Publié il y a 1 an - Mise à jour le 05.06.2023 - Norman Jardin - 4 min  - vu 9781 fois

FAIT DU JOUR Nîmes Olympique ne répond plus

Rani Assaf va devoir répondre aux appels (photo Yannick Pons)

Alors que Nîmes Olympique devrait préparer la prochaine saison en National, son président se fait discret quand son entraîneur et la mairie aimeraient bien le rencontrer. En pleine tempête, le NO ressemble à un navire fantôme et des membres du club n’hésitent pas à évoquer des dysfonctionnements internes. Ambiance.

Une relégation génère rarement de la bonne humeur et des ondes positives. Celle qui touche le NO (la deuxième en trois saisons) ne déroge pas à la règle. Si le club est déclassé d’une division, c’est logiquement dû à des dysfonctionnements déjà évoqués à de nombreuses reprises. Mais avec la chute, les lacunes internes sont rendues publiques. Cette semaine, Benoît Poulain, dont le contrat n’a pas été prolongé, s’est exprimé dans la presse : « Avec la gestion actuelle du club, je ne serais pas resté la saison prochaine. »

« Il a supprimé les bouteilles d’eau »

Le capitaine des Crocodiles vise, sans le nommer, Rani Assaf : « Ce n’est pas son club, le club appartient aux Nîmois. Il fait partie du patrimoine de la ville. C’est quelque chose qui entre en compte. » Une nouvelle fois, le président actionnaire est au centre des critiques et maintenant, les joueurs n’hésitent plus à évoquer les défaillances internes. « Il ne payait pas le fournisseur de la glace. Parfois, c'est le traiteur de nos repas du midi qui n’était pas payé. Ensuite, il a supprimé les bouteilles d’eau et nous devions remplir nos bouteilles au robinet et au distributeur d’eau », affirme un joueur qui préfère garder l’anonymat de peur de représailles.

« Cette prime n’a été versée que deux mois plus tard »

Mais les reproches faits à Rani Assaf ne se cantonnent pas à la logistique. « Dans l’hiver, il nous a promis une prime de 2 000€ par joueur si on sortait de la zone de relégation. Deux journées plus tard, nous n’étions plus relégables, mais, pour des raisons de trésorerie, cette prime n’a été versée que deux mois plus tard », explique un Crocodile qui préfère rester discret. Des faits qui, s’ils sont avérés, ne sont pas de nature à entretenir une cohésion dans un groupe censé décrocher un maintien en Ligue 2. Le mois de juin est primordial dans la reconstruction d’un club dévasté.

« Il faut qu’un entraîneur soit nommé et, pour l’instant, c'est moi »

« Il est urgent de travailler pour préparer la saison prochaine, car d’autres clubs sont déjà à l’œuvre. Le coach et le directeur sportif n’ont pas vraiment été confirmés et ils ne connaissent pas l’enveloppe mise à leur disposition pour recruter. Ils sont dans le flou », souligne Benoît Poulain. Des propos qui peuvent être associés à ceux de Frédéric Bompard à l’issue du dernier match de la saison : « Il faut que je le voie (Rani Assaf NDLR) avec mon agent et très vite, pour le bien du club. Il faut qu’un entraîneur soit nommé et, pour l’instant, c'est moi. »

L’effectif constitué il y a un an est à reconstruire • Photo : Norman Jardin

À la situation sportive s'ajoute l’état des forces en présence et les deux sont catastrophiques. Seulement onze joueurs sont sous contrat et la moitié va peut-être partir. Frédéric Bompard ne sait pas vraiment ce qu’il pourra mettre en place et Sébastien Larcier, qui a participé au mercato nîmois cet hiver, n’est toujours pas salarié au NO. Les deux hommes se connaissent et ils souhaitent travailler ensemble, mais faut-il encore leur en donner les moyens.

« Des valeurs fortes, dont l’humilité et surtout l’humanité »

Leur mission, s’ils restent au club, sera de construire un effectif, malgré la réputation désastreuse du club. Si le but est de remonter en Ligue 2 dans les deux ans, comme l’avait annoncé le coach, c’est dès la première année que le projet se construit. Quant au staff, il vient de perdre l’intendant Jean-Luc Allouis, parti à la retraite, et Richard Goyet l’entraîneur adjoint au club depuis 2017.

Ce dernier s’est exprimé via son compte Linkedin : « Nîmes Olympique a besoin de retrouver une dynamique, pas seulement au travers des résultats, mais surtout autour d’une envie de fédérer et d’avancer collectivement, étape par étape, autour d’un projet simple, avec des valeurs fortes, dont l’humilité et surtout l’humanité. »

« C’est à croire qu’il a perdu son téléphone »

Du côté de la Mairie de Nîmes, on semble bien impuissant face à l’actionnaire principal du NO. « Avec Assaf, on n’a ni le son, ni l’image. C’est à croire qu’il a perdu son téléphone », explique-t-on à l’Hôtel de ville. Pourtant, le 16 mai dernier, à l’issue de sa rencontre avec le collectif de supporters "Sauvons Nîmes Olympique", Julien Plantier, premier adjoint, avait reconnu que « la situation actuelle ne convenait pas à la Ville avec l’absence de relations sérieuses et constructives avec le club et des relations exécrables avec les supporters ».

« Déjà qu’il ne répond pas à l’entraîneur depuis 10 jours, alors la Mairie… »

Ce jour-là, la ville annonçait vouloir « rencontrer rapidement Rani Assaf » pour lui demander quelle serait la politique sportive du club au vu de la relégation en National qui s’avère inéluctable ? Quel devenir pour le projet urbain en cours et avec quels impacts du fait des mauvais résultats sportifs ? « Déjà qu’il ne répond pas à l’entraîneur depuis 10 jours, alors la Mairie… », confesse un Crocodile désabusé. Le président de NO est le maître du jeu et personne ne semble en mesure de lui imposer quoi que ce soit.

« Si c'est pour nommer un président qui appliquera la même politique, ce n’est pas la peine »

Mais il se dit que Rani Assaf serait en pleine réflexion avec Nîmes (club et ville). Partir ? Rester ? Prendre du recul avec la direction du NO ? « Si c'est pour nommer à la tête du club un président qui appliquera la même politique, ce n’est pas la peine », analyse un membre du club. Le chronomètre de la saison 2023-24 est déclenché et Nîmes Olympique n’est pas encore en ordre de marche. Le chantier est énorme. Les supporters, qui ne se reconnaissent plus dans ce club, ont toutes les raisons d’être inquiets.

Norman Jardin

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