En 2018, la municipalité de Lirac a inauguré son nouveau groupe scolaire. L'ancienne école primaire a été reconvertie en pôle administratif avec relais France service, agence postale et bibliothèque. Quant au bâtiment qui renfermait la maternelle, il a été vendu à l'ostéopathe Marc Galgani qui l'a transformé en centre médical. Avec comme condition d'y installer un médecin. Mais cinq ans plus tard, le bureau prêt à accueillir un généraliste demeure vide. 

Ce n'est pas faute de mobilisation et de recherches pourtant. Marc Galgani retrace : "Pendant les travaux du centre, un médecin était intéressé pour venir. Mais on est tombé dans des délais administratifs qui ont traîné en longueur. Il fallait les autorisations pour basculer de la vocation d'ancienne école au secteur médical... On a eu plusieurs touches ensuite, mais rien de sérieux." De son côté, la mairie a contacté des agents pour débusquer un médecin mais qui avaient surtout en tête "de trouver les meilleurs avantages", estime Cédric Clemente, premier magistrat de cette petite commune de 1 000 âmes au budget limité.

Des départs à la retraite récents dans les communes voisines

Les années ont passé et très peu de candidatures ont été reçues malgré les différentes annonces passées dans des revues spécialisées. Et le village rhodanien est loin d'être un cas isolé. Les communes voisines ne sont pas épargnées par la désertification médicale. Le médecin de Saint-Victor-la-Coste vient de partir en retraite, "à Saint-Laurent-des-Arbres, il y en avait quatre, il n'y en a plus que deux. À Tavel, il est parti aussi", indique le maire de Lirac.

Lors d'une réunion sur la démographie médicale animée en mai 2023 aux Angles, le docteur rochefortais Jean-Pierre Sobczak avait présenté des chiffres alarmants sur le Grand Avignon et alentours. Il avait comptabilisé 9 220 personnes sans médecin traitant et avait indiqué qu'en 2023, "sur le territoire d'Avignon, 34 médecins de plus de 65 ans vont partir". 

｜À relire : La désertification médicale sur le Grand Avignon

À Lirac, cela fait une quinzaine d'années qu'il n'y a plus de médecin. Mais dans le village, on ne baisse pas les bras, même si c'est de plus en plus dur : "On ressent de plus en plus de désengagement dans les communes rurales. On représente 70 % du territoire mais on n'a de moins en moins de services. Pourtant, on est bien placé à Lirac : à 30 minutes de Nîmes, 20 minutes d'Avignon, 25 minutes de Bagnols-sur-Cèze, 45 minutes de Montpellier", liste le maire. Même une administrée a rédigé récemment une annonce pour louer le village.

Le centre médical et la mairie envisagent de prendre une partie du loyer à leur charge

Pour l'instant, les médecins n'ont pas de contrainte sur le lieu d'installation une fois leurs études terminées. Alors l'équipe municipale peaufine l'attrait de la commune dans l'espoir de dénicher la perle rare qui soignera les habitants : "On est au milieu des vignes, on essaie de maintenir un niveau de services dans la commune. On travaille à rouvrir un commerce qui serait un peu multi-services."

La mairie ainsi que les propriétaires du centre médical sont également prêts à prendre à leur charge une partie du loyer du médecin qui s'installera ici "sur une période de 12 à 24 mois", assure Cédric Clemente qui ne veut pas se résigner à une population "qui s'habitue à la situation". Et Marc Galgani de conclure : "C'est vital pour une population vieillissante d'avoir un médecin à disposition. On fait tout pour mais c'est désespérant..."

Si vous êtes médecin et intéressé pour vous installer à Lirac, vous pouvez contacter Ludovic Di Rollo par mail à mairie@lirac.fr.