LA ROQUE-SUR-CÈZE Quel avenir pour le mas Pascal ? La municipalité doit se positionner
Si La Roque-sur-Cèze figure parmi les Plus beaux villages de France, la situation financière de la commune est loin de mériter un label. "Le niveau des finances communales est catastrophique. On vit au jour le jour sur les recettes du parking", déclare sans détour le maire, Robert Gautier. Et une grande partie de cette somme part dans le remboursement d'emprunts contractés pour financer des études sur le mas Pascal. Mais aujourd'hui, le projet autour de ce lieu est au point mort, faute d'argent...
Les pierres de cette grande bâtisse s'apparentent davantage à un gros caillou dans la chaussure communale. Situé au bout du pont Charles-Martel, le mas Pascal a été racheté pour 350 000 € par la municipalité en 2017. Le magnifique édifice commençant à se dégrader, l'équipe en place a souhaité l'acheter pour le restaurer et lui ouvrir une nouvelle destinée. Nous sommes aujourd'hui en 2022 et presque rien n'a bougé, mis à part la toiture qui a été refaite pour environ 600 000 €. Au total, ce sont 1,3 million d'euros qui ont déjà été dépensés par la mairie sur ce projet, notamment pour financer des études. Les emprunts effectués par la commune galopent jusqu'à 2036.
Il était question d'y créer une Maison de site, mais la proposition de départ ne convainc pas tout le monde et les avancées patinent entre absence de ligne directive et de finances. Dès le départ, à l'Agglomération du Gard rhodanien, on n'était pas favorable à cet équipement à grande envergure touristique : "La plupart des visiteurs passent par Internet. Nos offices de tourisme se vident, on préfère développer des points d'accueil mobiles sur le territoire", lance Jean-Christian Rey, le président de l'Agglomération du Gard rhodanien, qui a en charge la compétence tourisme.
Dégager des marges de manoeuvre pour financer des projets communaux
Que faire alors de cet ancien mas ? Au sein du conseil municipal de La Roque-sur-Cèze, la question divise encore. Mais la revente apparaît de plus en plus comme une "option sérieuse" qui donnerait une bouffée d'air à la santé financière de la commune. Le maire a déjà fait estimer la valeur du bien : 800 000 € au mieux, 630 000 € selon les domaines. L'impressionnant bâtiment et sa cour revêtent un fort potentiel et un atout charme indéniable qui pourraient séduire des acquéreurs. Encore faut-il regarder ce qu'il en est au niveau du PPRI (Plan prévention du risque inondation) et la destination actuelle du bien. "Nous, on ne peut pas le réhabiliter, on n'a plus aucun moyen financier", lance Robert Gautier, en haussant les épaules. Même en bonne santé financière, "un village de 160 habitants n'aurait sans doute pas les reins assez solides pour porter un lieu destiné à des milliers de touristes", pointe la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon.
Ce mercredi, elle et Jean-Christian Rey sont venus discuter sur place avec l'équipe municipale de La Roque-sur-Cèze. Tous deux sont du même avis : "Il faut que tous les élus de la commune, vous vous mettiez d'accord sur la ligne à suivre. Il faut poser les choses", conseille le président de l'Agglomération. Une fois cette base déterminée, les discussions avec l'Agglomération pourraient reprendre. PourJean-Christian Rey, le mas Pascal ne peut être pensé seul, il doit "s'inscrire dans un aménagement global", comprenant le parking, les cascades du Sautadet...
"On est échaudé par cette histoire du mas Pascal. On nous a fait miroiter un projet super. On avait l'aval de services administratifs en qui on peut avoir confiance. On se retrouve à l'inverse, c'est frustrant", déplore l'élue roquairole, Martine Parpaillon. De l'autre côté de la table, un élu se demande qui va investir dans cet ensemble difficile à rentabiliser avec la saison touristique qui se concentre sur trois mois. Les prochaines discussions en conseil municipal s'annoncent animées. Mais l'enjeu est aussi de retrouver des marges de manoeuvre financières pour investir dans la commune. Par exemple, la rénovation des canalisations en mauvais état dans le village ou l'abattement en décembre de six platanes malades du chancre coloré pour 10 000 €. Cela permettra de rémunérer plus sereinement les personnels qui surveillent la baignade aux cascades et qui coûtent 35 000 € par an.
Marie Meunier