LAUDUN-L’ARDOISE Les gens du voyage bien accueillis
Un équipement qualifié par le préfet Didier Lauga d’« exemplaire », dans un département loin des objectifs en la matière.
« C’est l’aboutissement d’un voyage au long cours », lance le maire de Laudun-l’Ardoise, Yves Cazorla. Un voyage qu’il a pris en cours de route mais qui a été effectivement très long, puisqu’il a débuté au début des années 2000, dans une commune légalement contrainte de proposer une aire d’accueil des gens du voyage, seuil de 5 000 habitants oblige. Une contrainte légale souvent contournée - voire ignorée - mais qui, assure le maire, n’a pas été le moteur de ce projet, contrarié par les inondations au début de la décennie passée, puis encore il y a quelques mois par une résurgence imprévue. Reste que si l’aire a du retard, une bonne année au moins, elle est désormais ouverte depuis le 18 juin dernier.
Vingt places
Construite sur une forme circulaire censée être plus pratique, elle compte 20 places de 75 mètres carrés chacune, d’une place pour les personnes à mobilité réduite, de 5 modules sanitaires, d’un bâtiment de 38 mètres carrés et d’une micro-station de traitement des eaux-usées. Une installation d’un coût d’1,1 million d’euros, financée principalement par l’Agglo du Gard rhodanien et subventionnée à hauteur de 20 % par l’État. La commune a quant à elle acquis et mis à disposition le terrain, situé sur la route de Saint-Victor-la-Coste.
Le Gard à la traîne
Il s’agit de la deuxième aire d’accueil de l’Agglo, après celle de Bagnols. « On a fait beaucoup de concertation sur ce dossier », reconnaît le président de l’Agglo, Jean-Christian Rey. C’est que le sujet reste sensible pour un certain nombre de nos concitoyens. « Mais au delà de la démagogie, il fallait prendre la mesure des besoins et y répondre avec honnêteté et logique », estime Jean-Christian Rey, qui parle de « choix politique. Il est important de s’intéresser à l’autre, avec ses différences, et de lui faire d’une manière ou d’une autre une place. »
Faire une place aux gens du voyage, plus facile à dire qu’à faire dans le Gard, même si les communes de plus de 5 000 habitants y sont tenues depuis pas moins de 18 ans. Ainsi, pour se mettre dans les clous, les services de l’État et du Département ont monté un schéma départemental en 2012, qui court jusqu’à la fin 2018. Le bilan ? « Peut mieux faire, estime le préfet, Didier Lauga. En comptant cette aire, on en est à peine à 53 % de taux de réalisation de ce schéma. Ça nous pose problème au quotidien. Il ne se passe pas une semaine sans que je sois saisi par un maire qui voit son stade servir d’aire d’accueil. »
Et si on en est là, c’est que « certains maires me disent qu’ils ne veulent pas créer d’équipement car ça ne passe pas auprès de leur population. Mais il n’y a qu’une solution, le respect de la loi », note le préfet. Dans ce contexte, Didier Lauga a rappelé le côté « exemplaire » du dispositif Laudunois, avant de former un voeu (pieux ?) : « que cet exemple soit entendu et suivi par beaucoup de maires. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Et Pont ? : voilà des années qu’une aire de grand passage des gens du voyage, prévue pour plusieurs dizaine de caravanes, est prévue à Pont-Saint-Esprit, à l’entrée sud de la ville. Seulement voilà, un des captages d’eau de la commune est trop proche du lieu choisi et serait insuffisamment protégé. La Ville en envisage un autre, mais en attendant, l’Agence régionale de la santé a mis son veto. « C’est un problème qu’on n’arrive pas à régler depuis pas mal de temps, admet le préfet. Mais il y a dans ce secteur une volonté et un réel effort. »