ARLES EN FERIA Ça, c’était une corrida !
Corrida de Curé de Valverde pour Juan de Castillo (salut et vuelta), Jesus Enrique Colombo (vuelta et oreille) et Maxime Solera (salut et vuelta).
Il est certain qu’il en faut pour tous les goûts dans les toros comme dans la vie de tous les jours mais soyons sérieux, des courses comme celles de ce dimanche en clôture de la feria du Riz, on aimerait en voir un peu plus ! On aimerait aussi et surtout que l’aficion soit curieuse et tente ce genre de pari (sans abandonner les grands noms…).
Allons aux arènes pour vibrer, simplement mais vraiment.
L’empresa Jalabert avait fait un choix fort. Des toros très toros d’une vieille ganaderia remaniée par un passionné en local. Jean-Luc Courturier a réussi la présentation de son fer dans les arènes d’Arles, sans nul doute. Des toros de fort belle apparence, manquant parfois de jeu ou de « poder » mais qui ont transmis des émotions aux toreros et aux tendidos.
Pour les affronter, trois piétons divers et variés. Deux sud-américains et un Fosséen. Un Colombien, un Vénézuélien et donc un quasi local car de Fos-sur-Mer ! Le premier à se mettre en évidence sera le chef de lidia.
Juan de Castilla lance la course avec un panache fortement apprécié. Les genoux vissés en terre, le maestro fait passer le cornu à droite comme à gauche, devant comme derrière en y mettant les formes. Jamais loin du toro, il parvient à dominer son adversaire et à le pousser dans ses ultimes retranchements. Épée « moyennasse » comme disent les jeunes ! Salut.
Le torero écoutera le silence à l’issue de son second duel. Un toro moins intéressant que son premier mais plus facile à cerner. Juan de Castilla poursuit son travail de sape, le public ne suit pas alors qu’il présente de belles choses… La mort le prive une nouvelle fois d’un trophée.
Jesus Enrique Colombo a mis le feu ! Quel torero ! On le savait mais, quand même, il faut le rappeler. Le Vénézuélien se plaît en terre arlésienne et il le fait savoir. Sans pour autant tomber sur le toro de la tarde, il saura faire l’essentiel pour briller et montrer les qualités et les défauts de son adversaire. Son tercio de banderilles a envoûté les étagères. D’une puissance rare, il sait être doux quand il le faut. Avec la muleta, le jeune comprend vite que le toro passe mieux à gauche alors il s’exécute et tire une paire de séries de belle facture. Le public ne suit pas… Dommage. Vuelta après plusieurs envois aux aciers.
L’oreille, la seule de la course, lui sera donnée, après son second combat face à un toro des plus retors et armé comme un mousquetaire. L’oreille ? Oui ! Une oreille. Et en plus contestée par quelques rigolos. Oui. C’est fou quand même ! Les mêmes qui ont sans doute applaudi le toro. Oui. C’est fou quand même ! pas moyen pour le piéton de faire quoi que ce soit et pourtant il a fait. Il a essayé et il y est parfois arrivé. Mais les sifflets sont arrivés au pire des moments et pour une raison encore inconnue de votre serviteur. Rappelons que le bicho s’est comporté comme un diable au cheval et que le maestro l’a banderillé. La muleta en main, certes, l’aficion n’aura pas vu grand-chose mais espérons qu’elle aura noté les coups de têtes, hauts et violents, du tonton ! C’est donc à l’estocade que tout s’est joué. Après un pinchazo que l’on ne saura critiquer négativement, le maestro se remet en place et se jette dans les cornes. Propulsé par l’une d’elles au sol, le sud-américain est un instant groggy puis se relève. Les gradins ont-ils cru au cinéma ? Cela n’en était pas. Pas du tout.
Vient le tour de l’enfant du pays, de celui qui a pris son alternative ici et qui n’est apodéré par personne. Maxime Solera est un vaillant parmi les vaillants, un brave parmi les braves. Une rareté dans le milieu. Avec moins de 15 corridas au compteur depuis son alternative de 2021, le jeune ne lâche rien mais était venu à Arles pour s’ouvrir les portes d’autres arènes. Il apprécie les corridas dures, autant vous dire qu’il a été servi mais qu’il ne s’est pas démonté ! Avec sérieux et minutie, Solera essaiera de tempérer les assauts du troisième de la corrida qui était certainement dans le type de ce que voudrait sortir le ganadero plus souvent bien que manquant un peu de moral peut-être. Une épée et un salut, le public soutient l’homme.
Dernier toro de la corrida et de la feria. Un brave qui est allé au cheval avec le cœur et les tripes. Dommage que les gradins et le palco n’aient pas vu cela. Complexe et compliqué, le toro demandait plus que les papiers. Maxime, professionnel et appliqué malgré tout, ne saura pas trouver de recours techniques suffisants pour tenter quelque chose qui aurait pu lui permettre de couper un appendice. La vuelta sera demandée par le public qui avait avant cela demandé une oreille au président (sourd) qui n’a rien donné. Rien du tout ! Surtout, ne mettez pas en perspective les trophées d’hier (excellente présidente) et ceux du jour. Dommage que ce genre de course n’ait pas le droit au même règlement…