FAIT DU SOIR Réforme des retraites : la mobilisation en reflux mais toujours forte
Ce samedi 11 mars a été marqué par la septième journée de manifestations contre la réforme des retraites dans le Gard, à Alès, Bagnols/Cèze, Uzès et Nîmes. Moins suivie que celle de mardi, elle intervient à quatre jours d'une réunion peut-être décisive de la commission paritaire mixte.
2 000 à Alès selon la police, près du triple selon les syndicats
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'intersyndicale alésienne n'a pas chômé cette semaine. Après une première mobilisation en centre-ville ce mardi 7 mars qui, selon les manifestants les plus enthousiastes, a réuni jusqu'à 15 000 personnes - un record à Alès -, la journée du 8 mars, consacrée aux droits des femmes, a été l'occasion de se masser autour du rond-point de la route de Bagnols. Le lendemain, jeudi, avec l'aide de cette même intersyndicale, les lycéens de JBD, coutumiers du fait, sont parvenus à bloquer les entrées de l'établissement toute la journée. Enfin, ce vendredi, pendant que le camion de la CGT des cheminots défilait en ville pour annoncer la manif' du jour, diverses opérations étaient menées par les syndicats, dont un blocage de l'usine chimique Solvay à Salindres.
De quoi bien s'échauffer, voire s'user, avant la manifestation du jour, la deuxième au départ du quai du Mas d'Hours après celle du 22 février dernier (relire ici). Après la lecture de plusieurs messages, dont celui de la jeune Livia au nom de la Jeunesse militante alésienne, l'intersyndicale a rappelé que sa pétition contre la réforme des retraites a déjà réuni 1,1 million de signatures. En milieu de matinée, le cortège s'est formé pour prendre la direction du giratoire de la 2x2 voies, dont la portion reliant Vézénobres à Alès était fermée aux automobilistes pendant la manifestation, occasionnant quelques ralentissements sur l'ancienne route de Nîmes.
Sur ce même rond-point jadis occupé par les gilets jaunes, l'intersyndicale alésienne faisait la quête auprès des manifestants. "Comme les autorités semblent avoir des problèmes de vue, on va faire un comptage à l’ancienne. Mettez tous une pièce de 50 centimes dans la caisse. Ça nous permettra de compter combien on est", avait justifié un représentant CFDT au micro. Une habile manœuvre pour renflouer la caisse de grève de l'intersyndicale, laquelle servira aux impressions des tracts annonçant les prochaines manifestations, entre autres.
Toujours aux avant-postes dans le camion-sono de la CGT, Alain Martin en profitait pour énumérer toutes les actions de blocage en cours dans le pays "dont ne parlent pas les gros médias", citant pêle-mêle "l'arrêt des collectes de déchets" dans plusieurs villes, des raffineries au point mort, ainsi qu'une grève à venir dans les ports les 14, 15 et 16 mars prochains. "Les restaurants de Disneyland sont en grève. Même Mickey est dans la lutte !", a ironisé le Cégétiste.
Au terme de deux bonnes heures de marche groupée menant le cortège sur la rocade sud à hauteur des principaux commerces de l'avenue Olivier-de-Serres, puis en direction opposée jusqu'au rond-point du Pont du Gard, la manifestation alésienne prenait fin. À l'heure où nous écrivions ces lignes, l'intersyndicale se trouvait en plein comptage, tandis que la police annonçait 2 000 manifestants dans la rue ce samedi matin, contre 5 500 en début de semaine. Les organisations syndicales espèrent inverser la tendance dès ce mercredi 15 mars, date à laquelle une énième manifestation est programmée (à 10h au départ de la gare) pendant que la commission mixte paritaire se réunira.
Mobilisation en baisse mais encore importante à Bagnols
À Bagnols, "on reste sur des scores historiques", souligne Patrick Lescure, le secrétaire de l’union locale CGT au nom de l’intersyndicale. Reste que ce samedi, la mobilisation était en reflux : 2 500 personnes d’après les syndicats, 700 selon la police. Mardi, les syndicats annonçaient 5 000 manifestants. "On est moins nombreux, certes, mais nous sommes encore nombreux et c’est la troisième manifestation de la semaine", rajoute Patrick Lescure.
"Encore nombreux" donc à rester mobilisés contre le projet de réforme des retraites actuellement débattu au Sénat, où le Gouvernement a enclenché le "vote bloqué" par le biais de l’article 44.3 de la Constitution pour limiter le temps de débat. De quoi faire dire à l’intersyndicale que "ce Gouvernement et ce président de la République posent un problème démocratique." Quant à la réforme en elle-même, tout a été dit au fil des six précédentes journées de mobilisation. Patrick Lescure rappellera tout de même que "cette réforme restera comme celle du mensonge", avant d’affirmer que "plus personne n’est dupe" et que cette réforme vise à "faire des économies sur le dos de ceux qui créent la richesse dans ce pays."
Rendez-vous est déjà donné ce mercredi 15 pour une nouvelle journée de mobilisation. "Le 44.3 ou le 49.3 ne nous arrêteront pas, Emmanuel Macron est têtu, nous ne sommes tout autant, mais nous sommes des millions", lancera Patrick Lescure avant la dispersion de la manifestation, qui est partie du monument aux morts pour rejoindre la gare.
À Uzès, les syndicats donnaient le chiffre de 400 manifestants ce matin, contre 1 000 mardi.
2 800 manifestants à Nîmes selon la police
À Nîmes, c’est Cindy Varnier de la CFDT qui a donné le top départ du cortège aux Jardins de la fontaine, direction la préfecture, en passant par la Maison carrée. Des retraités, des enfants et des entreprises, comme Perrier, étaient présents.
Tous mobilisés pour dire non à cette réforme estimée injuste et brutale. « L'intersyndicale a appelé à mettre la France à l'arrêt le 7 mars. Elle est forte du soutien des trois-quarts de la population et de 94 % des actifs qui refusent le recul de l'âge légal de départ à 64 ans et l'allongement de la durée de cotisations. À ce jour, ces mobilisations énormes conduites par une intersyndicale unie n'ont reçu aucune réponse de la part du Gouvernement. Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive », exhorte la secrétaire générale de l'union départementale CFDT du Gard. La préfecture a compté 2 800 manifestants aujourd'hui contre 6 000 mardi dernier. Quant aux syndicats, ils n'ont pas donné d'estimation du nombre de manifestants cette fois-ci.