Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 15.09.2022 - anthony-maurin - 6 min  - vu 1362 fois

FAIT DU SOIR Dans les arènes la récolte de la feria des Vendanges sera qualitative

À vingt minutes du paseo, no hay billetes (Photo Anthony Maurin).

Trois toros de Victoriano del Rio qui sortiront samedi en soirée (Photo Archives Anthony Maurin).

Le grand concours d'abrivado de Nîmes métropole marque actuellement le lancement de la feria des Vendanges édition 2022. Jusqu'à dimanche soir, la fête débutera dans les arènes pour se finir dans les ruelles.

Le moment est dense. Lors de chaque temporada, arrivé à la mi-septembre, il est temps de faire un bilan. Un bilan pour les toros, un bilan pour les toreros et un dernier pour les empresas sans oublier de rappeler celui de la billetterie. Avec une feria d'Arles qui a vu l'aficion se déplacer en nombre aux arènes, celle de Nîmes espère malgré l'absence, pour les dix ans de son triomphe en solo, de la figura Jose Tomas. À Nîmes, l'aficion aura droit à trois corridas et une novillada. Pas de corrida équestre ni même de corrida. mixte.

Corrida par corrida

Vendredi 16 septembre à 17h30 : Corrida de Robert Margé pour la confirmation d'alternative de Leo Valadez, Adrien Salenc et El Rafi. Les toros de Robert Margé seront triés sur le volet pour qu'ils soient présentés comme il se doit dans une telle arène. Pour le fer de Fleury d'Aude, la date est importante. Ses souches sanguines lui permettent une variété de comportements très intéressante. Nuñez del Cuvillo, Cebeda Gago ou Santiago Domecq sont les lignes directrices de la famille Margé. Et ça lui réussit plutôt bien car il y a tout juste un an, Gamus, un exemplaire estampillé du même fer, fut gracié par Antonio Ferrera dans nos arènes. Il est donc tout à fait logique de retrouver l'élevage en ouverture de feria pour une course qui s'annonce détonante.

Ferrera va gracier Gamus, un toro de Robert Margé (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

La présence et la confirmation d'alternative du Mexicain Leo Valadez et des Nîmois Adrien Salenc et El Rafi plairont au public. La fraîcheur colorée du premier, l'envie de poursuivre sa remontée du deuxième et la nécessité de triompher pour continuer du troisième assurent un engagement sain mais sans pitié.

Leo Valadez a fait sa présentation de novillero à Nîmes il y a tout juste sept ans. Depuis, il a pris son doctorat à Saragosse il y a cinq ans avant de revenir en France s'y présenter de matador de toros l'an passé à Istres où il a enchanté les tendidos. À Nîmes il n'a jamais triomphé ni même coupé une oreille. Il sera gonflé à bloc.

Adrien Salenc (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Adrien Salenc, a, comme Leo Valadez, 25 ans. Parti très jeune à l'école taurine d'Arles puis à la fondation du Juli, le jeune Nîmois s'est fait son chemin dans le monde des toros. Depuis deux ans il est matador de toros et il a su relever le défi de la deuxième année. Malgré un début compliqué, le diestro s'est imposé et a vécu un été quasi idéal en triomphant presque partout. Surmotivé pour cette date "à la maison", Salenc est dans un moment d'excellence et a trouvé son torero.

Enfin, le Rafi est l'énigme du jour. Il connaît les arènes comme sa poche, son grand-père est un des areneros. Il y a débuté en novillada sans picadors il y a déjà six ans et s'y est présenté de novillero en 2018. Une fois son alternative prise à Arles (avec Adrien Salenc comme témoin), le Rafi traverse une période plus sombre. Comme l'immense majorité des maestros, il faut encaisser l'alternative, le passage vers autre chose. Rafi est en passe d'y parvenir, cette course et la competencia qui ira avec le serviront forcément à se mettre lui-même dans ses ultimes retranchements.

Christian Parejo a marqué les esprits, ici en août 2021 à Saint-Gilles (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Novillada d'Ave Maria pour Diego Garcia, Christian Parejo et Lalo de Maria. Au départ, cette novillada devait voir deux fers se partager l'affiche. Ne criez pas au loup si les trois novillos de Pagès-Mailhan ne sont plus au programme et qu'ils ont été remplacé par trois autre exemplaires d'Ave Maria. Déjà, ils n'étaient pas prêts et ensuite l'aficion verra ainsi une novillada complète pour la présentation de cette ganaderia à Nîmes. Du bétail rêvé par Philippe Pagès, récemment décédé. Avec Robert Margé, ils font revivre le songe andalou. Si Philippe n'est plus là, son fils Bertrand le remplace et travaille au côté de Margé. Cette année est la première vraie année de sortie pour l'élevage et autant vous dire que tout se passe bien ! Des oreilles et des queues partout et même des indultos ! À voir, à suivre.

Diego Garcia est natif de San Sebastien de los Reyes et lui aussi vient tout juste de marquer fortement les esprits en triomphant (il coupe deux oreilles sur son deuxième novillo) lors de sa présentation dans le temple de la corrida, les arènes de Las Ventas à Madrid. Présenté en France il y a un peu plus d'un mois, il va sillonner les routes pour se faire un prénom car il est aussi le petit frère du matador Alvaro Garcia.

