Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 29.04.2021 - marie-meunier - 5 min  - vu 876 fois

FAIT DU SOIR VIDÉO Trois millions d'euros débloqués pour rénover et étendre les urgences de Bagnols-sur-Cèze

Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, Jean-Yves Chapelet, maire et président du conseil de surveillance de l'hôpital, Rémy Torregrossa, chef de service des urgences de Bagnols, et Anthony Cellier, député de la 3e circonscription du Gard. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Il y a deux semaines, on apprenait qu'une enveloppe de 3 millions d'euros allait être débloquée pour rénover et restructurer les urgences du centre hospitalier de Bagnols/Cèze. Élus et directeur du centre hospitalier ont organisé un point presse hier pour parler de ce projet enclenché il y a deux ans. 

Après un gros travail collectif, le projet avait été "pris à bras le corps par l'Agence régionale de santé", resitue Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier bagnolais. Projet qui répondait à la fois aux exigences médicales et à la surface requise. Le dossier a pris un peu de retard à cause de la crise sanitaire, comme le rappelle le maire aussi président du conseil de surveillance de l'hôpital, Jean-Yves Chapelet : "Tout était prêt mais le confinement est passé dessus et a mis les choses un peu en stand-by. On avait tous d’autres chats à fouetter et Dieu sait s’il y avait des chats..."

On connaît tous les effets négatifs de la pandémie de covid-19, mais si on peut y voir du positif, "c’est que l’État a mis les moyens derrière en s’apercevant qu’il fallait venir aider", poursuit Jean-Yves Chapelet. En effet, grâce à la loi "Ma santé 2022" et au plan de fléchage de crédits pour les urgences françaises, celles de Bagnols-sur-Cèze ont obtenu des subventions culminant à 3 millions d'euros pour leur extension et leur rénovation partielle. Une jolie somme qui donnera un sacré coup de pouce car l'ébauche financière du projet s'élève à 5 millions d'euros. Les deux millions restants seront financés par la contraction d'un emprunt.

Difficile pour l'instant d'établir un calendrier précis des travaux. Mais Jean-Philippe Sajus avance : "Là, on va rentrer dans un phasage qui va prendre en compte une étude architecturale et une maîtrise d’œuvre. C’est une opération qui doit durer une trentaine de mois. [...] Dans le meilleur des cas, si ça ne dépendait que de moi, il faudrait au moins que cette opération débute pour juin 2022. Et si on pouvait dérouler une opération que sur 24 mois, ce serait formidable." Et si ce délai était entendu, cela ramènerait à juin 2024 pour finir.

"À l’évidence, il va falloir de la patience..."

La difficulté du chantier est qu'il va se dérouler en site occupé. "Il va falloir organiser la prise en charge avec des patients qui sont aux urgences et nos professionnels. À l’évidence, il va falloir de la patience...", reconnaît le directeur. L'une des problématiques actuelles réside dans la surélévation des urgences dont l'accès est matérialisée par une pente, pas vraiment pratique pour les personnes à mobilité réduite. Il est envisagé de créer un ascenseur : "Ça va être des coups de marteau-piqueur, ce ne sera pas une opération aussi simple que ça... La pédiatrie située à proximité va être impactée aussi."

L'une des difficultés du chantier réside dans le fait que les travaux se dérouleront en site occupé. Il faudra réorganiser la prise en charge des patients et aussi la mobilisation des personnels. (Marie Meunier / Objectif Gard)

L'objectif serait aussi d'enfin disposer d'une salle dédiée "aux personnes qui ont besoin de se confier en toute confidentialité devant les médecins", notamment les victimes de violences conjugales ou les personnes présentant des troubles psychologiques.

Alors une chose est sûre, il y a nécessité à rénover ce service, comme le justifie le député de la 3e circonscription du Gard, Anthony Cellier, très impliqué dans le dossier : "Quiconque a eu le malheur de fréquenter les urgences peut convenir qu’elles ne sont plus adaptées. La dernière rénovation date de 2005 de mémoire et depuis, elles ont augmenté de plus de 30 % en termes de fréquentation, ce qui est colossal."

