ALÈS Un véritable conseil « Municipales »
On sent que les élections municipales approchent… Hier soir, le conseil municipal d’Alès a été particulièrement animé. Les élus d’opposition, Jean-Michel Suau et Benjamin Mathéaud, s’en sont régulièrement pris au binôme Roustan-Rivenq qui ne s’est pas laissé faire.
Censure !
La séance commence à peine que l’élu communiste, Jean-Michel Suau, lève déjà la main pour prendre la parole. Il revient sur l’un de ses marronniers : la censure dont il serait victime dans le journal Alès Agglo. Comme il l’a déjà évoqué par le passé, il rappelle une photo sur laquelle apparaissent le maire d’Alès, Max Roustan, et le promoteur immobilier de Porte Sud, Claude Dhombre. Une « photo censurée », accuse Suau, qui est censée révéler au grand jour la connivence entre les deux hommes. Seulement, le cliché a été pris en 2015, à l’occasion des 20 ans de mandat du maire qui, ce jour-là, avait été photographié « 1 725 fois », lui répond Roustan qui enchaîne par un terrible : « Il faut que tu parles. Parce que plus tu parles, plus tu recules sur la liste », faisant allusion à la mise en avant de Paul Planque chez les communistes à son détriment.
Fallait pas l’inviter…
Le conseil aborde la première délibération et la main droite de Jean-Michel Suau se lève à nouveau. Cette fois, l’élu communiste explique qu’il n’a pas reçu d’invitation à la commission des finances qui se tient en amont du conseil municipal. « C’est une absence de démocratie. Vous savez très bien que je viens à chaque fois. J’y vois un signe de fébrilité supplémentaire », attaque Suau. Quelques minutes plus tard, Christophe Rivenq, tablette numérique en main, montre à la presse le mail d’invitation envoyé à Jean-Michel Suau…
Questions intelligentes de Mathéaud
Max Roustan n’est pas rancunier. Alors que quelques instants plus tôt, l’ancien socialiste Benjamin Mathéaud lui avait lancé : « Vous osez tout et c’est même à ça qu’on vous reconnaît », formule empruntée à Audiard qui parlait... des cons, Roustan lui accorde un bon point : « Voilà deux questions intelligentes ». Il ne peut toutefois pas s’empêcher : « Ça ne vous arrive pas souvent ». Les deux questions sont liées à la construction d’un mur d’escalade et à une somme de 35 000€ destinée aux « fêtes et cérémonies ». Le maire répond : « On a déprogrammé le mur d’escalade car il n’a pas été retenu par l’État dans le cadre de la "Politique de la ville". On le retarde d’un an et on le financera nous-mêmes ». Quant aux 35 000€, ils étaient destinés à la "Semaine cévenole" et notamment au feu d’artifice : « J’ose dire que cette Semaine est la seconde feria d’Alès. C’est une fête familiale et le feu d’artifice a bien pété », assume Roustan.
L’abattoir
Une fois n’est pas coutume, Max Roustan s’est longuement attardé sur la question de l’abattoir d’Alès. Le maire évoque tour à tour le rapport de la Chambre régionale des comptes qui le met en garde (lire ci-dessous, Ndlr), les rendez-vous dans son bureau avec la Chambre d’agriculture et la Safer, l’audit lancé par la Région pour trouver une solution de gestion, avant de citer l’exemple du « Département du Vaucluse qui a racheté les murs de l’abattoir de Tarascon ». Bref, Roustan dit se bouger pour l’abattoir et se veut optimiste : « Tout n’est pas perdu. Cela va passer par des aides extérieures. Sinon ça va être compliqué. Seuls, on n’y arrivera pas, mais j’ai bon espoir », confie-t-il. Peu habituée à ce Max Roustan pédagogique, l’opposition en reste presque sans voix. Mathéaud dit être « optimiste avec vous » alors que Jean-Michel Suau soupçonne : « J’espère que ce changement de ton n’est pas lié aux élections municipales ».
Le rapport de la Chambre régionale des comptes
La séance s’est finie par le rapport de la Chambre régionale des comptes qui a été interprété de manières différentes selon la place occupée dans l’assemblée. Jean-Michel Suau a été le premier à réagir par la lecture d’un long texte rédigé par son nouvel ami, Paul Planque. Ce dernier, par la voix de Suau, dénonce une « gestion entachée d’irrégularités », une « gestion opaque » de l’abattoir en s’appuyant sur cet écrit de la Chambre : « La soutenabilité financière du budget, bien qu’irrémédiablement compromise, a été maintenue de manière insincère par l’inscription de recettes qui n’ont pas été recouvrées… » Benjamin Mathéaud parle, lui, d’une « gestion à la bonne franquette ». Il a terminé son propos par un chiffre : « -0,82%. C’est la baisse du nombre d’habitants à Alès entre 2009 et 2015. Notre ville perd des habitants, c’est un signe inquiétant… ». Alors que Jean-Michel Suau et Benjamin Mathéaud ont quitté cette séance du conseil municipal officiellement clôturée par Max Roustan, Christophe Rivenq a pris la parole une bonne dizaine de minutes pour livrer son analyse. « C’est un rapport très positif », estime-t-il avant d’expliquer que celui-ci « enjoint le maire à fermer son abattoir. Si l’an prochain, il n’y a pas de décisions fortes, il peut y avoir des sanctions financières ».
En bref :
- Une demande de subvention a été votée pour aménager un jardin pédagogique et écologique dans le parc du Bosquet.
- Dans le cadre de l’opération "Cœur de ville", de nouvelles attributions ont été versées aux propriétaires et commerçants pour faciliter l’engagement de travaux dans le centre-ville. « 42 commerces ont touché 200 000€ », révèle Max Roustan.
- « Quand on sort du train et qu’on arrive à Alès, ce n’est pas tellement appétissant », a commenté Max Roustan en présentant le projet de pôle d’échanges multimodal qui devrait émerger en gare d’Alès. « La gare d’Alès est la dernière place à rénover », a-t-il enfin annoncé.
Tony Duret