ALÈS Toujours sur la rocade, "Le Tarnagas" nouvelle version a déménagé
Jadis établi sur la rocade au chemin sous Saint-Étienne, le tabac Le Tarnagas a migré depuis juin dernier à quelques hectomètres plus au nord. Plus spacieux, l'établissement permet à son propriétaire d'adhérer à la politique portée par la Confédération des buralistes de France, laquelle vise à répondre à l'évolution du métier en y associant d'autres activités.
Établi et ouvert depuis mi-juin dernier au 180 avenue Monge, toujours sur la rocade-est, près du centre hospitalier d'Alès, le tabac Le Tarnagas a été officiellement inauguré ce mardi 30 août au soir. Président de la Confédération des buralistes de France qui comporte 23 500 membres, Philippe Coy avait fait le déplacement depuis les Pyrénées-Atlantiques pour y assister.
Lui-même buraliste à 40 kilomètres de la frontière espagnole, le dernier nommé connaît mieux que quiconque l'évolution du métier qu'il tend à contrer. "Pour accompagner cette évolution, parce que nous sommes confrontés à une pression fiscale plus forte en France qu’ailleurs en Europe, le réseau des buralistes devait trouver le moyen de compenser cette baisse de volume des ventes", justifie Philippe Coy.
Vape, CBD et cigares, une offre diversifiée
Ce moyen, Philippe Coy pense l'avoir trouvé avec la signature en 2018 d’un protocole entre l’État et la Confédération des buralistes visant à soutenir la profession. Pour Le Tarnagas, auparavant installé au Chemin sous Saint-Étienne, cette aide s'est concrétisée par le versement d'une somme (33 000 euros) propice à un déménagement et à l'entreprise de travaux. Son gérant, Franck Rabago, n'a pas manqué l'occasion d'en profiter.
"Comme le métier évolue et que le covid a accentué les choses, cette transformation semblait inévitable", reconnaît l'Alésien, dont la surface de vente a été doublée, passant de 90 à 180 m². "On tend à développer tout un panel de produits et services en plus du tabac et des jeux, afin d’être labellisés "commerçants d’utilité locale". Car aujourd’hui, on ne va plus chez un buraliste uniquement pour acheter des cigarettes", analyse Franck Rabago.
Ce n'est donc pas anodin de retrouver dans son commerce un présentoir dédié aux produits de premières nécessités, ainsi qu'un autre garni de jouets pour enfants. "On n’a pas la prétention d’être une épicerie, mais on doit répondre aux besoins des habitants du quartier", dit à ce sujet l'entrepreneur. Pas étonnant non plus ce grand comptoir consacré aux cigarettes électroniques et au CBD, faisant face à une cave à cigares et à spiritueux. "On surfe sur tous les produits qui peuvent nous rapporter un peu plus de marge", résume sans ambages Franck Rabago.
Le montant du panier moyen a augmenté
Ce dernier n'a fait que suivre les recommandations de la Confédération des buralistes, laquelle impose par exemple une carotte ne portant plus la mention "tabac". "Je n’oublie pas qu’il y a encore quelques années, les buralistes étaient majoritairement contre la vape. Aujourd’hui, c’est parfaitement intégré et ces derniers prennent leur rôle d’accompagnement des clients vers des produits à nocivité réduite très à cœur", veut croire Philippe Coy. "Qui mieux qu’un buraliste pour accompagner un fumeur dans la réduction de sa consommation de tabac via les propositions de vapotage ?", interroge à ce sujet le buraliste alésien.
"Ce n’est pas simple de changer ses habitudes et d’investir dans une période économique propice au doute pour adapter son offre en fonction de sa zone de chalandise. Mais c’est un pari que nous gagnons pour l’instant puisqu’en quatre ans, plus de 5 000 buralistes se sont engagés dans cette transformation", savoure le président de la Conf'. Un pari que pense aussi gagner Franck Rabago. Ouvert en l'état depuis deux mois, son tabac a d'abord connu une baisse de fréquentation qu'il juge "logique". "Aujourd’hui, on arrive à 450 clients par jour, exactement comme avant. Mais on est en progression constante et le montant du panier moyen a déjà été revu à la hausse", apprécie celui qui a bénéficié du fonds de transformation juste avant sa possible disparition.
Effectif depuis 2018, ce protocole global d’accompagnement doit en effet prendre fin le 31 décembre prochain. Auprès de Gabriel Attal, ministre de l'Action et des Comptes publics, Philippe Coy milite évidemment pour qu’il soit reconduit.
Corentin Migoule