L'INTERVIEW Christian Teissier : "Si vous saviez l'énergie qu'on dépense..."

Christian Teissier, élu à la mairie de Méjannes-les-Alès depuis 1995 et maire depuis 2008.
Maire de Méjannes-les-Alès depuis 2008, Christian Teissier se bat pour développer son village au quotidien face aux "difficultés administratives et budgétaires". Une lutte sans fin qui le pousse à faire grandir notamment sa zone d'activités, mais qui provoque une "usure" inévitable.
Objectif Gard : Engagé en mairie depuis 30 ans, où en êtes-vous à un an de ce qui pourrait être votre quatrième mandat de maire ?
Christian Teissier : J'ai toujours l'envie, mais il y a un peu d’usure, il faut le reconnaître franchement. Pour la petite histoire, je suis maire depuis 2008, mais élu depuis 1995 puisque j'ai été adjoint pendant deux mandats. Les difficultés administratives et budgétaires pèsent beaucoup. Un exemple : la DGF, (Dotation globale de fonctionnement) des communes et la DSR (Dotation de solidarité rurale) représentaient 90 000 euros de subventions en 2015. L'année dernière, c’était 48 000. De plus, ce mandat a été compliqué par les deux premières années plombées par le Covid. En plus de peser sur les projets, cela a eu un impact sur les rapports avec les administrés. On les sent plus exigeants, parfois plus agressifs. Cette période d’isolement donne l’impression que chacun s’est refermé sur soi, cela a renforcé l’individualisme à mon sens.
Est-ce selon vous un phénomène général ou propre à Méjannes-les-Alès ?
Cela fait 30 ou 40 ans que les valeurs individualistes sont intensifiées au niveau sociétal à coup de “éclatez-vous”, "réalisez-vous", “parce que je le vaux bien” et autres. On constate que ça prend de l’ampleur, alors que nous avions peu de monde lors de nos réunions publiques pour le PLU par exemple. Néanmoins, les maires conservent un bon socle de confiance de leurs électeurs grâce à cette proximité unique. Dans une commune comme Méjannes-les-Alès, un maire est abordable, on le connaît, on le croise. Une récente étude de l’association des maires ruraux du Gard montre que l’appartenance politique d’un maire rural ne détermine qu’à hauteur de 6 % le choix d'un électeur lors des élections municipales. Alès, une ville de Gauche, a bien élu pendant 30 ans un maire de Droite.
La zone d'activités continue-t-elle d'attirer les entreprises ?
Le développement de notre zone d’activités, déjà grande de 30 hectares, est forcément un axe majeur pour nous, nous y sommes très attentifs. Nous y accueillons une soixantaine d’entreprises, qui représentent 520 emplois et 110 millions de chiffres d’affaires. Arcadie est en train de s’agrandir de 4 000 m2 grâce à un investissement de 10 millions d'euros. Senfas va plus que doubler sa surface avec une extension de 7 000 m2.
Nous avons enfin signé le PLU après huit ans de débats, ce qui va permettre d'étendre la zone de six hectares. On devrait aussi lancer un projet mixte centre aéré communautaire - salle polyvalente municipale et accueillir une supérette non loin de la mairie (plus d'informations à venir sur Objectif Gard). On est bien situés, bien desservis avec des belles infrastructures. On bénéficie aussi d'une forte demande de fonciers à caractère économique. Nous avons de gros potentiels de développement, malheureusement on se sent parfois bridés par l'administration française notamment. C’est frustrant, on aimerait que ça aille plus vite. Alors quand on y arrive, on savoure.
Gardez-vous un regard sur l'aérodrome de Deaux, situé à quelques minutes de la zone d'activités ?
On regarde de près l’aérodrome, même si la situation me parait difficile à démêler et que nous sommes simples spectateurs. Quitte à me fâcher avec certains administrés, je considère que c’est un atout, que ce soit pour les chefs d’entreprises ou la sécurité incendie.
La population continue d'être fidèle à Méjannes...
Notre population est plutôt jeune et active et nous pouvons l'accueillir grâce à notre offre locative importante. Les Méjannais travaillent à Alès, au Parc des Expositions, à Nîmes, dans la vallée du Rhône, c'est assez diffus. Sur 1 250 habitants, 130 élèves sont scolarisés sur six classes, comparé à d’autres communes similaires, nous avons beaucoup d’enfants. On est malgré tout victime, comme beaucoup, de la baisse démographique avec un léger tassement. Cela fait deux ans qu’on n'est pas touchés par la carte scolaire, on scrute chaque année au cas où. La Maison des Colibris a été une surprise, surtout qu'elle devait initialement s'installer à Alès, je m’en réjouis. Le Bistrot des copains permet aussi une nouvelle dynamique façon années 90, c’est un nouvel espace de rencontres et d’échanges.
Ces belles nouvelles suffisent-elles à vous donner envie de vous représenter en 2026 ?
Je suis en période de questionnement. D’un côté, ce qui m’incite à rester, c’est mener à bien des projets en cours ou sur le point d’être lancés. Ce genre de projet, on a envie de les mener jusqu'au bout. Cela ne me fait pas peur, je suis Cévenol, tous mes ascendants sont dés dans un rayon de 40 kilomètres, il faut savoir être opiniâtre et ne rien lacher. Je vois aussi des éléments dans mon équipe qui s’affirment, s’investissent de plus en plus.
De l’autre côté, il y a l’usure. Au bout de 30 ans, la crainte de faire le mandat de trop se présente. Pour avoir vu certains collègues le faire, ça interpelle. Et celui qui aura beau avoir fait des bons mandats, on ne se souviendra que de son mandat de trop. Je vais sur mes 67 ans, il y a une usure mentale, même si je m’en sors bien physiquement. On va finaliser la voirie de sortie du village, il m’a fallu trois mandats pour y arriver face à la doctrine du Département. Si vous saviez l’énergie qu’on dépense…
Politique
Voir Plus
Politique
FAIT DU SOIR Municipales à Nîmes : le « bonne chance » de Jean-Paul Fournier à Franck Proust

Actualités
LE CLUB SOIR Une Droite divisée peut-elle gagner à Nîmes en 2026 ? Richard Tibérino est notre invité

Alès-Cévennes
ALÈS À un an des municipales, les socialistes se mettent en marche

Politique
NÎMES Franck Proust officiellement candidat aux municipales

Politique
EXPRESSO Loi sur les manadiers : faudra-t-il l’appeler Lopez ou Burgoa ?

Politique
L'INTERVIEW Christian Teissier : "Si vous saviez l'énergie qu'on dépense..."

Sports Gard
ÉDITORIAL Violence dans le foot : il est temps d'agir

Politique
FAIT DU SOIR Après 40 ans de politique, Franck Proust, prêt à décrocher le premier rôle

Actualités
LE CLUB SOIR Marine Le Pen condamnée ? Le député RN Pierre Meurin en plateau

Politique
EXPRESSO Pierre Aiguillon : “Cela se passe tellement bien que je me représente en 2026”

Actualités
ÉDITORIAL Réforme des retraites : François Bayrou trahit sa parole et le Parti socialiste

Alès-Cévennes
FAIT DU JOUR Max Roustan, le début du reste de sa vie

Alès-Cévennes
ALÈS Max Roustan : « Sa famille et Alès sont ses deux piliers »

Politique