FAIT DU SOIR Avec Danièle Obono et Éric Coquerel, la France insoumise lance sa campagne dans le Gard
Deux députés sinon rien : la campagne présidentielle de la France insoumise derrière son candidat Jean-Luc Mélenchon, débutée le mois dernier, est passée par le Gard ce samedi avec les parlementaires Danièle Obono et Éric Coquerel, avec un meeting ce soir à Nîmes.
« On va partout et on fait trois meetings par semaine », lance le second, qui a lancé cette journée de campagne à Bagnols cet après-midi, où une séance de signatures de son nouveau livre, « Lâchez-nous la dette » (Éd. de l’Atelier) était organisée à la Librairie Occitane. La stratégie de LFI est simple : rayonner avec ses députés. Et à en croire Éric Coquerel, ça marche : « Nous avons plus de monde dans nos meetings sans notre candidat que les autres partis de gauche avec leur candidat », grince-t-il.
LFI, qui a lancé sa campagne « très tôt » pour aller chercher les abstentionnistes, joue la carte du vote utile. « À gauche, il n’y a personne d’autre », lance Éric Coquerel, convaincu que, même sans l’union avec les autres partis, « on peut gagner. » Venu pour parler de l’épineuse question de la dette publique, Éric Coquerel estime qu’elle est un des points de discorde entre les différents partis de gauche. « Nous sommes pour rompre avec le capitalisme financiarisé et sa prédation insupportable, si ça faisait consensus à gauche, il n’y aurait qu’un seul candidat », affirme-t-il.
Lui voit la dette comme « un objet politique, pas économique », qui sert « à justifier et à imposer des politiques d’austérité, la casse du service public et des réformes comme celles des retraites et de l’assurance chômage. » Pour lui, il faut « arrêter de faire peur avec la dette », notamment car « un État ne peut pas faire faillite, les États sont des bons placements, il y a toujours des gens qui veulent leur prêter. »
Quant à la dette covid, issue du « quoi qu’il en coûte », elle montre la voie pour le député Insoumis. « Elle a été rachetée par la Banque centrale européenne, ce qui veut dire qu’elle appartient à nos banques centrales, pas aux marchés financiers, on peut l’annuler sans faire défaut à personne à part à nous-mêmes », expose Éric Coquerel, qui propose d’ailleurs de l’annuler, cette dette. Et plus globalement de « définanciariser la dette » sur le même modèle, « comme c’était le cas jusqu’aux années 1980. » Ce qui nécessiterait au passage de s’asseoir sur les traités européens. « C’est ce que la banque centrale européenne a fait », pointe le parlementaire.
Il faut donc selon le député « déconstruire le discours dominant » pour « s’extraire du chantage de la dette. » Pour lui, le vrai problème de la dette est ailleurs : la dette privée, « qui est bien plus dangereuse et met en péril l’économie, comme on l’a vu avec la crise des subprimes. » Éric Coquerel voit dans le thème de la dette « un enjeu de la campagne » qui s’ouvre.
Au Chemin bas d'Avignon pour le meeting
C'est au centre André Malraux qu'avait lieu le meeting gardois des deux députés FI. En ville toute la journée défilaient des véhicules qui arboraient les affiches de Mélenchon et de ses députés faisant campagne pour lui. Il faut dire que la France Insoumise a pris ses aises à Nîmes lors de la dernière élection présidentielle. En 2017 le parti arrivait en tête avec près de 24 % des suffrages. Par endroits, comme au Mas de Mingue qui est un autre quartier populaire de la cité, LFI faisait 38 % ! Logique, donc, d'organiser un meeting au Chemin bas pour lancer une campagne qui sera longue et intense.
Animée par Nicolas Pellegrini, porte-parole local, la soirée promettait discours et débat. « Nos deux invités sont des lanceurs d’alerte qui ont un pied à l’Assemblée et l’autre dans les luttes. Une est élue a Paris, l’autre est le sixième député le plus actif de l’hémicycle. »
Première à prendre la parole, Danièle Obono. Elle vient de Montpellier mais a de la famille à Saint-Ambroix. « Nous sommes pour le tous et toutes ensemble! On doit construire une alternative… partout, on a vu comment était possible la construction d’une solidarité et d’un collectif qui a su protéger l’ensemble de la société. L’alternative se construit au quotidien, dans les luttes comme cette de la sixième république que nous voulons mettre en œuvre. Il faut résister, même au désespoir ou à la paralysie! Le 10 avril, l’avenir changera. Nous sommes un bloc populaire qui deviendra majoritaire ! »
Devant environ 250 personnes, les deux députés ont enchaîné les coups portés au gouvernement et à l'action du Président Macron. « Je vais dire à Macron, parce qu'il veut nous emmerder, qu'il ferait bien de prendre garde à lui ! Sa principale force d'opposition réunit déjà beaucoup de monde ! » lançait Éric Coquerel. Crise sanitaire, économie, emploi, précarité, Europe... Tous les thèmes y sont passés et le public a été emballé. Même s'il est complexe d'attirer les foules dans les meetings politiques, la France Insoumise réussit son coup à un détail près, très peu d'habitants du quartier avaient fait le déplacement jusqu'au centre André Malraux. Éric Coquerel devait signer son livre en fin de meeting.