Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 06.09.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 523 fois

ALÈS Alain Bensakoun, membre du jury du Cabri d'Or : "C'est un bouquin extraordinaire"

L'an dernier, Alain Bensakoun et l'Académie cévenole ont remis un prix spécial à Mireille Pluchard, récompensée pour sa fidélité au Cabri d'Or. (Photo Corentin Migoule)

Ce mercredi 7 septembre au matin, la conférence de presse de présentation du 36e Cabri d'Or aura lieu à l'hôtel de ville d'Alès. Président de l'Académie cévenole et membre du jury, Alain Bensakoun est aux manettes de l'organisation de ce prix littéraire qui, après être quelque peu "tombé en désuétude" au début des années 2000, s'est taillé une belle réputation et fait figure de tremplin pour bon nombre de lauréats. Interview.

Objectif Gard : L'an dernier, pour la toute première fois en 35 éditions, deux Cabri d'Or avaient été décernés (relire ici). Est-ce à dire que les auteurs deviennent de plus en plus difficiles à départager ?

Alain Bensakoun : Ce qui s'est passé l'an dernier a été un peu exceptionnel. On a donné un Cabri d'Or pour l'ouvrage Conter, chanter, raconter la tradition orale en Cévennes, et un autre pour l'extraordinaire roman Saint Jacques de Bénédicte Belpois. La difficulté, c'est qu'on s'est retrouvés la même année face à un livre sur l'expo de Maison Rouge qui faisait date, et un roman de très bonne facture. Ça a été très compliqué mais on est passés outre le règlement en divisant la somme en deux.

À en croire les annonces sur le site Internet dédié au Cabri d'Or, Mireille Pluchard candidate à nouveau avec son roman Les Couleurs du destin. Quelle abnégation !

Mireille Pluchard, de mémoire, ça fait neuf fois en douze ans qu'elle postule. C'est quelqu'un qui a fait beaucoup de progrès. Il y a quinze ans, elle proposait des bouquins du terroir, assez vite écrits et pas toujours documentés. Maintenant on sent qu'il y a de gros efforts qui sont faits. On lui a donc remis l'an dernier ce prix spécial de l'Académie cévenole. Elle est encore au rendez-vous cette année. Son bouquin je l'ai lu, c'est un livre de 600 pages. C'est bien écrit, c'est documenté et c'est intéressant. Il y a une énigme romanesque. Je comprends qu'elle puisse trouver des lecteurs.

Comment expliquez-vous la longévité d'un tel prix qui célèbre sa 36e édition ?

C'est Louis Leprince-Ringuet qui avait eu l'idée de le créer à l'époque. Sa seule attache, c'était avec la chambre de commerce et d'industrie (CCI). La ville d'Alès n'avait pas accroché. La première version du Cabri d'Or a eu ses heures de gloire avec des auteurs vraiment intéressants comme Jean-Pierre Chabrol, Pierre Rhabi, Frédérique Hébrard... Et puis le prix est tombé en désuétude. L'ancien président de la CCI a alors tendu la main à Max Roustan en lui proposant de céder le prix à la mairie. Roustan a eu du nez en confiant le prix à l'Académie cévenole, sous l'égide de la mairie d'Alès. Le nez de Roustan ça a aussi été d'accepter de rehausser le montant de la dotation à 5 000 euros comme je lui avais suggéré. C'est grâce à ça que le prix est monté en puissance. De grosses maisons d'édition ont commencé à pointer le bout de leur nez.

L'an dernier, 18 auteurs ont candidaté en vue d'obtenir le 35e Cabri d'Or. Combien doit-on en attendre cette année ?

Les inscriptions sont closes depuis le 1er juillet. Nous avons neuf candidats. C'est un petit score que j'explique par des raisons très subjectives. Je me trompe peut-être, mais je pense que le fait que Clara Dupont-Monod ait postulé très tôt (avec son roman S'adapter, Ndlr) a un peu faussé la donne. Lors du festival Passeurs de livres, certains éditeurs dont je tairai le nom m'ont dit qu'ils ne pourraient pas lutter contre une personne ayant déjà obtenu plusieurs prix, dont le Goncourt des lycéens.

Comme chaque année, vous avez lu l'intégralité des ouvrages en compétition. Avez-vous l'impression que le livre de Clara Dupont-Monod est, comme le craignaient certains éditeurs, bien au dessus du lot ?

Sachant la chose, je l'ai lu en dernier. C'est vrai qu'il n'y a pas photo... Au niveau de la littérature pure, au niveau de l'écriture et de l'intérêt, c'est un bouquin extraordinaire. D'autant qu'il répond à tous les critères du concours. Mais ça ne veut pas dire qu'elle aura le Cabri d'Or. Le jury (dont Alain Bensakoun est membre, NDLR) est souverain et fera son propre choix. Parmi les neuf en compétition, il y a de très bons bouquins !

Les Cévennes semblent être une source inépuisable d'inspiration pour les écrivains. Pour quelles raisons d'après vous ?

Quand on regarde notre pays cévenol, on voit bien qu'il est porteur de valeurs universelles. Au niveau historique, géographique et sur le plan humain, c'est un beau pays. C'est un terroir très riche et la population qui y vit le fait à travers son histoire. Tous les mouvements sociaux et religieux qui s'y sont déroulés lui donnent un caractère assez unique.

En tant que lecteur, organisateur et membre du jury, avez-vous toujours l'occasion de vous émerveiller avec ce prix littéraire créé dans les années 80 ?

Oui, évidemment, car c'est dans mon caractère. Je suis un éternel optimiste. Chaque année on fait de belles découvertes et je salue l'effort que font à la fois les éditeurs et les auteurs pour toujours varier les thèmes évoqués. Quand on fait le bilan des dix dernières années, on a vraiment de la qualité. Le prix a été un tremplin pour bon nombre d'auteurs.

Propos recueillis par Corentin Migoule

Corentin Migoule

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