GARD Soierie des églises, Nîmes et le département loin devant

Qu'on se le dise, 90 % du patrimoine public français est aussi religieux. Alors il fallait bien s'occuper de réaliser un inventaire général du patrimoine culturel (dont cultuel). C'est chose faite pour les soieries des églises gardoises grâce à Josiane Pagnon et son nouveau livre recueil.
Tout part de l'inventaire général du patrimoine culturel, initiative chère à André Malraux. Depuis, les services de l'État ont bien avancé sur la question et la Région Occitanie a récupéré une partie de cette compétence. C'est la raison pour laquelle Josiane Pagnon s'est lancée dans le recensement des soieries des églises du Gard. " Cela fait 25 ans que je fais ça. D'abord dans la Manche mais tout y a été inventorié. Un poste se libérait à Montpellier, j'y suis allée car je me rapprochais du pays de la soie ", explique Josiane Pagnon, rédactrice en chef de Patrimoine du sud.
Les Cévennes et Nîmes. C'est d'ailleurs par Nîmes, en 2012 avec Nîmes en joie, églises en soie, que cette nouvelle aventure débute. " Il ne faut pas oublier que Nîmes a été la deuxième ville soyeuse du royaume après Lyon. Nîmes comptait 2 571 métiers à tisser en 1789 et Beaucaire organisait la plus grande foire de France, c'est à cette occasion que les tissus, même liturgiques, s'échangeaient ", poursuit la spécialiste.
9 500 photos, 2 700 notices... et des années d'un travail de fond à courir d'une église à l'autre avant de réunir la matière dans une troisième pour faire les photos. Il fallait bien choisir et sélectionner celles qui méritaient de figurer dans ce bel ouvrage. Ancienneté, datation certaine, fabrication, originalité, rareté... 550 dossiers sont disponibles gratuitement en ligne sur un site dédié de la Région. En parlant de la Région, sa précieuse photothèque recèle quelque 500 000 clichés patrimoniaux d'Occitanie.
" Je suis allée voir 90 % des églises gardoises pendant 3 ans et demi. Celles qui sont ouvertes, accessibles et sans mise en péril pour les visiteurs. Des communes, dans notre département, n'ont pas de lieu de culte car les guerres de religions ont fait pas mal de dégâts... Le tissu le plus ancien est celui de Beaucaire qui remonte au premier quart du XVIIe siècle. C'est finalement assez récent car Vatican II a été appliqué de manière spéciale. Les tenues liturgiques devaient changer alors certaines églises ont jeté les anciens vestiaires au profit des nouveaux. Les plus récents datent des années 1940 ", assure l'auteure.
Dès 1830 et l'avènement du tissage industriel on doit faire la différence entre tissage et broderie. Les brocards, par exemple, sont l'apanage de Lyon. Nîmes préférait réaliser des étoffes légères, en soie (ou partiellement) et avec de petits motifs faciles à modifier. Et Nîmes créa la mode... Sans blague.
Un tisserand ne gagnait pas d'argent quand il montait son métier à tisser, et l'affaire était longue et pénible. Le choix nîmois était celui de l'intelligence industrielle. Le tisserand n'était payé qu'une fois le tissu vendu au mètre. Il en va de même pour les tissus eux-mêmes qui ont souvent eu plusieurs vies. On trouve beaucoup de recyclage, surtout au sortir de la Révolution.
" Autre spécificité locale que l'on ne retrouve que dans deux autres départements français : les draps d'honneur. Ils étaient portés à l'avant du corbillard pour honorer le mort. À Meynes, il en existe un blanc destiné aux enfants ", explique Josiane Pagnon.
Pour assurer une bonne qualité visuelle de cet inventaire, il ne fallait pas moins qu'une pointure de la photo, un oeil serein, discret à l'index et au cerveau vif et clairvoyant : Marc Kérignard. " On voit souvent mieux en photo qu'en vrai avec nos yeux... ", affirme Josiane Pagnon. Et le photographe de reprendre, " j'étais le seul photographe du service et il m'a fallu mener plusieurs projets de front. J'avais déjà photographié du cultuel mais jamais autant ! Là, il fallait faire vite et bien, en haute définition et avec pas mal de contraintes... Il me fallait faire ressortir les sculptures du tissu, conserver les formes et garder la vraie colorimétrie ".
Pour Nelly Frontaneau, conseillère régionale, " la Région a financé car nous avons des passionné qui font bien ce travail. L'histoire de la soierie appartient à la région et nous aidons les chercheurs dans leur métier tout en préservant et valorisant le patrimoine. Nous allons certainement continuer l'innovation avec la photothèque. En tout cas, la Région est fière ".
Soieries des églises du Gard, Collection « Images du patrimoine », n° 303, 120 pages. 20 euros. Rendez-vous publics, deux conférences à venir. La première le dimanche 30 septembre en Mairie d'Arrigas, à 15h. Seconde date dans la salle de conférence de Villeneuve-les-Avignon, à 15h, le samedi 17 novembre.
A la une
Voir Plus
Actualités
LE CLUB MIDI Avec Julien Caligo, chef du restaurant étoilé Monique

Alès-Cévennes
EXPRESSO La Maison Commune, nouvelle liste de Gauche à Alès

Actualités
CULTURE Tardes de soledad, de la brutalité à la solitude

Arles
ARLES Opération lycée mort : les enseignants grévistes de Louis-Pasquet dénoncent "un plan social"

Sports Gard
FAIT DU JOUR Julien Domingues, le Gardois aux portes du stade de France

Actualités
L'INTERVIEW Fabien Cruveiller, président du Piémont cévenol : "On est une communauté de communes de services"

Politique
ÉDITORIAL Municipales à Nîmes : l'étiquette LFI, un boulet pour Vincent Bouget ?

Economie
FAIT DU SOIR Face à des marchés « complexes et opaques », les vins de la vallée du Rhône s’adaptent

Actualités
GARD Découvrez les meilleurs poissons d'avril !

Météo
MÉTÉO FRANCE Quel temps dans le Gard, ce mercredi 2 avril ?

Gard
GARD Les travailleurs sociaux réunis en intersyndicale

Actualités
LE CLUB SOIR Avec Nadia El Okki : candidate à la mairie d'Alès en 2026 ? Et la réaction de Yoann Gillet à la condamnation de Marine Le Pen

Actualités
LA MINUTE SPORT L'actualité sportive de ce mardi 1er avril 2025

Actualités