiles ». Des suppressions qui, mécaniquement, ont placé l’abolition de la corrida en deuxième position de l’ordre du jour, après l’examen de la constitutionnalisation de l’IVG (interruption volontaire de grossesse).

Ce n’était visiblement pas suffisant… Pour rallonger les débats, certains députés - le plus souvent opposés au projet - ont déposé plus de 400 amendements sur le texte, dont certains parfois ubuesques comme la formation du torero au bien-être animal ou la vitesse du vent pendant les corridas. « Il n'y a  pas d’obstruction mais une volonté de débattre ! », feint Yoann Gillet, député Rassemblement national (RN) du Gard. Peu avant 18 heures, Aymeric Caron prend la parole : « Tout est fait pour refuser le vote ! Ces 480 amendements reviendraient à débattre pendant 24 heures. Je suis contraint de retirer ce texte. C'est un déni de démocratie ! »

Accord entre Insoumis et Frontistes ?

La justification d’Aymeric Caron ne convainc pas Yoann Gillet. Le Nîmois estime qu’au contraire, La France insoumise « avait l’occasion de donner un signal très clair en faisant voter le premier amendement. Il portait sur la suppression de sa loi. S’il avait été voté, ça aurait donné une indication. C’est bien regrettable… Aymeric Caron a manqué de courage ! » D’autres dans l’hémicycle y voient un accord entre les groupes FI et RN : l’abandon de la proposition de la loi Caron en échange de la réintégration des soignants non-vaccinés, troisième proposition de loi examinée.

Un coup médiatique inutile ? 

Finalement, la séance de ce jeudi a-t-elle été inutile ? Une fois n’est pas coutume, pros et anticorridas se rejoignent : les échanges autour de la loi auront sensibilisé les consciences. Reste à savoir qui dans le lit aura son bout de couverture ? Le président des jeunes aficionados, Corentin Carpentier, l'assure : « Ça nous a permis de rencontrer beaucoup d'élus, à qui on a fait comprendre ce qu'est la corrida, ce que sont nos libertés, ce qu'est notre enracinement dans le sud de la France. On a fait un travail de lobbying très fort, de pédagogie extrêmement important. » 

Quant à Aymeric Caron : « Cette proposition de loi nous aura permis de constater qu’il y a bien des députés dans tous les camps qui soutiennent l’abolition de la corrida. Il y a quelque chose qui a commencé aujourd’hui, c’est-à-dire que maintenant on sait que la corrida sera abolie très bientôt en France. » Et de promettre de représenter prochainement son texte. 

Stéphanie Marin et Coralie Mollaret

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