PONT-SAINT-ESPRIT Un acquéreur pour l’Hôtel-Dieu
Il s’agissait du dernier point de l’ordre du jour du conseil municipal de rentrée, jeudi soir à Pont-Saint-Esprit. Un point ayant trait à « l’aliénation de gré à gré de l’ensemble immobilier cadastré section BK n°60a et N°60b », en clair de l’Hôtel-Dieu.
Rarement un projet n’aura fait autant couler d’encre à Pont-Saint-Esprit. L’ancien hôpital de la commune, vacant depuis 2009, a été racheté il y a sept ans par la mairie depuis en vue d’y faire un nouveau quartier. Un projet ambitieux qui devait allier patrimoine, en gardant la majeure partie du bien, mixité, avec des logements, des logements sociaux, des logements pour personnes âgées, un hôtel, des commerces, des services publics, et rentabilité, la commune espérant une plus-value, sachant que le site avait été racheté en 2014 pour 2,3 millions d’euros par le truchement de l’Établissement public foncier Occitanie.
Un règlement de consultation très (trop ?) serré avait alors été élaboré, et la mairie s’est mise en quête d’un porteur de projets à même de faire sortir de terre ce qu’elle voulait. La perle rare était trouvée à quelques encablures de municipales, avec Somifa. Las, le projet, impacté par la crise sanitaire, a capoté en mai dernier.
Nous en étions là avant le conseil municipal de jeudi soir qui a donc vu l’assemblée voter à l’unanimité le fait de céder la partie bâtie (et la partie bâtie uniquement, à l'exception de la chapelle, qui reste communale) de l’Hôtel-Dieu, d’une surface habitable de 3 533 m2 à la société SAS Atlantique investissement. Une société « qui a retenu l’attention de la commune par ses compétences et expériences en matière de biens historiques et/ou classés », explique l’adjoint Hervé Ginot, avant de préciser que le gérant de l’entreprise était l’ancien président de la société Histoire et patrimoine, rompue à l’exercice.
« Bravo aux négociateurs »
Le porteur de projet compte faire de l’Hôtel-Dieu « une résidence à vocation d’habitat comportant une soixantaine de logements en défiscalisation Malraux, Monument historique et déficit foncier », poursuit l’élu, avant de préciser que l’entreprise s'attachera les services, entre autres, d’un architecte du patrimoine.
Question gros sous, le rachat sera réalisé par la société Com, partenaire de la SAS Atlantique investissement, pour un montant de 3,5 millions d’euros net vendeur, soit le prix promis en 2020 par Somifa pour le site entier. De quoi faire dire à l’opposante Catherine Chantry « bravo aux négociateurs », des propos qu’elle a immédiatement tempéré. « Le projet est dénaturé. Quid de l’hôtel, des logements sociaux, du parking souterrain ? Nous avions proposé une vente à la découpe. On nous avait dit que c’était impossible, qu’est-ce qui a changé », poursuivra-t-elle.
« À l’origine, il y avait un règlement de consultation, mais quand ça ne marche pas, on le dit, ce règlement est caduc », lui répondra la maire, Claire Lapeyronie, avant d’évoquer « un nouveau projet ». Un nouveau projet "à la découpe", donc, le reste de la parcelle n’étant donc pas concerné pour l’instant. « Nous allons devoir réfléchir ensemble à son devenir », affirmera la première édile, en réponse également à un reproche de « manque de démocratie » pointé par Catherine Chantry, ce nouvel épisode de la saga Hôtel-Dieu n’étant pas connu avant le conseil municipal. « Les négociations ont été ardues, nous n’avons pas voulu compliquer les choses », affirmera Claire Lapeyronie. Le compromis de vente est en cours d’élaboration.
Et tant pis si ce nouveau projet est donc moins ambitieux que le premier. Car le temps pressait : la mairie doit rembourser 1,66 million d’euros à l’Établissement public foncier avant la deadline de décembre. « Je voterai pour. On a épuisé toutes les cartouches, il faut acter ce projet », lancera ensuite l’opposant Didier Bonneaud, bien qu’il avait « une autre vision pour cet espace en coeur de ville, avec un pôle multiculturel ». Reste qu’il votera pour cette vente, comme tout le conseil du reste, pour ponctuer ce dossier d’un point que tout le monde espère final.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Nouvelle gendarmerie, c’est parti : les travaux ont démarré pour la nouvelle gendarmerie, dont les différents lots de travaux ont été attribués. La mairie a souscrit un prêt de 4,38 millions d’euros pour la financer, sachant que le loyer payé par la gendarmerie couvrira les mensualités. Reste désormais à régler la question du bassin de rétention avec la préfecture, question sur laquelle la maire s’est montrée optimiste jeudi soir.
Les terrains du chemin de l’entrepôt et du chemin des Cyprès vendus : les fameux terrains, voisins du centre hospitalier, avaient été achetés par la mairie, qui a décidé de les revendre à l’établissement pour 37 euros le mètre carré. Une manoeuvre face à laquelle Catherine Chantry s’est opposée, estimant en substance que la mairie n’avait pas à racheter des terrains pour le compte de l’hôpital. Le groupe UCS a donc voté contre cette vente.
L’hommage : la maire a rendu hommage en début de séance à l’ancienne élue municipale (2001-2011) Monique Combe, disparue il y a quelques jours à l’âge de 87 ans.