FAIT DU SOIR Les Gardois en Corse : entre farniente et tempête
Ce jeudi entre 8h et 9h, une violente tempête s’est abattue sur l’Île de beauté, causant la mort de six personnes. En vacances en Corse, des touristes gardois ont vécu cet épisode climatique exceptionnel. Ils racontent.
Une île prise au dépourvu. Ce jeudi matin, Météo France n’a relevé que tardivement son niveau d’alerte, passant du jaune à l’orange. En Haute-Corse, région la plus touchée, des pointes de vent dépassant les 200 km/h ont été relevés. Les touristes gardois résidant sur l'Île, très fréquentée en période estivale, ont été nos témoins privilégiés. À travers leurs récits, photos et vidéos, ils nous détaillent cette heure cauchemardesque pendant laquelle la nature s’est déchaînée. S’ils s’en sortent indemne, ce n’est pas le cas de tous : la tempête a provoqué la mort de six personnes, dont une fillette de 13 ans. Les aléas climatiques de l’Île ne sont pas sans rappeler ceux de notre département, en proie aux risques inondation et incendie. Pour s'en prémunir à l'avenir, notre système doit se réadapter. Être repensé. Qu'importe que l’on se trouve sur les plages paradisiaques de Corse ou dans la splendide cité antique des Antonin.
Audrey, 36 ans : « C’était l’apocalypse ! »
La Corse est le lieu de villégiature favori d’Audrey, 36 ans. Originaire de Saint-Bonnet-du-Gard, la Gardoise a opté cette fois pour L’Île Rousse, en Haute-Corse : « Ça faisait deux ans que je n’y étais pas allée. Nous avons décidé de partir pendant deux semaines ». Pour cette mère de deux garçons, Ritchy et Sandro, le début du séjour se passe à merveille pour la famille, quand soudain, ce jeudi matin, une violente tempête éclate sur leur coin de paradis : « Il était environ 8 heures, le ciel est devenu noir... Ça s’est assombri d’un coup. » Très vite, les parents se précipitent pour fermer les baies vitrées : « Ça commençait à canarder fort ! Les tables de jardin volaient et les pots de fleurs des voisins tombaient sur notre terrasse ».
Initialement, Météo France - qui a émis la veille au soir un avis de vigilance jaune - avait prévu des rafales à 100 km/h. Or, des pointes de 209 km/h ont été enregistrés à L’Île Rousse ! « Il y a souvent des tempêtes en Corse mais là, c’était vraiment impressionnant », poursuit Audrey, « fort heureusement, nous sommes sains et saufs. Je pense aux six morts et aux dégâts matériels. » Aussi tragique qu’il soit, cet évènement climatique n’entachera pas son amour pour l’Île de Beauté : « c’est ma deuxième maison. Bien sûr que je reviendrai. »
Enzo, 18 ans : « Plus d’électricité, ni de réseau ! »
À 18 ans, c'est la première fois que le Nîmois, Enzo, quitte le continent direction la Corse : « J’ai rejoint ma copine Nina. Elle est originaire de l’île. » L’étudiant passe son séjour dans le petit village perché de Lama : « De là où j’étais, j'ai tout vu : jeudi matin, la pluie s'est mise à couler à flot. Nos volets n'arrêtaient pas de claquer. Et très vite, il y a eu une coupure d’électricité puis, plus de réseau ! »
En attendant l’intervention des équipes d’EDF, « nous avons sorti nos portables pour la lumière. Toute la journée, nous avons joué à des jeux de société comme les petits chevaux ou les cartes ! (Rires) Ça a permis de mieux nous connaitre avec ma copine ! », raconte le jeune homme, en couple depuis six mois. Plus de peur que de mal donc pour ce Nîmois qui, l'année prochaine, reviendra sur l'île : « C’est très joli ! Moi qui avais beaucoup d'a priori sur la mentalité corse, je les ai trouvés très gentils. »
Élodie : « Nous avons été pris dans la tempête ! »
Originaire de Bagnols-sur-Cèze, Élodie vient pour la quatrième fois en Corse : « Nous avons la famille d’un ami qui vit à Bastelicaccia, en Corse du sud. » Loin du farniente, la jeune femme a prévu tout un tas d’activités pour son été : sortie bateau, quad et canyoning. Cette dernière était justement prévue, jeudi matin à Corte, avec son mari, Sylvain, et leur petite fille, Mia, six ans : « Le matin à 7 heures, nous avons appelé le club. On nous a dit que tout était bon », se souvient Élodie.
Sauf que sur la route, la météo change brusquement : « le ciel a commencé à se noircir avec des premiers éclairs au loin. On slalomait en warning entre les branches qui chutaient et les voitures… Nous avons été pris dans la tempête ! » Une ambiance apocalyptique pour la famille qui décide alors de rebrousser chemin. De retour à Bastelicaccia, « un gros pylône venait de s'écraser devant notre motel ». Sains et saufs, les Gardois ont eu très peur. Ce ne sont évidemment pas les seuls. D’ailleurs, « jeudi soir, des jeunes ont eu un accident près de chez nous. Leur voiture a glissé à cause du sable ramené par la tempête. Heureusement personne n’a été blessé. »
Stéphanie : « Nous avons dormi dans un gymnase »
En Corse avec des amis, Stéphanie, originaire de Saint-Ambroix, a opté pour le camping. La joyeuse bande a érigé sa tente à Aregno, entre L’île Rousse et Calvi, là où les plus fortes rafales ont été enregistrées. Jeudi matin, en plein petit déjeuner : « le ciel s’est couvert. Il est devenu très jaune et le vent s’est levé. On a compris que quelque chose n’allait pas. On s’est vite réfugié dans les sanitaires.»
Une heure plus tard, la Gardoise regagne sa tente : « nous n’avions pas de gros dégâts. Un peu d’eau mais ce n’est rien comparé à certains. » L’épisode n’aura duré qu’une heure. Le soir, un arrêté préfectoral a contraint les campings à évacuer leurs occupants. « Les secours étaient bien organisés et il y a eu pas mal d’entraide. Nous nous sommes retrouvés dans le gymnase de L’Île Rousse, les valises dans nos voitures », raconte Stéphanie. Avant d'ajouter : « ce n’est pas toujours facile de dormir à 100 dans un gymnase avec certaines personnes qui ronflent… »
Aurélie : « En douze ans, je n’ai jamais vu ça ! »
À 33 ans, Aurélie, résidant à Garons, est une habituée de l’Île de beauté : « Il y a une dizaine d’années, je travaillais au magasin SPAR de Cargèse. Maintenant, je reviens ici chaque été ». Matinale, la jeune femme se réveille jeudi matin autour de 6 heures : « la mer était calme et le ciel était bleu ». Un vrai paysage de carte postale, quand tout à coup : « ça s’est mis à souffler, il y a eu une grosse tornade. Nous, nous étions à l’abri mais nous avons vu les tables et les chaises s’envoler en tourbillonnant ».
De chez elle, Aurélie observe la mer déchainée : « La tempête a pris de court les skippers des bateaux, dont certains se sont retrouvés projetés sur les rochers… » Plus au sud, à l'aéroport d’Ajaccio, « mon oncle est resté bloqué dans l’avion le temps de la tempête ». Comme les autres vacanciers, cet épisode exceptionnel n'altèrera pas l’amour d’Aurélie pour la Corse. Cette dernière entendant profiter pleinement du reste de son séjour.
De Corse, Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com