CORONAVIRUS "C'est la flambée" des cas à l'Ehpad des 7 sources de Bagnols/Cèze
Ce lundi après-midi, Jean-Philippe Sajus, directeur du centre hospitalier de Bagnols-sur-Cèze, a fait le point hebdomadaire sur la situation de l'épidémie de covid-19. En début de semaine dernière, un résident de l'Ehpad des 7 sources avait été testé positif au coronavirus. Après une salve quasi continue de tests, on déplore ce lundi 27 cas avérés à la covid dans l'établissement.
"C'est la flambée. On a commencé à tester dès la semaine dernière. Ce sont tous les secteurs de l'Ehpad qui sont touchés. Seul l'hébergement renforcé est épargné", déclare Jean-Philippe Sajus, avant d'ajouter : "Là, on en a 27 mais à mon avis, ce n'est pas terminé". On peut désormais considérer l'Ehpad des 7 sources comme une zone à haute densité virale. Ce même établissement avait été durement touché lors de la première vague. 25 résidents avaient contracté le virus sur les 30 que compte le secteur long-séjour. Huit décès avaient été enregistrés des suites de la maladie. À la différence qu'à présent, le foyer d'infection ne se résume pas à un seul service...
Dans l'immédiat, aucun des résidents contaminés n'a décompensé. Comme l'indique le protocole territorial, le secteur médico-social traite les patients in situ. Tous les personnels sont équipés en conséquence : masques FFP2, tenues jetables, etc. Comme il l'avait déjà dit la semaine dernière, les activités collectives sont suspendues tout comme les visites des familles.
Bien sûr, les personnes âgées pourront être redirigées en réanimation si leur état le nécessite. Lors de la première vague, il n'y avait pas eu de transferts. "On a eu des décès mais c'était des gens très fragilisés", resitue le directeur. Mais il craint que la situation actuelle oblige à faire des choix : "On est tous profondément attentifs mais ce qui effraye c'est si on a une progression exponentielle, qu'on en arrive à une situation extrême où il faut faire le tri entre les patients. On veut éviter ce genre de phénomène."
Quatre des six lits de réanimation occupés
Rien qu'au regard des chiffres, la situation apparaît plus tendue que lors de la première vague. "On a plus de cas. Dans la partie hospitalisation, on a 33 patients. On en avait eu au maximum 11 lors de la première vague. Pareil aux 7 sources : on avait eu 25 contaminations, là, on en est à 27", comptabilise le directeur.
En effet, du côté du centre hospitalier, dans le secteur à haute densité virale (hospitalisation conventionnelle), 25 des 29 lits sont actuellement occupés. Uniquement des personnes de plus de 60 ans. Depuis vendredi, l'établissement a également ouvert six lits de réanimation. Un chiffre qui ne pourra pas être augmenté car les effectifs ne suivront pas. Ce lundi, quatre des six lits étaient occupés. Un cinquième patient a été transféré dimanche vers le CHU de Montpellier car il supportait mal la ventilation non-invasive et il a été jugé préférable de l'intuber. "On n'a pas pris de risque. La situation est complexe. On peut faire de l'intubation mais nos effectifs sont ultra fragiles", justifie Jean-Philippe Sajus.
La direction compte sur l'expérience acquise et sur la formation de ses personnels pour surmonter cette nouvelle épreuve. Mais les cas de contamination se multiplient aussi chez les professionnels de santé. "La semaine dernière, on avait un à deux professionnels par jour qui revenaient positifs", assure le directeur. Selon le médecin hygiéniste, 2/3 des foyers infectieux trouveraient leur source à l'extérieur, par exemple lorsque les soignants sont en congés.
"On nous parle de 3e ou de 4e vague, ce n'est pas possible"
Depuis quelques jours, des tests antigéniques sont initiés aux urgences. Ils seront généralisés d'ici la fin de semaine. Pour Jean-Philippe Sajus, il est absolument nécessaire de tester massivement pour cantonner les cas : "On nous parle de 3e ou de 4e vague, ce n'est pas possible. On n'arrivera pas à tenir sur la longueur." Le centre hospitalier bagnolais en est au niveau 2 du "plan blanc". Toutes les opérations ont été déprogrammées hormis les urgences et ce qui relève de la cancérologie.
Malgré ce contexte, Jean-Philippe Sajus est fier de ses équipes "qui ont peur mais qui continuent d'être là." Il se réjouit également de la solidarité territoriale qui s'opère et soulage le centre hospitalier bagnolais. L'hôpital de Pont-Saint-Esprit a mis à disposition 13 lits d'appui pour les patients de médecine et pour fluidifier les entrées. L'établissement spiripontain est prêt à proposer quatre lits supplémentaires de soins de suite et réadaptation. La clinique privée des Angles est également susceptible de prendre en charge des patients en médecine. Public comme privé, l'urgence est la même : soigner et tenter de sortir de cette crise.
Marie Meunier