FERIA D'ARLES Centaures et distraction
Traditionnelle corrida équestre du lundi de Pâques pour cet ultime journée du cycle arlésien. Une corrida de Los Espartales pour les Portugais Rui Fernandes (salut et oreille) et Diego Ventura (salut et deux oreilles) et la Nîmoise Lea Vicens (oreille et salut).
Rui Fernandes, que l'on voit peu mais qui a le bénéfice d'être plus ancien en alternative que certaines figuras, se prête au jeu d'une petite visite arlésienne et offre à voir, dès la sortie de son premier adversaire de Los Espartales, une tauromachie des plus classiques, sans trop de frasques ni de fioritures. Cela fait du bien, un toreo placé, élégant et souvent dans les bons terrains. La mort lui coûte l'oreille.
Le deuxième essai sera le bon. Après une lidia ordonnée mais changeante, le Portugais au cheveux de feu a démontré qu'il avait une cavalerie d'exception. On ne lui connaissait pas autant de points forts mais il faut dire que les chevaux qu'il a sorti avaient envie de se frotter à des bêtes à cornes. Passant d'un toreo sobre lors de sa première faena à quelque chose de plus enjoué pour la seconde, il est arrivé à chiper l'attention des étagères en se lançant dans une série de quiebros bien exécutés. Cette idée a dû faire pencher la balance de l'applaudimètre et a fait tomber le mouchoir blanc.
Deuxième en piste, un autre Portugais, plus connu, ultra célèbre même, Diego Ventura. Le monsieur n'est pas ce que l'on peut appeler un conservateur de l'art ancestral... Non, lui il renouvelle, il fait le spectacle, il joue au dresseur, il se soucie plus du public que de la finalité de la chose. Même si sa cavalerie est une nouvelle fois au-dessus du lot, il ne parviendra pas à mettre à mort son premier opposant. Moins extravagant qu'à l'accoutumée, il a offert pour ce premier duel, une autre partie de son savoir-faire. Un régal inachevé aux aciers.
Chassez le naturel il revient au galop. Appropriée maxime pour Diego Ventura qui s'est lâché en ultime recours. Pari gagnant puisque le public a semblé adorer le show proposé. Rappelons tout de même que, malgré toute notre mauvaise foi, le Portugais est un cavalier hors pair et un torero de talent. Sans bride, il torée avec ses genoux et pose les paires de banderilles des deux mains en un seul envoi. Des chevaux aux ordres, un toreo plus souple et des terrains inédits bien exploités. Il coupe une belle oreille et remporte le premier trophée Luc Jalabert en hommage à l'ancien directeur des arènes, père de l'actuel (Juan Bautista).
Passons enfin à la touche féminine de la matinée, la Nîmoise Lea Vicens. Elle torée beaucoup, a une belle cavalerie et fait son chemin dans ce monde de brute. Même si un gros couillon lui a dit d'aller faire la vaisselle alors que ce-dernier était bien planqué dans les gradins, on préfère la voir en piste que derrière un évier ! Léa est une femme forte qui n'a cure de ce genre de remontrances, mais quand même... Sur son premier, elle coupe le premier appendice de la journée après une faena dense et de qualité, templée et avec du style. Vicens est bien présente, elle joue dans la cour des grands sans faire petite.
Deuxième passage, moins de chance à la mort. Des coups de descabellos peut-être trop hâtifs. Avant cela, l'exemplaire de Los Espartales n'a pas su montrer ses qualités et n'a pas laisser la Nîmoise l'embarquer dans des séries pensées en amont mais qui n'ont abouti à rien de folichon. Dommage.