LE 7H50 de Franck Proust : « Le droit à l’avortement est intouchable »
Le député européen nîmois réagit à l’annonce des premiers noms de la liste Les Républicains pour les Européennes de mai. Parmi eux, la tête de liste, François-Xavier Bellamy, symbole d’une droite conservatrice.
Objectif Gard : Selon vous, François-Xavier Bellamy est-il une bonne tête de liste ?
Franck Proust : D’abord, j’ai toujours dit que le choix de la tête de liste, dans la mesure où Laurent Wauquiez n’en briguait pas la tête, était secondaire. Ce qui est important, c’est l’équipe ! Je ne partage pas la même ligne que François-Xavier Bellamy. Mais quand je vois ce trio : François-Xavier Bellamy, le philosophe, la Droite des idées, Agnès Evren, chef d’entreprise et vice-présidente d'Île-de-France, et Arnaud Danjean, député-européen sortant, spécialisé sur les questions de sécurité et de défense, je trouve qu’il y a une bonne incarnation des différents courants de notre famille.
D’accord, mais les électeurs veulent savoir pour qui ils votent… François-Xavier Bellamy qui s’est dit contre l’avortement à titre personnel n’est-il pas un handicap ?
Sans trahir de secret, le président du Sénat, Gérard Larcher, a redit, lors de la CNI (Commission nationale d’investiture) que M.Bellamy ne cochait pas toutes les cases. Encore une fois, je ne partage pas ses positions. Les gens qui vont conduire cette liste ne sont pas là pour défendre leurs opinions personnelles mais le programme. M.Bellamy est quelqu’un que je connais peu... Il a dit qu’il était contre la banalisation de l’avortement et pour un accompagnement des femmes qui avortent parce qu’elles pensent ne pas avoir les moyens d’assumer un enfant. Le droit à l’avortement est essentiel et intouchable.
Ces nouveaux visages, quasi inconnus du grand public, sont-ils un handicap ?
Ils illustrent une volonté commune d’incarner le renouvellement, en s’appuyant sur l’expérience, notamment celle d’Arnaud Danjean, député européen sortant. Sur les 20 premiers noms de notre liste, il nous faut 50% de nouveaux entrants. J’espère que notre liste sera connue le plus vite possible... Même si la campagne des Européennes sera très courte, cannibalisée qu'elle est par le grand débat d'Emmanuel Macron !
Les premiers noms de la liste et ceux à venir comme Brice Hortefeux ou Geoffroy Didier présagent une liste très francilienne, non ?
C’est simple, l’Île-de-France représente 1/5e de la population. Sur les 10 premiers noms, il faut deux ou trois Franciliens, pas plus. Attention au déséquilibre des territoires. Je regrette que ce soit un scrutin national, parce que je pense que l’Europe doit se rapprocher des concitoyens. Nous étions les courroies de transmission entre les chambres consulaires, les Régions, gestionnaires des fonds européens. Après je précise qu'Arnaud Danjean est de Saône-et-Loire et Brice Hortefeux de Bourgogne !
Et vous dans tout ça ? Vous devez jouer des coudes pour avoir une place éligible sur la liste ?
Celui qui vous dirait le contraire vous mentirait. Il faut sur les 20 premiers noms une répartition géographique avec 50% de renouvellement et 50% de sortants. Au Parlement européen, l’expérience est une plus-value. Au-delà des gens, c’est l’influence française liée à l’expérience du mandat européen. Comme il y a pas de majorité ce qui compte c’est d'avoir des réseaux. Moi, j’ai mis deux ans avant de m’adapter. Les Allemands, eux, font trois mandats, ce qui leur permet d’occuper des postes à responsabilités partout.
Les récents sondages créditent de 10% le score des Républicains aux Européennes. Combien de députés cela représente-t-il pour votre liste ?
Si on écoute les sondages, on aurait Alain Juppé président, comme Dominique Strauss-Kahn ! On ne connaît ni les listes, ni les programmes. On commencera à s’intéresser aux sondages en mars. Pour le calcul du nombre, c’est très compliqué. Pour être représentée au Parlement, une liste doit réaliser au moins 5%. Après ce sera 1%, un siège. Bonne nouvelle, cette fois les chaînes publiques ont prévu six débats sur les Européennes. On va pouvoir parler projet contre projet !
Enfin, où en est-on du lancement du projet et de la présentation complète de la liste Les Républicains ?
Le 16 mars, notre conseil national validera les 79 noms de notre liste ainsi que le programme. Aujourd’hui, nous sommes en train de finaliser notre projet. Il va positionner Les Républicains comme des gens pro-européens. Mais une Europe pragmatique et réaliste, pour faire face aux défis du XXIe siècle. Les contraintes géopolitiques ont changé, les pays émergeants d’hier sont nos premiers concurrents d’aujourd’hui… Il faut une Europe qui agit et qui protège.
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com