Publié il y a 1 an - Mise à jour le 28.10.2023 - Marie Meunier - 4 min  - vu 615 fois

FAIT DU JOUR Marie-José Bazin se rappelle des JO de 1988 comme d'une "expérience exceptionnelle"

marie-josé bazin tir à l'arc

Marie-José Bazin a pratiqué le tir à l'arc à haut niveau. 

- photo DR

Dans moins d'un an débuteront les Jeux Olympiques 2024 à Paris. Pour l'occasion, nous avons rencontré Marie-José Bazin, archère vivant dans le Gard, à Saint-André-de-Roquepertuis, qui a participé aux Jeux de Séoul en 1988.

Marie-José Bazin n'est pas du genre à laisser tomber. Quand elle s'engage, elle s'accroche et ne lâche pas. Aujourd'hui, elle met cette qualité à profit en tant que deuxième adjointe de Saint-André-de-Roquepertuis, village de 600 âmes de la vallée de la Cèze, où elle réside depuis cinq ans mais où elle a des attaches familiales depuis bien longtemps. Des années auparavant, son mental de battante l'a aidé à s'accomplir dans le sport de haut niveau. Notamment dans le tir à l'arc où elle a remporté dix fois le titre de championne de France senior. Un mental qui l'a aussi aidé à surmonter son cancer du sein qui s'est déclaré en 1996. 

Originaire d'Avignon, Marie-José Bazin a rapidement déménagé à Marseille où enfant, elle goûte à tous les sports, poussée par son papa lui-même très sportif. Elle excelle particulièrement en natation où elle décrochera le titre de championne de Provence. Ce n'est que vers l'âge de 23 ans qu'elle découvrira par hasard le tir à l'arc. Comme tous les étés, elle passait ses vacances au centre sportif départemental de Méjannes-le-Clap, à une dizaine de kilomètres de Saint-André-de-Roquepertuis justement.

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Marie-José Bazin a découvert le tir à l'arc par hasard à l'âge de 23 ans.  • photo DR

Sa mère tombe sur une affiche d'initiation au tir à l'arc. Alors qu'elle se familiarise avec les flèches, Marie-José Bazin la regarde faire de loin, pas vraiment intéressée. "Je n'ai vraiment pas accroché. Au bout de deux ou trois fois, l'animateur me demande si je peux tirer une cible à 20 ou 30m. Il m'a prise au jeu", se remémore-t-elle. 

"Je me suis fait un bleu de l'épaule jusqu'au poignet"

Elle se souvient encore de son premier tir : "Je me suis fait un bleu de l'épaule jusqu'au poignet. Quand on lâche la corde, si on bloque trop, cela râcle le bras. Ça commençait bien." Pourtant l'animateur de Méjannes-le-Clap lui donnera rapidement le goût pour cette discipline. Quand elle rentre à Marseille, la jeune femme s'inscrit dans un club. Trois mois après, elle fait sa première compétition. Et quatre mois plus tard, elle participe à son premier championnat de France en salle où elle termine 6e. Elle était la seule de son club à s'être qualifiée. 

Dans ce sport, "il faut être calme, posée, pour réaliser le geste. La gestuelle doit être toujours la même afin de mettre sa flèche toujours au même endroit. Rien ne doit bouger", explique l'archère. Elle a toujours brillé dans les sports de précision, que ce soit à la pétanque ou même au bowling. "Au bout de 5 ou 6 lancers, je ne faisais que des strikes. Ça énervait un peu les autres", dit-elle en riant. 

"J'ai battu à peu près tous les records de France de distance"

Le panneau affichant les résultats par équipe du championnat d'Europe en salle en 1987.  • photo DR

En tir à l'arc, Marie-José Bazin a été dix fois championne de France senior (dont deux fois championne de France en salle). "J'ai battu à peu près tous les records de France de distance : 18, 25, 60, 70m en Fita (ancienne Fédération internationale de tir à l'arc)", indique-t-elle. Elle s'entraînait dur pour ne pas sortir de la zone jaune de la cible. En 1979, elle a fini 2e des Jeux méditerranéens qui se déroulaient à Split, où elle a même vu Tito (président de la République de Yougoslavie, NDLR) à la cérémonie de clôture. À son palmarès, elle compte un titre de vice-championne d'Europe en salle par équipe en 1987 et le bronze au championnat d'Europe d'Izmir (Turquie) en 1986. 

Lors de la remise des prix du championnat d'Europe à Bercy, où la France a fini 2e par équipe.  • photo DR

L'archère fut l'une des premières Marseillaises à signer un contrat d'athlète de haut niveau lui permettant de travailler à mi-temps pour suivre les entraînements. Mais le Graal de tout sportif, c'est bien sûr les Jeux Olympiques. Un rêve que l'archère a pu réaliser en 1988 à Séoul, en Corée du Sud, après avoir vu deux fois le train passer : "En 1980, la fédération a fait le choix de ne pas aller à Moscou et de boycotter les Jeux. Après en 1984, à Los Angeles, la fédération n'a envoyé qu'une équipe d'hommes."

Une tendinite au doigt pendant les Jeux Olympiques

1988 sera la bonne. Elle se rappelle encore de la cérémonie de clôture dans cet immense stade : "C'était tout un spectacle, avec des feux d'artifice. On est véritablement porté par un évènement comme celui-là. On se dit "j'y suis"." Malheureusement, Marie-José Bazin se fera une tendinite au doigt. Elle ne se classera pas en individuel. Quelques jours plus tard, elle serrera un peu les dents et permettra à son équipe de se qualifier pour les phases finales. Les Françaises finiront 8es du classement. 

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Le village olympique de Séoul qui a accueilli les Jeux Olympiques en 1988.  • photo DR

Mais la Gardoise garde un souvenir incroyable de ces Jeux. Elle a assisté au côté du staff à la victoire de Jean-François Lamour en sabre. Elle a rencontré le perchiste Sergueï Bubka. "On salue des gens qu'on voit habituellement à la télévision. C'est comme une grande fête du sport. Cette expérience est exceptionnelle", assure-t-elle. Pendant ces quelques jours, l'athlète était sur un petit nuage. Quelle ne fut pas sa surprise au moment où son avion de retour s'apprétait à se poser à Nîmes le 2 octobre 1988. "Du ciel, on voyait que le sol était tout jaune. L'hôtesse nous a dit qu'il y avait eu des inondations. Mes parents sont venus me chercher et on a dû faire des détours pour rentrer. Le lavoir de Saint-André-de-Roquepertuis avait été emporté, il a dû être refait et j'avais été choisie pour être la marraine", relate-t-elle. 

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À 71 ans, Marie-José Bazin donne encore des cours de tir à l'arc au centre sportif départemental de Méjannes-le-Clap.  • photo Marie Meunier

Après avoir voyagé un peu partout dans le monde, Marie-Josée Bazin a mis un terme à sa carrière de sportive de haut niveau en 1989. Elle a présidé le club "La 1re compagnie d'arc de Marseille" pendant 20 ans, avec la transmission comme mot d'ordre : "On avait fondé une école du sport, on a mené un de nos gamins en équipe de France. On a eu aussi pas mal de champions de France." Depuis 5 ans, elle est revenue s'installer à Saint-André-de-Roquepertuis. Détentrice d'un brevet d'État, elle donne encore à 71 ans quelques cours au centre sportif départemental de Méjannes-le-Clap. Là où tout a commencé. 

Marie Meunier

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