Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 19.08.2020 - stephanie-marin - 4 min  - vu 16626 fois

NÎMES Agressée en pleine rue : Mya, 19 ans, raconte

Mya, 19 ans, a porté plainte suite à une violente agression dont elle a été victime le mercredi 12 août 2020. (Photo : Stéphanie Marin/ ObjectifGard)

Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, Mya, 19 ans, raconte la violente agression dont elle a été victime mercredi dernier à Nîmes.

Être au centre de toutes les attentions, cela n'a jamais été et n'est toujours pas son intention. Mais que pouvait-elle faire ? Se taire ? Il n'y a pas de honte à souhaiter garder le silence, à avoir peur. Mais Mya a décidé de parler, à visage découvert. Lundi 17 août, elle poste une première vidéo sur les réseaux sociaux. Le visage encore tuméfié, des pansements glissés dans les narines pour contenir une hémorragie, la jeune femme âgée de 19 ans raconte la violente agression dont elle a été victime le mercredi 12 août, tout près du quartier de la Placette à Nîmes.

"Au bout d'un moment, je ne criais plus, je ne pensais plus qu'à me protéger"

ObjectifGard a rencontré la jeune femme chez une de ses amies à Nîmes. Assise sur le canapé, les yeux figés sur le sol - ils ne le quitteront que rarement - la Nîmoise se rappelle ce matin-là, il était environ 4 heures ce mercredi. "Je m'étais levée tôt, mon compagnon devait emmener ses parents à l'aéroport. Je suis allée promener mon chien". À quelques mètres de son domicile, "j'ai croisé trois individus. J'ai entendu 't'es bonne', je n'ai pas répondu, puis ils m'ont traité de pute. J'ai répondu 'ferme ta gueule'. J'ai senti un bras qui m'a attrapé".

S'ensuit une scène d'une extrême violence. "J'ai reçu des coups au visage, j'ai essayé de me défendre. Ils m'ont fait tomber, j'ai essayé de me relever. Ils m'ont mis des coups de pied dans le ventre, sur les jambes. Il n' avait personne pour m'aider. Au bout d'un moment je ne criais plus, je ne pensais plus qu'à me protéger. Il y a eu aussi des attouchements au niveau de la poitrine et des fesses. J'ai perdu connaissance, je ne sais pas combien de temps, mais quand je me suis réveillée, j'étais par terre, il n'y avait que mon chien à côté de moi. Je n'avais pas mon téléphone sur moi. Je suis rentrée chez moi et j'ai appelé ma mère."

Mya ne s'est pas rendue tout de suite à l'hôpital. "Je pense que l'adrénaline et la peur ont fait que je n'ai pas tout de suite compris ce qui m'était arrivé et les conséquences. Mais dans l'après-midi, les douleurs sont devenues insoutenables. Alors je suis allée à l'hôpital avec des copines. J'avais deux côtes fêlées, une compression du foie, une hémorragie des narines et j'ai eu un mini traumatisme crânien." À ce moment-là, ses proches l'encouragent à porter plainte, ce qu'elle fera à sa sortie d'hôpital, "il était 4 heures du matin jeudi." Une enquête a été ouverte par les policiers de la Sûreté départementale du Gard.

"Je ne veux pas de pitié, pas d'empathie"

Une semaine après les faits, Mya est encore sous le choc, "je me sens vide, ils m'ont enlevé une partie de moiMais je ne veux pas me laisser abattre, poursuit-elle. Je ne veux pas m'arrêter de vivre, ce serait leur donner raison. Quand j'irai mieux, je reprendrai une vie normale". Car sa vie est aujourd'hui perturbée par une souffrance physique et morale, par cette place de victime qu'elle n'aurait jamais imaginé occuper, par cette peur de devoir retourner dans son appartement - elle ne l'a pas fait depuis son agression - par ces images qui reviennent sans cesse dans sa tête, par cette crainte que le regard des gens sur elle change. "Je ne veux pas de pitié, pas d'empathie. Je suis en vie, je ne veux pas m'apitoyer sur mon sort, ni que les autres le fassent."

"Certains m'ont demandé comment j'étais habillée"

L'histoire glaçante postée sur les réseaux sociaux se partage à une vitesse grand V sur la toile, les messages affluent de toutes parts sur le compte de Mya. "Je voulais juste raconter ce qui m'était arrivé. C'était comme un message de soutien à celles et ceux qui ont vécu la même chose. Peut-être que mon témoignage permettra à d'autres personnes de trouver la force d'aller porter plainte, d'en parler à leurs proches, de se libérer d'un poids", explique la jeune femme à la fois touchée et effrayée par cet emballement sur les médias sociaux.

Et comme à chaque fois, il y a du bon et du mauvais. D'un côté, des milliers de personnes qui encouragent et remercient Mya. De l'autre, des messages que la destinataire dénonce. "Certains m'ont demandé comment j'étais habillée, comme si ça pouvait justifier quelque chose. Nous sommes en 2020, une femme a le droit de faire ce qu'elle veut, rien ne peut justifier qu'elle puisse subir ça, rien ne peut justifier les coups. Trop de femmes en sont victimes, trop de femmes meurent sous les coups de leur compagnon (en 2019, 146 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, 25 de plus qu'en 2018, Ndlr). Et puis, il y a des propos racistes envers les agresseurs. C'est n'importe quoi d'écrire ce genre de choses, je ne les ai pas vus."

Une pétition lancée pour "une ville plus sûre"

Suite à la violente agression de Mya, une pétition a été lancée en ligne par Nina A.B et adressée aux élus de la ville de Nîmes. Elle s'intitule "Violences à Nîmes : nous demandons une ville plus sûre pour chacun de ses citoyens" et compte ce mercredi après-midi plus de 4 000 signatures. En voici un extrait : "Aujourd'hui, au nom de toutes les femmes de la ville de Nîmes qui ne se sentent pas en sécurité mais aussi au nom de tous ses citoyens, nous demandons aux élus de notre ville d'agir pour que nous puissions tout.e.s nous sentir en sécurité dans cette si charmante petite ville du sud. (...) Nous ne demandons pas des mesures répressives mais des mesures préventives, qui aideront à enseigner, éduquer, sensibiliser les gens."

Une manifestation à venir

 

Stéphanie Marin

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