FAIT DU JOUR Gard Rhodanien : les conséquences de l’abandon des compétences culture et sport par l’agglo
L’abandon de la politique culturelle et sportive de l’agglo du Gard Rhodanien votée lundi dans le cadre du projet de territoire de l’intercommunalité a beau être passée comme une lettre à la Poste lors du conseil communautaire, elle aura des conséquences.
« J’assume complètement l’orientation finale, c’est un choix fait pour asseoir les orientations budgétaires, admet la première vice présidente de l’agglo Claire Lapeyronie, chargée de feue la commission culture et patrimoine. Après, c’est sûr que je trouve ça dommage, mais je peux comprendre cette décision d’intérêt général. »
« L’agglo ne se désengage absolument pas de ces projets »
Côté culture, l’association des Amis d’Albert André, qui milite depuis des années pour qu’un nouveau musée soit construit à Bagnols, et pour que la maison laudunoise du peintre auquel ils doivent le nom de leur association soit restaurée pour devenir une maison d’artistes, se pose des questions.
Car qui dit abandon de la compétence dit disparition du budget qui lui était dédié. Alors le président de l’association Elian Cellier se dit « inquiet », car « même s’ils s’inscrivent dans la catégorie ‘grands projets’, on peut se poser des questions sur la politique culturelle après la réalisation de ces projets, s’ils aboutissent. »
Ainsi, si la maison d’Albert André finit par ouvrir, « qui va budgétiser les personnes qui seront en résidence à la maison Albert André et qui va programmer les expositions ? », demande Elian Cellier. Lundi soir, le président de l’agglo Jean-Christian Rey a donné un élément de réponse en proposant que l’agglo « n’intervienne plus sur les politiques culturelle et sportive, et que les communes le fassent. » Dans la foulée, le président affirmait que l’agglo continuerait à « intervenir sur les équipements. »
Reste que l’étude pour le musée était budgétisée dans la catégorie « culture et patrimoine » pour 2016, pour un montant de 32 100 euros. Quid de la suite ? En toute logique, l’agglo devrait continuer à supporter ces dépenses, comme l’a fait comprendre Jean-Christian Rey lundi soir : « en termes d’investissements, il n’y a aucun problème pour qu’on puisse continuer. » « L’agglo ne se désengage absolument pas de ces projets, affirme le directeur de cabinet du président de l’agglo Guillaume Jarrié. On conserve dans nos statuts les équipements culturels. »
« L’agglo gagne du temps »
En revanche les communes, et en l’occurrence celle de Laudun-l’Ardoise, devraient donc récupérer les frais de fonctionnement. Pas sûr que la nouvelle ne réjouisse la commune, qui s’est déjà vue adresser une fin de non recevoir de la part de l’agglo quant au transfert de deux de ses coûteux équipements, la piscine couverte et le Forum, lundi soir. « C’est contraire aux principes de mutualisation d’une agglomération, tempête le maire laudunois Philippe Pécout. Mais on avait bien compris depuis longtemps que l’agglo ne voudrait jamais de la piscine et du Forum. Par contre, sur les nouveaux équipements, et la maison d’Albert André est intimement liée au projet de musée, on comprend bien que l’agglo gagne du temps. »
Pour l’agglo, qui dirige le comité de pilotage du projet, le son de cloche est différent : « le fonctionnement sera à déterminer, il s’agit rarement d’un acteur seul, mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir, on ne va pas investir dans une coquille vide », affirme Guillaume Jarrié, qui reconnaît « une urgence » dans la mise hors d’eau et hors d’air de la maison du peintre, qui se dégrade depuis maintenant dix ans.
Reste que pour l’heure, les choses semblent avancer au ralenti sur ce dossier. Alors en parallèle de la nouvelle donne induite par le projet de territoire de l’agglo, le maire de Laudun-l’Ardoise lance ce qui ressemble à un ultimatum : « je patiente jusqu’à la fin de l’année, et s’il n’y a pas de signe fort de l’agglo, nous appliquerons le legs (de 500 000 euros légué à la ville par l’héritière du peintre à des fins de restauration de la maison, ndlr) et nous investirons dans la restauration de la maison. Il faut qu’on avance, on ne peut plus attendre. » Et le maire se dit prêt à assumer le fonctionnement du lieu, même si « ce serait plus compliqué à envisager, mais par respect du lieu, du testament, je ne me refuserai pas à maintenir un fonctionnement communal. » Un fonctionnement auquel la DRAC et la Conservation départementale seraient associés.
Le HBGR vers « une phase de transition »
Côté sport, l’abandon de la politique sportive de l’agglo va avoir des conséquences pour le HBGR, le club de handball devenu club intercommunal à la faveur d’une convention avec la ville de Bagnols et l’agglo du Gard Rhodanien à la fin 2014. Un club subventionné depuis à hauteur de 50 000 euros annuels par l’agglo.
« Oui, ça va changer parce qu’on est cohérents », admet Guillaume Jarrié, qui évoque « une phase de transition » à venir. Ainsi, ce sera à la mairie de Bagnols de prendre le relais, mais tout en « trouvant un système qui permettra au club de continuer à intervenir dans les communes », poursuit le directeur de cabinet du président de l’agglo qui estime que le HBGR « restera un club intercommunal, mais dans les faits ce ne sera plus l’agglo qui apportera son soutien. » Reste maintenant à voir si la ville pourra compenser le manque à gagner pour le club.
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Thierry ALLARD