Christian Parejo est connu et reconnu. C'est le triomphateur indiscutable des derniers mois dans la catégorie en France. Il triomphe partout où il passe, il fait plaisir à voir, peaufine son gracieux toreo et s'impose dans toutes les arènes. Parejo est inscrit à l'école de Béziers mais il fera sa présentation à Nîmes.

Lalo de Maria a fait bonne impression lors de sa présentation à Nîmes à Pentecôte (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Avec lui et pour clôturer ce cartel fort intéressant, Lalo de Maria. On l'avait déjà vu se présenter lors de la feria de Pentecôte et de la novillada de la Cape d'Or (remportée par Solalito, un autre Nîmois qui n'a pas été programmé pour l'occasion) avec un certains brio. Des gestes d'artistes, une posture charismatique et un sérieux challenger font de lui un homme à redécouvrir. Son été fut compliqué, il ne s'est pas présenté à Saint-Gilles mais veut triompher à Nîmes dans un amphithéâtre qui lui correspond bien.

Corrida de Victoriano del Rio pour Juan Leal, Andrés Roca Rey et la confirmation d'Isaac Fonseca. Les toros de Victoriano del Rio ont bien souvent sauvé des après-midis qui auraient pu être catastrophiques... D'une noblesse rare et d'une transmission intense, ces toros servent les piétons et les émotions. Ils peuvent pousser au cheval en braves et baisser la tête pour assurer le triomphe des maestros.

Juan Leal il y a un an (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Juan Leal n'aura pas besoin de tant pour se montrer sous ses plus beaux atouts, ceux du danger. L'Arlésien aime prendre ces risques, être dans les cornes et se mettre dans des terrains que les gradins n'envisagent qu'à peine. Lui, il tient la route, sa route, son chemin. Une voie qu'il trace depuis dix ans et qui lui permet aujourd'hui d'avancer en homme libre. Cela fait neuf ans qu'il a pris son alternative ici, sa carrière de matador de toros est bel et bien lancée, à lui de la faire durer !

Andrés Roca Rey est un de ceux qui remplissent les arènes sur leur seul nom. Héroïque. Magnifique. Fantastique. Roca Rey est le roi de la tauromachie moderne. Jose Tomas remplissait il y a dix ans, aujourd'hui, le Péruvien est devenu le chef de file, la locomotive des ferias. En France comme ailleurs, son concept séduit, évidemment. Roca Rey ne triche pas, il s'expose, il fait passer les cornus là où il faut, pas un millimètre plus loin. Roca Rey est une drôle de machine humaine que les professionnels ont du mal à percer à jour mais quel torero !

Enfin, Isaac Fonseca confirmera son alternative. Il fait sa présentation de matador de toros chez nous et comme tous les autres dans ce cas, il confirme son doctorat. Le bonhomme a marqué la saison 2021 des novilleros. Il vient tout juste de prendre l'alternative à Dax et a tout à montrer avec le nouveau volume des toros et les nouvelles exigences des gradins.

Un toro de Fuente Ymbro (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Corrida de Fuente Ymbro pour Paco Ureña, Daniel Luque et Alvaro Lorenzo. Voilà une corrida de clôture. On a pris pour habitude de voir des cartels moins forts le dimanche de septembre mais depuis quelques années Simon Casas, le directeur des arènes, renforce cette course. Les toros de Fuente Ymbro attireront les amateurs de belles cornes. Toujours présentés comme il se doit, avec du bois, assez bas mais très puissants, ces toros seront la clé du soir.

Paco Ureña en 2019 (Photo Archives Anthony Maurin).

Pour aller les chercher, Paco Ureña aura fort à faire mais il fait faire. N'oublions pas que c'est à Vergèze, une commune gardoise qui a perdu sa feria, qu'il s'est présenté comme de matador de toros en 2009 en France. À Nîmes, il a déjà confirmé voilà sept ans mais depuis, des choses se sont passées dans sa vie taurine, notamment la perte d'un œil qui le contraint à toréer différemment.

Daniel Luque est dans un moment fort de sa carrière artistique. Le natif de Gerena est un torero de Nîmes. Oui, c'est ici qu'il a reçu son alternative en 2007. Luque est un peu à part. De novillero le public voyait le cirque que menait sa cuadrilla pour lui assurer quelques oreilles. Aujourd'hui, il n'a plus besoin d'artifice pour mettre le feu. Sa tauromachie simple, verticale et basse, ses mains, ses attitudes sont à montrer dans les écoles taurines. Son assurance est celle d'un personnage faussement hautain et terriblement humble. Il fera ici son 20e paseo - déjà - en tant que matador de toros même s'il n'est pas sorti par la Porte des Consuls depuis 2010 (date à laquelle il avait sorti ses passes sans épée à droite, les luquecinas).

Daniel Luque en septembre dernier (Photo Archives Anthony Maurin). • Anthony MAURIN

Pour en finir avec cette corrida et cette feria, c'est Alvaro Lorenzo qui fera son retour sur le ruedo nîmois. Lui aussi a pris son alternative à Nîmes qui est réellement une plaza d'importance quand on parle de la généalogie des matadors de toros. Quatre ans après son dernier paseo dans la cité des Antonin, Alvaro Lorenzo devra se faire remarquer s'il ne veut pas être le faire-valoir de la soirée...

Anthony Maurin

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