Alexis Slawski boxe depuis qu'il a 15 ans. Il a commencé par pur hasard. "Je suis né dans une famille de footeux, j'étais passionné de ballon rond. J'ai aussi pratiqué un peu le rugby", relate-t-il. Mais au collège, le Rochefortais traverse une période difficile : "Je n'avais pas confiance en moi, j'étais costaud même à la limite de l'obésité. Avec un ami, on regardait beaucoup "Never back down". On a décidé de s'inscrire au club de boxe pour perdre du poids."

Alexis se prend vite au jeu. Son entraîneur au "Gant d'argent", Roland Gabucci, lui décerne le gant jaune (équivalent ceinture noire au judo, NDLR) alors qu'il n'a que 16 ans. À 17 ans, il effectue son premier combat en étant surclassé dans la catégorie poids lourds. Face à lui, se trouve un jeune de 19 ans du CREPS de Toulouse, déjà titré, membre de l'équipe de France. "J'ai pris un KO au début du 2e round. Ça a été difficile à accepter. Mais je suis têtu alors j'ai décidé de remettre les gants", lâche-t-il avec un sourire. 

Champion de France poids lourds en première série junior

Il a bien fait de ne pas se décourager puisque l'année d'après, il a décroché le titre de champion de France poids lourds en première série junior, grâce à une finale gagnée par KO. Son adversaire est ressorti avec le muscle de la jambe déchiré. "C'est violent, c'est vrai. Mais ça demande du dépassement de soi, de repousser ses limites et son mental, de chercher tout le temps le meilleur", explique le Gardois, qui se décrit comme quelqu'un "de très pacifique, voire introverti à l'origine". Bien que du haut de son mètre 87, personne n'a jamais vraiment tenté de l'embêter dans la cour de récréation.

En 2018-2019, Alexis remporte son quart de finale contre un adversaire haut de 2,02m. Soit 15 cm de plus que lui et un vingtaine de kilos en plus. "Il effrayait toute la salle mais pour moi, la victoire était obligatoire. Mon mental, mon autodétermination l'ont emporté", se remémore-t-il. Il perdra ensuite en demi-finale de peu. Puis le covid est arrivé mettant un coup d'arrêt aux compétitions. Il a repris en 2021-2022 en 2e série et remportera le titre de vice-champion de France poids lourds, à Calais, après quatre combats qualificatifs victorieux à Paris. 

"J'arrive à contrôler ma peur et à la transformer en excitation"

La passion du combat est toujours là : "J'ai eu de bonnes sensations. Même si la peur est toujours présente car on se trouve dans un espace limité, bloqué. On n'a pas le droit de tourner le dos. J'arrive à contrôler ma peur et à la transformer en excitation." Quand il entre sur le ring, Alexis choisit toujours une musique viking pour le plonger dans une bonne énergie. 

Ce samedi, à 20h, il combattra lors de la finale de championnat de France Élite B, à la salle Cassin, à Verdun. Le combat dure 5X2 minutes et se fait dans cette catégorie sans casque et sans protège-tibias. Seulement avec un protège-dents et une coque. Dans son coin, sa petite amie et son meilleur ami seront là pour l'encourager. Depuis quelques mois, Alexis s'entraîne seul. Il a tout de même pu bénéficier de précieux conseils de champions d'autres disciplines comme la boxe anglaise ou le kick boxing : "Ça me permet d'élargir mon panel technique." 

Pour cette finale poids lourds, il sera face à Kevin Maillard originaire d'Evry. Quoi qu'il arrive, le Gardois intégrera l'année prochaine l'équipe de France et accèdera donc au statut de sportif de haut niveau. Et s'il gagne le combat, il pourra même participer aux championnats d'Europe et du Monde en Élite A et se mesurer aux plus grands sportifs de la discipline. "Peu importe le résultat, je suis content d'en être arrivé là alors que je n'ai qu'une vingtaine de combats au compteur. Je suis fier de représenter une petite association qui s'entraîne en salle polyvalente à cette compétition", indique Alexis. Ce dernier remercie infiniment les Rochefortais qui ont abondé la cagnotte en ligne, qui lui permettra de financer son déplacement au championnat.