CODOGNAN Héraclès s'engage dans une démarche d'innovation
Après avoir engagé 15 millions d’euros dans un outil de vinification flambant neuf en 2017, la cave coopérative gardoise se prépare à une crise de la filière du vin qui semble se confirmer au niveau national. Une équipe de coopérateurs et d’administrateurs, emmenée par le directeur Frédéric Saccoman, a imaginé un projet stratégique à l'horizon 2030.
À quelques mètres de la source Perrier, la cave coopérative Héraclès de Codognan est plantée à côté de son caveau éponyme, mais qui lui est situé à Vergèze ! Chaque année, l'établissement réalise entre 10 et 13 millions de chiffres d'affaires pour une production de 100 000 hectolitres de vin (capacité 120 000 hl).
Crise de la filière
Après avoir engagé 15 millions d’euros dans un outil de vinification flambant neuf en 2017, la cave coopérative gardoise se prépare à une crise du vin qui semble se confirmer au niveau national. « Outre les aléas et aspects conjoncturels, la filière vin française est confrontée à une situation de crise structurelle multifactorielle, avec notamment une forte chute de la consommation, un ralentissement des ventes à l’export, mais aussi un dérèglement climatique qui touche de plein fouet certains bassins viticoles », expliquait Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire le 31 janvier 2024 dans un communiqué de presse.
« On fait du vin depuis 2 400 ans dans la région et on en fera toujours »
Gérard Bertrand
Plan d'action
Ainsi, une équipe de coopérateurs et d’administrateurs du chai s’est mise en ordre de marche derrière le nouveau directeur Frédéric Saccoman. Le projet a accouché d’un plan d’action, Bio Innov 2030, structuré autour de trois axes : innovation, communication et internationalisation. Le leitmotiv de la cave gardoise, c'est innover, afin de se tourner vers les marchés de l’export et le faire savoir ! « Le vin vit une crise conjoncturelle et structurelle, le marché s’est contracté. On note une déconsommation des vins rouges et une baisse des degrés. On fait du vin depuis 2400 ans dans la région et on en fera toujours, indique Gérard Bertrand, le négociant emblématique de la région et client privilégié de la cave gardoise, avant d'ajouter que « le vin est en compétition avec les spiritueux, c’est la carte des cocktails qu’on vous propose aujourd’hui au restaurant. Inventer des cocktails à base de vin. Aujourd’hui, on boit du vin frais, ainsi les vins rouges doivent se remettre en question ».
Dénicher de nouveaux débouchés
À l’écoute avec ses clients, le chai gardois envisage l’obtention du label international B-Corp qui lui permettrait d’exporter plus facilement et de pénétrer les marchés de l’Amérique du Nord. « Un projet ambitieux que nous aimerions amener à exporter 20 % de notre production », explique Jean-Philippe Julien, vigneron coopérateur. Pour y arriver, il faut innover, martèle Frédéric Saccoman. Toutes les possibilités sont étudiées, vin orange (un vin blanc vinifié comme du vin rouge avec macération), vin effervescent, baisser les degrés des vins, voire créer des vins sans alcool. « Nous avons produit pour un client, du moût, des jus fraîchement pressés avec lesquels notre client Indonésien fait du vin sans alcool certifié halal », indique le directeur de la cave, qui souhaite renforcer son image internationale et innover. Les vins effervescents et des cépages résistants aux nouvelles conditions climatiques sont des pistes que les vignerons gardois ont déjà initiées. Le chai possède toutes les cartes en mains puisqu'il est doté d’un outil de pointe récent et donc à Codognan, tout est possible !