GARD RHODANIEN Jean-Christian Rey : « Le projet de territoire dépassera les élus »
Jean-Christian Rey a été réélu jeudi soir à la tête de l’Agglo du Gard rhodanien.
Une réélection large, par 57 voix contre 16 pour son adversaire le maire de Goudargues, Fred Mahler, qui vient conforter sa légitimité à la tête d’une intercommunalité de 44 communes et de 75 000 habitants. Jean-Christian Rey a donc désormais les coudées franches pour présider l’Agglo. Une présidence qu’il compte placer sous le signe du consensus. Interview.
Objectif Gard : Vous avez été largement réélu hier soir à la tête de l’Agglo du Gard rhodanien. Comment interprétez-vous ce résultat ?
Jean-Christian Rey : C’est le choix du consensus, du fait de travailler ensemble par-delà les différences partisanes. Nous avons tous nos engagements politiques, mais à l’Agglo nous avons toujours eu une gouvernance au-delà des partis politiques. On va continuer et nous avons une convergence de vues élargie sur la méthode, avec l’idée de bâtir un projet de territoire. La grande différence entre être élu maire et président de l’Agglo, c’est qu’un maire est élu avec une équipe et un projet. À l’Agglo vous êtes d’abord élu et ensuite vous présentez une équipe, puis un projet.
Nous en sommes à la fin du projet de territoire de la dernière mandature, par exemple d’ici la fin de l’année nous devrons nous prononcer sur L’Ardoise éco-fret et sur le musée. C’est aussi le moment d’élaborer le nouveau projet de territoire. Nous le ferons collégialement, tout le monde est légitime. Ensuite, il faudra mettre en face les moyens pour réaliser les projets. À nous de décider où on place les curseurs. Et je souhaite que pour le projet de territoire, les élus communautaires s’expriment, mais aussi les élus des conseils municipaux et les associations. Je veux partager cette vision avec ceux qui habitent ce territoire.
Certains élus, avec lesquels les relations étaient pour le moins compliquées, font désormais partie de votre exécutif, comme Gérald Missour, Yves Cazorla ou Laurent Nadal. C’est ça la « gouvernance partagée » que vous souhaitez mettre en place ?
Oui, absolument. On a le droit d’avoir des divergences. Avec les trois élus que vous citez, on s’est affrontés sur un certain nombre de sujets, mais on s’est toujours respectés. On a le droit de ne pas être d’accord, ils avaient des positions qui n’étaient pas les miennes, mais j’étais au service d’un projet de territoire.
« Il n’y a jamais assez de concertation »
Le projet de territoire ne risque-t-il pas de vous faire perdre en souplesse dans votre gouvernance ?
C’est pour ça qu’il est complètement lié au Comité de développement qui va être mis en place, et qui au moins une fois par an doit rendre un rapport pour évaluer les politiques publiques, et faire des propositions d’évolutions. Par exemple, sur le transport, il y a eu un avant et un après covid-19. Les usagers n’ont plus la même façon de consommer les transports. À nous de réinventer les modes de transport. Le projet de territoire va fixer les objectifs, à nous de faire en sorte qu’il corresponde au terrain. C’est une philosophie.
Ne peut-on pas interpréter ce changement de gouvernance comme un aveu a posteriori d’un manque de consultation ou de concertation au cours de la précédente mandature ?
Il n’y a jamais assez de concertation. La concertation, ce n’est pas dire oui à tout le monde, c’est prendre les décisions en conscience, en ayant écouté tout le monde. Les élus ne sont jamais que les représentants de la population. Nous aimerions que les 75 000 habitants puissent donner leur avis, mais aujourd’hui, quand on organise des réunions publiques, force est de constater qu’on en est loin. Mais on peut toujours d’améliorer.
Comment associer la population au projet de territoire ?
Le projet de territoire dépassera les élus. Le cabinet que nous avons retenu présentera la démarche et le calendrier le 20 juillet. Le côté participatif sera le centre du projet de territoire, avec les réseaux sociaux, un site internet, mais rien ne remplacera le présentiel, avec des ateliers à thème.
Vous répétez souvent que vous êtes à la tête d’une Agglo de services, mais certains vous reprochent l’absence, voire l’échec, des grands projets.
Aujourd’hui, nous en sommes à la finalisation des grands projets du projet de territoire sortant : L’Ardoise éco-fret, pour lequel il va falloir trancher et avancer avec Gifi ou le fret, ou les deux. Les pôles d’échanges multimodaux de Bagnols et Pont-Saint-Esprit continuent. On a des comités de pilotage avec la Région très souvent, et le musée était aussi dans le projet de territoire. Il faut le recalibrer, retravailler le projet. Nous avons toujours été une Agglo de services, mais aussi de projets, même si ce n’est peut-être pas assez visible.
Et une crèche, quand on gère 1 000 gamins, si on ne propose pas de mode de garde aux parents, ils ne peuvent pas travailler. C’est de l’économie, de la mixité et aussi du pouvoir d’achat pour les familles. À l’arrivée c’est bon pour les territoire et son économie. C’est du service mais c’est aussi du projet, on ne peut pas les dissocier. Par ailleurs, sur l’ensemble du territoire, communes plus Agglo c’est plus de 30 millions d’euros par an investis sur le territoire.
« Les sénatoriales ? J’aimerais bien jouer un rôle »
Dans le contexte actuel, quid du projet de musée ? Et de la piscine de Laudun ?
Le projet de territoire a toutes les cartes en main pour décider de ce qu’on retiendra. Il y a des choses qui manquent dans le sport et la culture sur le territoire.
Vous avez évoqué jeudi soir un « pacte fiscal et financier ». Où trouver les marges de manœuvres financières pour cette Agglo qui ne fait pas partie des plus riches du département ? En augmentant les impôts ? En baissant les attributions compensatoires reversées aux communes ?
Le projet de territoire le dira. Si on décide de ne rien bouger, l’Agglo a un budget équilibré et nous n’avons pas besoin de modifier la structure financière. Je suis opposé à l’idée de toucher à la fiscalité des ménages et des entreprises. Nous aurons des marges de manœuvre légères sur l’intégration fiscale. Et sur les attributions compensatoires, nous rendons 24 millions d’euros aux communes sur les 42 qu’on perçoit, c’est beaucoup.
Dernière question sur un tout autre sujet : les sénatoriales. Serez-vous candidat pour La république en marche ?
Aujourd’hui j’ai des sollicitations amicales sur le sujet. Je réfléchis à tout ça mais le mandat à l’Agglo me passionne. Avoir un large consensus pour ouvrir cette mandature me passionne aussi. Après j’aimerais bien jouer un rôle. Être candidat ou autre chose ? L’avenir nous le dira. Les choses ne sont pas calées.
Propos recueillis par Abdel Samari et Thierry Allard