Publié il y a 1 an - Mise à jour le 08.03.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 428 fois

CÔTES DU RHÔNE Femmes et vigneronnes, elles racontent leur profession

Le syndicat des Côtes du Rhône a mis 28 femmes à l'honneur ce 8 mars
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28 vigneronnes des Côtes du Rhône étaient présentes à la Maison des vins d'Avignon, à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme.

- photo Marie Meunier

En ce mercredi 8 mars, journée internationale des droits de la femme, le syndicat des Côtes du Rhône a tenu à mettre à l'honneur les viticultrices des appellations Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages. 28 d'entre elles ont répondu présentes pour ce moment de convivialité organisé à la Maison des vins d'Avignon. Quelques-unes vivant dans le Gard, nous ont parlé de leur métier, de leur vision et de ce qu'elles pensent apporter en tant que femme.

C'est la première fois qu'une telle journée est organisée au sein du syndicat des Côtes du Rhône. Denis Guthmuller, le président du syndicat, a rappelé : "Il est capital de célébrer les droits des femmes. Nous avons besoin de diversité pour apporter de l’efficacité et de l’efficience dans toutes nos actions. Dans nos instances, domaines, entreprises, nous avons besoin d’un maximum de femmes pour faire avancer notre filière."

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28 vigneronnes des Côtes du Rhône étaient présentes à la Maison des vins d'Avignon, à l'occasion de la journée internationale des droits de la femme. • photo Marie Meunier

Aujourd'hui, en France, 30 % des chefs d'exploitation viticole sont des femmes. Au sein des instances dirigeantes du syndicat des Côtes du Rhône, elles ne représentent que 10-13 % des effectifs. Des chiffres bien loin de la parité, alors Denis Guthmuller aimerait que cette journée permette de donner envie à certaines de s'engager en cette année élective. 

"Cette journée est une belle initiative qui permet de se retrouver, de discuter", se réjouit Karine Ogier, qui est membre du bureau au syndicat des Côtes-du-Rhône et présidente de la cave coopérative des vignerons du Castelas depuis bientôt sept ans. À sa connaissance, elle est la seule présidente de cave du vignoble. Elle retrouve dans cette fonction une dimension relationnelle qui se perd un peu, seule sur l'exploitation.

Les femmes "capable(s) de secouer le cocotier"

Parfaitement à sa place à ce poste très souvent masculin, Karine Ogier baigne dans l'univers viticole depuis petite. Fille unique, elle a d'abord exercé le métier de comptable avant de reprendre en 1998 le domaine familial du Fournier, basé à Saze, à la suite de son père. Troisième génération à la tête de l'exploitation, elle peut tout de même compter sur le soutien de son mari, passionné aussi, qui prend ses congés pendant les vendanges pour filer un coup de main. Karine Ogier a atteint les limites de son engagement, "sinon ce sont les loisirs qui en pâtissent."

Karine Ogier, présidente de la cave coopérative des vignerons du Castelas, et Valérie Collomb, à la tête du domaine de la Valériane. • photo Marie Meunier

Elle siège aussi au conseil d'administration de l'appellation Côtes du Rhône Villages Signargues (qui existe depuis 2005, NDLR), au côté de Valérie Collomb, à la tête du domaine de la Valériane à Domazan. "Mes parents se sont d'ailleurs inspirés de mon prénom pour créer le nom du domaine. On peut vraiment dire que je suis tombée dedans quand j'étais petite", plaisante-t-elle. 

Œnologue de formation, elle a toujours eu en tête de reprendre les terres familiales. C'est ce qu'elle a fait en 2004. "On travaille en famille, avec mon mari. Mon fils s'intéresse beaucoup aussi. (...) Une cellule familiale forte est importante." Elle se réjouit que l'image d'Épinal de l'homme seul à la tête de son domaine, éclipsant le rôle de son épouse, s'émousse de plus en plus. "Souvent il n'y a pas que des hommes, mais des couples derrière un domaine. Les femmes ont leur rôle et sont plus reconnues qu'avant", estime-t-elle.

Quatrième génération, Valérie Collomb est la première femme à prendre les rênes de l'exploitation familiale : "On est peut-être plus ouvertes et des fois, on est capable de secouer le cocotier. Aujourd'hui, il faut s'adapter car le métier a bien changé. De l'extérieur, les gens ne s'imaginent pas toute la technicité qu'il exige. On assure de la transformation à la vente."

"Je vois en dégustation des jeunes femmes qui viennent choisir leur bouteille"

C'est aussi cela qui a séduit Anne Collard. Celle qui était autrefois urbaniste a décidé de rejoindre son mari, François Collard, quand il a commencé la mise en bouteille au Château Mourgues du Grès, à Beaucaire. Il y a quelques temps, la Gardoise a décidé de lancer son propre projet "Vignoble Anne Collard", à Comps. "Je ne savais pas quel nom choisir, le parcellaire ne m'inspirait pas. C'est mon mari qui m'a convaincue de mettre mon nom, bien que je n'aime pas trop me mettre en avant", relate-t-elle. 

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Anne Collard a sorti son premier millésime en 2020.  • photo Marie Meunier

Seulement 6 km séparent les deux domaines du couple, mais les terres d'Anne Collard sont en appellation Côtes du Rhône alors que celles de son mari en AOC Costières de Nîmes. "Au niveau commercial, c'est intéressant, cela apporte une complémentarité pour nos clients. Même si au début, beaucoup se demandaient si on ne s'était pas séparé", dit-elle en riant. 

En 30 ans, elle a vu une vraie évolution chez les consommateurs : "Avant, l'acte d'achat du vin était plutôt voué à l'homme et la femme devait accorder son menu. Maintenant, je vois en dégustation des jeunes femmes qui viennent choisir leur bouteille, même pour une soirée entre copines."

Anne Collard a d'ailleurs voulu apporter une touche plus féminine avec beaucoup d'équilibre grâce à un grand travail sur l'encépagement et sur les assemblages. L'ancienne urbaniste qu'elle est a choisi de faire figurer une carte du XVIIIe siècle, finement dessinée sur l'étiquette de ces bouteilles : "Les cartes ont toujours un côté magique. Elles racontent l'histoire d'un lieu, à une époque. On voit que le Rhône a bien évolué depuis."

Une viticultrice en Côtes du Rhône élue Miss France Agricole

"Les femmes vont montrer une certaine sensibilité sur la forme de la bouteille, sur le design. Peut-être que les vins vont être plus fins, plus élégants", rebondit Pauline Pradier, viticultrice au Domaine de Vallaurie, à Saint-Nazaire, à côté de Bagnols-sur-Cèze. Elle-même crée depuis trois ans des cuvées, dont une vinifiée en amphore. Une petite innovation qui vient poursuivre le travail débuté par son père et son grand-père avant elle sur le domaine. 

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Pauline Pradier est Miss France Agricole 2023.  • photo Marie Meunier

La trentenaire est ambassadrice de son domaine, des Côtes-du-Rhône mais aussi bien au-delà. En effet, le 17 décembre dernier, elle a été élue Miss France Agricole 2023. "Cela faisait 10 ans qu'une viticultrice n'avait pas été élue à ce concours", ajoute-t-elle. Depuis, elle enchaîne les articles et reportages télé. "Ce titre de Miss France Agricole me permet de valoriser la place des femmes dans l'agriculture, de montrer qu'on peut être polyvalentes... Ça m'apporte beaucoup de fierté à moi et ma famille", atteste-t-elle.

Marie Meunier

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