ÉDITORIAL Dramatiques inondations en Espagne : se préparer au pire
Il est évident que cet épisode marque aussi une rupture face aux climatosceptiques.
Quelques jours après les inondations meurtrières dans le sud-est de l'Espagne, de nombreux bénévoles sont engagés pour aider les sinistrés. La solidarité est au rendez-vous pendant que tout le pays pleure ses morts : plus de 200 victimes. Alors que la vie s'est arrêtée, de nombreuses questions demeurent. D'abord, est-ce que les services d'alerte à la population ont été suffisants ? Les critiques pleuvent comme le torrent qui est tombé en quelques heures. Le message d'alerte téléphonique aux habitants ne semble pas être arrivé partout. Bien que les services météo aient anticipé l'évènement climatique exceptionnel en plaçant toute la région en "alerte rouge" dès le matin. Après le drame, c'est une population qui s'est sentie totalement abandonnée, qui a appelé à l'aide et au secours les autorités. Paraît-il là encore que les habitants survivants, coupés du monde, ont dû se débrouiller entre eux. Jusqu'aux pillages de magasins pour manger. Ce week-end, le Premier ministre Pedro Sanchez a tenté de prendre à bras-le-corps la détresse des Espagnols de cette région. Il a annoncé l'envoi de 10 000 soldats et policiers en renfort. Les exécutifs locaux et régionaux lui ont emboîté le pas en assurant aides publiques et solutions pour tous. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ? Oui, bien sûr, il faudra reconstruire ce qui est à terre, nettoyer les habitations, enclencher les services d'assurance. Mais tout cela ne ramènera pas ceux qui ne sont plus là. Il est évident que cet épisode marque aussi une rupture face aux climatosceptiques. Il est en effet établi désormais, selon de nombreuses études sérieuses, que la planète se réchauffe. Et l'intervention humaine n'y est pas étrangère. Dans une planète plus chaude, l'atmosphère est davantage chargée en humidité. De fait, il y existe un potentiel de pluie plus important qui touchera toutes les régions méditerranéennes. Ces phénomènes ne nous épargneront donc pas. Il n'est plus question aujourd'hui de trouver des pansements temporaires pour atténuer le risque. Il est à présent capital de se préparer au pire. Et d'engager une véritable transformation du logiciel politique qui fait croire depuis trop longtemps, à chacun d'entre nous, que nous sommes invincibles face au climat.