GARD Les obligations légales de débroussaillement et le PAC feu de forêt agacent les élus ruraux
Canton par canton, Françoise Laurent-Perrigot prévoit de rencontrer tous les maires du Gard en 2022. C'était le sens de cette réunion de territoire organisée ce vendredi 18 mars dans la salle Marcel-Pagnol de La Grand'Combe. L'occasion pour la présidente du conseil départemental de recueillir les nombreuses doléances des élus ruraux.
L'initiative a été unanimement saluée par les 28 maires du canton de La Grand'Combe présents lors de cette première réunion de territoire post-covid. Dans l'optique de rencontrer la totalité des édiles du département d'ici la fin de l'année, Françoise Laurent-Perrigot a initié ce rendez-vous ouvert à la presse organisé dans la salle Marcel-Pagnol de la cité grand'combienne, ce vendredi 18 mars au matin.
"Le mandat de maire, c'est celui que j'ai préféré. Mais je sais à quel point on peut avoir besoin de soutien et c'est pour ça que je suis là", a amorcé l'ex-maire d'Aigremont en guise d'introduction. Face à une assistance studieuse, la présidente du Département, complimentée par son vice-président Patrick Malavieille pour avoir "la longue-vue" lui octroyant une "vision globale" du territoire, et "le microscope" pour "avoir le souci de tous les cantons", s'est lancée dans une énumération des projets entrepris par la collectivité depuis qu'elle en est à la tête, avant de distiller quelques nouvelles rafraîchissantes (relire ici).
Tout le département fibré d'ici la fin de l'année ?
"On est en train de voir comment on pourrait verser 30% d'acompte aux communes dès le début de leur projet lorsqu'on leur octroie une subvention. Car aujourd'hui l'argent est versé aux communes à la fin du chantier et ça en bloque certaines", a-t-elle esquissé. Initié en 2020, le déploiement du réseau Wigard Fibre va se poursuivre en 2022, de sorte que "tout le département sera fibré d'ici la fin de l'année". Promesse faite par la présidente du Conseil départemental, qui concède toutefois "quelques cas particuliers pour les mas les plus reculés" et évoque pour ces derniers un délai supplémentaire de deux mois maximum.
À ce sujet, Jacques Pépin, maire de Sainte-Cécile-d'Andorge, a exprimé sa "déception de voir que les choses traînent". "Chez nous pour l'instant c'est 0% de déploiement, on ne voit rien arriver !", s'est-il agacé. "Vous serez servis en juin 2022", a promis avec fermeté Françoise Laurent-Perrigot, laquelle s'est aussi réjouie du tout nouveau schéma des pratiques artistiques élaboré par le Département, et qui devrait être déployé à partir du 12 mai prochain "pour faciliter l'accès à la culture à tous les Gardois".
La création imminente d'un conseil départemental des jeunes est un autre motif de réjouissance pour l'ancienne sénatrice qui estime que "c'est par la jeunesse que tout passe". À destination des collégiens gardois, ce projet repose sur l'élection de binômes paritaires d'adolescents représentant chaque canton en siégeant dans une assemblée délibérante. Sa mise en place est espérée au premier trimestre de l'année scolaire 2022-2023.
Les bonbons ne suffiront pas
Des sujets plus fâcheux sont arrivés sur la table, Guy Chéron, maire de Génolhac, allumant la première mèche au sujet du pont de Rastel emporté par les eaux le 3 octobre dernier : "Un premier devis avait chiffré les travaux de reconstruction à 350 000 euros. Mais après une étude de la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer) qui veut détourner le lit de la rivière, le prix a doublé. Ce qui occasionne 200 000 euros de reste à charge pour notre commune. C'est trop pour nous !"
Les caisses de la municipalité génolhacoise sont en effet vides et s'il se propose de "vendre des bonbons à la sortie des écoles" pour les remplir, Guy Chéron craint fort justement que cela soit insuffisant. Pourtant il y a urgence à reconstruire au plus vite ce pont bi-communal si l'on en croit Émile Corbier, maire de Chamborigaud, qui a la maîtrise d'ouvrage sur ce dossier : "Ce pont permettrait à 18 familles de revivre. Depuis le 3 octobre 2021, la vie est figée pour elles et j'ai le sentiment que l'État se désengage complètement."
L'aléa feu de forêt dans le viseur
Soucieuse, Françoise Laurent-Perrigot a ainsi proposé d'en avertir la préfète du Gard dans "les meilleurs délais" et a indiqué que le Département financera les travaux à hauteur de 15% quel que soit le montant final. Les récriminations des élus se poursuivaient lorsque le très loquace Guy Chéron s'est inquiété de la nouvelle règlementation en matière de lutte contre les feus de forêts : "Le porter-à-connaissance (PAC) de l'aléa feu de forêt de la préfecture, si on le suit et qu'on y ajoute le risque inondation, on ne peut plus rien construire en Cévennes !"
S'il avait déjà eu l'occasion de monter au créneau à ce sujet, Sylvain André, maire de Cendras et président de l'Association des maires ruraux du Gard, en a remis une couche : "Le PAC est une catastrophe. Avec sa prise en compte, mon PLU (plan local d'urbanisme) qui est actuellement en révision est passé de vingt hectares constructibles à seulement un. C'est une honte !"
Ce fameux PAC faisait définitivement l'unanimité contre lui puisqu'Adrien Chapon, maire de Saint-Paul-la-Coste, l'a aussi fustigé : "En tant que maire, je ne signe plus rien en matière de projet urbanistique car ma responsabilité pénale est engagée. On est obligé de tout refuser !" Quant aux obligations légales de débroussaillement (OLD) applicables aux communes exposées à un fort risque incendie comme la sienne, le dernier nommé n'ose plus "mettre la pression" à ses administrés, considérant que "les collectivités et les gestionnaires de réseaux ne sont eux-mêmes pas à jour".
Corentin Migoule