Un service des urgences "pas rénové" et "exigu"

Il faut savoir aussi que 80% des patients qui passent par les urgences de Bagnols finissent en hospitalisation, "c'est une porte d'entrée vers l'hôpital", clame Jean-Philippe Sajus. Il est donc important que ce service redore son blason, comme le livre le docteur Rémy Torregrossa, chef de services des urgences depuis un an : "Quand je suis arrivé dans cet hôpital, on voit qu’il est en bon état, qu’il est agréable. Puis on arrive dans ce service d’urgences: il fait un peu tache. Il n'est pas rénové, il est exigu. Et c’est vrai que la gestion des flux des patients, quand il y en a 120 qui arrivent en 24h, est assez compliqué à gérer dans ce petit espace."

Avec la pandémie de covid-19, l'étroitesse des urgences et notamment des locaux communs comme la salle de pause, est devenue problématique pour respecter la distanciation physique. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce dernier ajoute : "Le covid a augmenté ces tensions-là car ça ne nous permettait pas d’avoir de la distanciation physique efficace entre nous : petite salle de pause, petit vestiaire, petit bureau médical. Tout ça a un peu cristallisé les tensions." D'autant que la fréquentation des urgences bagnolaises a tendance à augmenter davantage que la moyenne en Occitanie, flirtant avec les 8%.

Alors l'autre défi qu'il va falloir relever pendant les années à venir, c'est de freiner cette hausse. Sans cela, c'est le risque de se trouver avec un service d'urgences tout neuf mais déjà dépassé en termes de capacité de prise en charge des patients. Cette augmentation, le directeur du centre hospitalier l'explique en partie à cause du "départ progressif des médecins de ville qui ne sont pas remplacés. Ce qui veut dire qu’il y a des afflux de patients en attente de prise en charge qui vont directement par les urgences." À cela s'ajoute le principe de gratuité, un "problème d'éducation au sein de nos populations" qui choisissent parfois la facilité d'aller dans ce lieu ouvert 24/24h plutôt que trouver un médecin de garde.

100 millions d'euros investis sur 10 ans au centre hospitalier de Bagnols/Cèze

Pour endiguer ce phénomène, Jean-Philippe Sajus insiste sur la nécessité d'attirer des internes à Bagnols et de leur donner envie de s'installer ensuite en médecine libérale. "Au niveau national, il y a une crise qui dure sur le recrutement des médecins généralistes. Bagnols/Cèze n'est pas ciblée par le PRS (programme régionale de santé) comme une zone en difficulté sur la médecine de ville. Mais la réalité, c'est que ce n'est pas vrai. Ce PRS fait il y a 3-4 ans aujourd'hui, il n'est plus d'actualité au regard de cette progression de 8% sur les urgences."

À l'heure actuelle, les urgences de Bagnols totalisent environ 32 000 passages par an. Les patients sont pris en charge par une équipe de 11 médecins, une vingtaine d'infirmières et autant d'aides-soignantes. Le temps d'attente est en moyenne de 4h, certes, un délai long aux yeux des personnes mais pas critique par rapport aux autres centres hospitaliers du département.

En moyenne, les urgences bagnolaises comptent 120 passages par jour. Soit 32 000 par an. Mais ces chiffres ont une forte tendance à la hausse. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Du côté des élus et du centre hospitalier, on se réjouit de cette enveloppe de 3 millions d'euros. Elle vient compléter les 100 millions qui ont déjà été investis sur 10 ans dans l'établissement bagnolais, notamment dans le deuxième IRM ou dans la remise à neuf de la maternité... "On était dans un hôpital vétuste. Aujourd'hui, quand on voit ce qu'on en a fait, je pense que tout le monde peut être fier. Et comme dirait l'autre : "C'est pas fini"", conclut le maire, Jean-Yves Chapelet.

Marie Meunier

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Marie Meunier

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