SAINT-ÉTIENNE-DES-SORTS La maire Patricia Garnero a présenté sa démission
C'est la fin d'une cohabitation difficile à Saint-Étienne-des-Sorts, une commune de 550 âmes au bord du Rhône. La maire, Patricia Garnero, a posté par courrier sa démission au préfet du Gard lundi dernier. Le 1er adjoint, Didier Bonneaud, l'a annoncé en conseil municipal, vendredi soir.
Après une élection partielle complémentaire en juin 2022, la maire Patricia Garnero et son équipe se retrouvaient en minorité au sein du conseil municipal à 7 contre 8. Depuis, ils doivent composer avec l'autre groupe devenu majoritaire, celui de Didier Bonneaud, élu 1er adjoint. D'abord compliqués, les débuts ont laissé place à une gouvernance partagée mais avec "un système lourd où on était tout le temps en réunion et où on devait délibérer beaucoup de choses", souligne Didier Bonneaud. Mais quel est l'élément déclencheur qui a poussé Patricia Garnero à démissionner ?
"On a eu un contentieux sur l'ordre du jour d'un conseil municipal. On devait faire ce conseil avant le 1er septembre pour régulariser un certain nombre de points oubliés", justifie Didier Bonneaud. Or, Patricia Garnero a refusé de signer la convocation d'un conseil municipal, dont on "ne lui avait pas parlé." Elle ajoute : "Didier Bonneaud a alors signé la convocation mais il n'en avait pas le droit". Le principal intéressé, lui, assure ne pas comprendre pourquoi "la maire a demandé l'illégalité de la convocation alors qu'elle était au courant et qu'elle n'avait pas souhaité signer. La préfecture nous a demandés d'enlever les délibérations alors qu'on était là pour travailler."
"On était arrivé au bout d'un process"
Suite à cet accroc, Didier Bonneaud a rencontré Patricia Garnero et lui a fait comprendre que la cohabitation ne pouvait plus continuer : "Je lui ai dit qu'on était arrivé au bout d'un process, qui nous a tous beaucoup épuisé (...) et que si on partait en recours, ça allait être compliqué après. Il y avait cette porte de sortie, elle l'a saisie." En conseil municipal vendredi, il a fait savoir que la décision de Patricia Garnero était motivée par "des raisons personnelles", comme l'ont retranscrit nos confrères de Midi Libre.
Didier Bonneaud attend maintenant la validation de la préfecture et va "assurer l'intérim en attendant une nouvelle élection partielle qui devrait se tenir normalement en février". Le scrutin permettra au conseil municipal d'être de nouveau au complet pour élire le nouveau maire et ses adjoints. Il espère ainsi faire avancer "de gros projets qui ne trouveront une issue que si la démission est validée rapidement et qu'on lance les appels d'offres, les délibérations... Ça va nous demander une accélération énorme et il nous reste peu de temps. On a dépassé les trois ans du mandat."
Il insiste : "Ces gros projets doivent être engagés cette année, sinon, ils ne verront pas le jour. Je pense à la sécurisation du village qui coûte autour de 250 000€ sur une tranche. On risque de perdre les aides si on ne le fait pas vite. (...) Il faut aussi refondre le PLU (plan local d'urbanisme) qui est très ancien, et c'est difficile pour nous de proposer des zones constructibles."
"Quand on avance plus, on est obligé d'arrêter et de laisser la place"
Contactée par Objectif Gard, la maire Patricia Garnero lâche dépitée : "J'ai jeté l'éponge. J'en avais marre des pressions, des humiliations, du chantage. J'avais la boule au ventre en allant à la mairie, ce n'était plus la peine." Elle poursuit : "À un moment donné, quand on avance plus, on est obligé d'arrêter et de laisser la place." D'autant que depuis la dernière élection partielle complémentaire, trois autres personnes de l'équipe de la maire ont démissionné : "Il (Didier Bonneaud) me bloquait sur tous mes projets, ce n'était pas la peine."
Cela faisait déjà quelque temps que la Première magistrate voulait rendre l'écharpe tricolore. "L'ultimatum" posé par Didier Bonneaud "a pesé dans la balance". Elle a décidé de se retirer afin que cette inertie cesse et "que le village avance". "Je vais prioriser ma vie personnelle maintenant, j'ai d'autres projets pas du tout politiques", assure-t-elle. L'édile retiendra tout de même le positif des deux premières années de ce mandat : "Je suis fière de ce que j'ai réalisé, c'est une expérience qui est inoubliable. Ce village me tient beaucoup à coeur, j'espère que ça va aller. (...) Vu le respect que j'ai pour la fonction de maire, je ne pouvais pas continuer comme ça."