FAIT DU JOUR "Le mois du Ramadan, on l'appelle l'invité d'exception"
Ce jeudi débute le Ramadan, le mois de jeûne pour les musulmans. Dans le Gard, les associations étaient à pied d'oeuvre pour les préparatifs.
Le Ramadan est l'un des cinq piliers de l'Islam avec la profession de foi, la prière, l'aumône et le pélerinage. Ce mois sacré est le neuvième du calendrier hégirien qui en comporte 12 et dont chacun commence par la nouvelle lune. Une période tout au long de laquelle, les musulmans ne doivent ni boire, ni manger, ni avoir de relations charnelles de l'aube jusqu'au coucher du soleil. Un mois où "on goûte à la faim, on ressent ce que vivent les personnes dans le besoin", indique Khalid Driouch, président de la mosquée Al Mouhsinine à Beaucaire. L'homme qui a fait son premier ramadan à l'âge de 11 ans, ne le vit pas comme une épreuve. "Ce n'est pas un mois comme tous les autres, ce sont des moments paisibles, de piété, de prières et de partage."
À Bagnols-sur-Cèze, l'imam de la mosquée At-Tawba, Mahjoub Mahjoubi, estime qu'il y aurait environ 4 000 musulmans dans la 3e ville du Gard, bien que tous ne soient pas pratiquants. Alors le mois du Ramadan est un rendez-vous particulièrement important et attendu. Les bénévoles sont fortement mobilisés pour préparer la mosquée At-Tawba. Samedi, ils ont construit en une journée une extension provisoire de la salle de prière pour que tous les fidèles puissent être à l'abri et dans des conditions plus confortables. Car la salle seule ne pourra pas accueillir tout le monde. "On attend entre 400 et 500 personnes à la prière du soir pendant le Ramadan", atteste l'imam, qui est aussi responsable de la communauté musulmane du Gard rhodanien.
Dès le mois de Ramadan terminé, cette extension sera pérénisée avec l'installation d'une grande véranda, qui pourra être chauffée. Car, dans les prochaines années, le jeûne se déroulera en période hivernale. En attendant, les petites mains de la mosquée aménagent les moquettes pour le confort des fidèles. La première prière a eu lieu hier soir à 20h13. Elle sera organisée à la même heure jusqu'à samedi, puis une heure plus tard à partir de dimanche (en raison du changement d'heure, NDLR).
"Le mois du Ramadan, on l'appelle l'invité d'exception. C'est chargé en émotion, en spiritualité, en générosité et en fraternité. C'est aussi un mois où l'on doit se ressourcer, se remettre en question, se demander ce que l'on doit changer...", explique l'imam. Il remarque d'ailleurs que de plus en plus de jeunes fréquentent la mosquée et représentent 60-70 % des fidèles : "Cela nous réjouit. Des jeunes qui n'empruntaient pas forcément le bon chemin viennent, se confient et veulent changer. On voit cette tendance depuis quelques années et je pense que le covid-19 a fait davantage bouger les consciences. On a tous vécu un moment de solitude, de peur et les jeunes ont trouvé ici un endroit où se réfugier."
Le constat en termes de fréquentation de la mosquée par les jeunes, est le même à Beaucaire. L'arrivée en 2020 d'un imam bilingue, Yassin El Himar, pourrait expliquer selon Khalid Driouch et Thami Tabache, son co-président, ce regain d'intérêt pour l'Islam. "Notre imam prêche en français et en arabe, un arabe littéraire que les jeunes ne comprennent pas. Mais en comprenant ce qu'ils entendent, ils s'intéressent plus à la religion", explique le premier.
Des repas distribués tous les soirs
Juste avant la dernière prière de la journée, vers 19h50, Mahjoub Mahjoubi donne aussi des cours du soir à la mosquée At-Tawba, mais aussi à celle de Roquemaure le mardi et vendredi. Il aborde des thèmes précis ou répond aux questions des fidèles. De 17h30 à 18h30, se tient toujours la traditionnelle distribution de repas au Mont Cotton, devant la mosquée bagnolaise. Entre 100 et 130 personnes en bénéficient quotidiennement. La distribution est assurée par des bénévoles de l'association AMJR mosquée At-Tawba.
"Il y a des personnes qui n'ont pas de familles, qui sont seules. On veut leur faire plaisir. Et même si on peut être éprouvé par le jeûne, on doit le faire avec le coeur. Pour rendre les autres heureux, il ne faut pas le faire à moitié", insiste Mahjoub Mahjoubi. Trois cuisinières assurent le confection d'un repas complet, approvisionné en partie par Intermarché et avec l'aide de l'association "Agir Ensemble". Encore plus dans ce contexte difficile et incertain, l'imam souhaite que ce Ramadan "apporte beaucoup de sérénité et d'amour à tous les musulmans et tous les compatriotes."
Il en est de même à Beaucaire, où des barnums ont été installés dans la cour intérieure de la mosquée installée depuis 2005 dans des bâtiments qui accueillaient une équipe vétérinaire. Là aussi, des repas seront distribués tous les soirs à tous ceux qui voudront franchir le portail. Cela grâce aux fidèles qui, pour aider la mosquée, participent à une cagnotte spécialement réservée au mois du Ramadan. "Et c'est ouvert à tout le monde, pas seulement aux musulmans", insiste Thami Tabache.
La mosquée Al Mouhsinine a accueilli jusqu'à 80 personnes, "ce sont des moments très importants qui font du bien", commente Khalid Driouch. Et le même de poursuivre : "Quand on donne, on reçoit en retour de n'importe quelle manière." Après le ramadan, le président et son co-président souhaitent organiser, comme cela se faisait déjà avant la crise sanitaire, une journée portes ouvertes à la mosquée, "pour nous faire connaître et lutter les préjugés que certains peuvent avoir."
Les supermarchés s'activent pour le début du Ramadan
Vous avez peut-être remarqué, sur les abribus nîmois, que certaines affiches publicitaires provenant de supermarchés étaient dédiées à la période de Ramadan ? Pour cette occasion, certains d'entre eux ont mis la main à la pâte pour proposer des offres, ce qui est le cas de Lidl.
Le magasin du Mas des Abeilles est l'un de ceux qui se sont mobilisés : "Des opérations spéciales sont effectuées pour diverses occasions dans les Lidl français, ce fut le cas la semaine dernière pour le ramadan. Nous avions un rayon dédié avec de nombreux produits, par exemple de la semoule, des sauces spéciales, des gâteaux...", explique Amandine Ceyeros, directrice du magasin depuis début mars. Les gâteaux se sont d'ailleurs vendus comme des petits pains : "Certains articles ont rencontré un franc succès, comme les gâteaux par exemple. Ils sont tous partis en une journée !", détaille-t-elle.