ALÈS Out of the blue au Cratère, que le flot est beau !
Jusqu'à ce soir, sur la scène du Cratère d'Alès, un aquarium géant dans lequel deux hommes offrent un ballet poétique a été installé. Un cirque immergé de 8 000 litres d'eau bleue est l'écrin d'un jeu d’inspiration-expiration, en apnée, en suspens.
Quatre ans de préparation plus tard, Frédéri Vernier et Sébastien Davis-Vangelder, deux circassiens porteurs, offrent à la scène alésienne un ballet amoureux poétique à couper le souffle.
Circassiens du bleu
Sébastien Davis-Vangelder s’enfonce dans l’eau pour une plongée statique de 4 minutes et 15 secondes régulièrement bercée par le « buddy check », contrôle de sécurité effectué par l’apnéiste avec le pouce et l’index, qui confirme que tout va bien.
Les deux hommes se rhabillent, comme après un entrainement de plongée en apnée. Puis sautent à l’eau, l'un après l'autre, comme si une pensée, un rêve, venait d'arrêter le temps. Ils glissent, virevoltent, maitrisent la profondeur, remontent à la surface reprendre de l'air dans le relâchement le plus total. Puis plongent à nouveau. Les micros captent le son des mots bleus et des bulles qui s'envolent. Ils sont dauphin et sirène.
Le public se détend encore, retient son souffle, assiste à une prouesse technique. La gestion de l'oxygène est centrale, surtout ne pas en manquer. Les deux performers gardent un peu d’air dans les poumons par des expirations passives afin de conserver la maitrise de l'équilibre dans l’eau. Une prouesse technique, l'aquarium mobile hexagonal de verre et d'acier de 8 mètres cubes construit par Franz Clochard. Une prouesse qui a exigé quatre années de préparation, construction de l’aquarium comprise. Plusieurs semaines de résidence dans une fosse de 10 mètres de profondeur à Rennes. Un travail d'orfèvre et un résultat romantique et sensuel, calme.
Deux fils d’Atlas règnent sur l’Atlantide, cité engloutie contée par Platon. Et puis le plastique arrive, celui qui souille la mer. La musique saccadée, leurs corps entravés, haletants, cherchent l'oxygène. Un cri écolo. « On voulait partager notre expérience de la plongée en mer et c’est ce qu’on a vu, du plastique » , lance Frédéri Vernier. Mais le rêve bleu est esthétique et il reste beau. Allez ce soir on plonge !
Yannick Pons