Difficile de régner quand le roi est encore là. En 2020, après avoir occupé pendant deux ans le poste d’adjoint, le Nîmois d’adoption s’empare de Nîmes Métropole. Cette émancipation, il la doit à un seul homme : Jean-Paul Fournier. Le maire lui offre une nouvelle vie après son éviction du Parlement européen, un an plus tôt. Au Colisée, du haut de son perchoir, l’animal politique a un défi : celui de faire. De prouver aux Nîmois qu’il peut améliorer leur quotidien, lui qui a longtemps été considéré comme un « élu de salon ».

D’où vient Franck Proust ?

Arrivé en 1987 à Nîmes, l’entrepreneur de 25 ans vient de boucler sa maîtrise en sciences de gestion à Clermont-Ferrand. Originaire de Poitiers, il ouvre dans le Gard un cabinet conseil en marketing. Une fonction qui le rapproche du monde politique. Au départ, c’est uniquement pour le business. Mais le maire de l’époque, Jean Bousquet, voit en lui un potentiel et l’embarque sur sa liste en 1989. Simple conseiller municipal, il devient adjoint et président de l’Office de tourisme en 1991, et crée les Jeudis de Nîmes. En 2001, ce loyaliste, membre de Démocratie libérale, se range derrière Jean-Paul Fournier.

La politique apprendra à Franck Proust patience et résilience. Après la victoire de la droite aux municipales, le poste de premier adjoint lui échappe, au profit de l’allié centriste d’Yvan Lachaud. Tout au long de leur carrière politique, les deux hommes nourriront une rivalité fratricide, qui déborderait sur le terrain judiciaire avec l’affaire de la Senim. Franck Proust choisit de composer. En 2007, alors qu’il s'apprête à inaugurer sa permanence des Législatives, son état-major l’exhorte à laisser sa place à Yvan Lachaud, qui devient député quelques semaines plus tard. En 2014, alors qu’il visait la présidence de l’Agglo, Jean-Paul Fournier décide de confier ce poste à son rival, une offrande dans l’accord pour l’union de la droite et du centre aux municipales.

Comment l’Europe a changé son destin

Franck Proust s’épanouira finalement comme député européen. Il arrive à Bruxelles en 2011, après la démission de Dominique Baudis. Le Nîmois a alors 43 ans. En tant que membre de la commission du commerce extérieur, il s’occupe de la crise avec les aéroports régionaux. Vue de Nîmes, ce mandat n’est pas franchement prestigieux. Qu’importe… Il n’en reste pas moins formateur et décisionnaire pour son avenir. L’homme de droite se rapproche de ce fameux état-major UMP, devenant président de la délégation française de son groupe, le PPE. Si bien qu’en 2017, il déclare : « Je suis incontournable à Paris », comme pour convaincre les Nîmois de sa compétence.

À Nîmes, le temps passe dangereusement. En 2016, le maire connaît quelques soucis de santé et doit être hospitalisé. C’est Franck Proust qui reprend les rênes par intérim. C’est à ce moment précis qu’il goûte à la lumière nîmoise. Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant ? En 2017, Jean-Paul Fournier, de retour aux affaires, décide de lâcher le secrétariat départemental, commandement des forces militantes de la droite. Franck Proust récupère ce poste stratégique malgré les bémols de son prédécesseur : « C’est un garçon intelligent. Toutefois, il faut qu'il passe plus de temps dans le Gard, que les adhérents le voient. »

Un contrat avec Julien Plantier ? 

En 2019, coup dur pour Franck Proust : il perd son mandat de député européen. Sa descente aux enfers s’arrête lorsqu’il est élu à la tête de Nîmes Métropole, un an plus tard. Le Nîmois a appris à ménager les susceptibilités avec la ville. Il signe un chèque de 10 M€ pour le Palais des congrès. À presque 80 ans, il sait Jean-Paul Fournier affectif… Alors, Franck Proust veille scrupuleusement à ne pas heurter le passé. À Paris, il vérouille son investiture pour Nîmes. Comme un félin prêt à attaquer, il ne bronche plus. C’est alors que surgit le premier adjoint, Julien Plantier, qui annonce sa candidature aux municipales. Un crime de lèse-majesté pour Jean-Paul Fournier, qui le convainc définitivement de soutenir Franck Proust.

Le président d’Agglo laisse volontiers le maire évincer celui qu’il avait placé à la présidence de la majorité municipale en 2016. Ce mardi matin, place du Chapitre à Nîmes, c’est un nouveau « chapitre » que tentera d’écrire Franck Proust en vue des Municipales de 2026. Un nouveau chapitre avec d’autres protagonistes qui, à n’y prendre pas garde, pourrait transformer son conte en cauchemar. Toutefois, le Nîmois a toujours assuré ses arrières. C’est en 2007 après des Législatives catastrophiques que Franck Proust a ouvert son cabinet AXA. Reste à savoir quel contrat l’assureur proposera à Julien Plantier…