ÉDITORIAL Macron, droit dans ses bottes
Un peu plus de 30 minutes d'interview, mais rien qui ne fera plaisir aux grévistes encore nombreux ce jeudi pour la 9e fois. Emmanuel Macron persiste et signe.
« Est-ce que vous pensez que cela me fait plaisir de faire cette réforme ? » Le président de la République n'a semble-t-il pas convaincu les opposants à la réforme des retraites après son intervention télévisée à la mi-journée, hier mercredi. Mais il s'y attendait certainement un peu. Cependant, il a tenté d'expliquer les raisons qui l'ont poussé à cette réforme des retraites. En rappelant que cette réforme est « une nécessité pour le pays (...) et qu'il n'y a pas 36 solutions » pour financer les pensions de 20 millions de retraités à l'horizon 2030. Même si elle l'oblige à endosser « l’impopularité » du texte. Mais que contient de si extraordinaire ce projet de loi pour mettre autant de gens en colère ? D'abord, et c'est probablement la raison principale : l'âge légal de départ à la retraite sera à terme à 64 ans au lieu de 62 aujourd'hui. Pour faire avaler la pilule, le Gouvernement a prévu un recul progressif. D'abord porté à 63 ans en 2027, il atteindra 64 ans en 2030, soit dans sept longues années. Le projet prévoit tout de même une meilleure prise en compte des carrières longues. Par exemple, ceux qui ont commencé à travailler avant 16 ans pourront partir à 58 ans. Les victimes d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle pourront partir en retraite pour incapacité à 60 ans. Les travailleurs handicapés pourront partir à compter de 55 ans. À noter qu'une assurance vieillesse pour les aidants est créée, afin de mieux prendre en compte la situation des aidants pour la retraite. En ce qui concerne les mères de famille, ces dernières pourront bénéficier d'une surcote anticipée jusqu'à 5 %. De plus, il sera garanti aux femmes un minimum de deux trimestres de majoration liée à l’éducation ou l'adoption d’un enfant. Et jusqu'à huit trimestres supplémentaires à se répartir entre les parents. La pénibilité et l'emploi des séniors sont aussi au coeur de la réforme avec un élargissement des activités concernées et des dispositifs de maintien des séniors dans l'emploi. Le projet de loi permet enfin de revaloriser la retraite minimale à près de 1 200 euros bruts par mois (soit l'équivalent d'au moins 85 % du SMIC net) pour une carrière complète. Dernier sujet et pas des moindres, le projet de loi acte la suppression des principaux régimes spéciaux de retraite pour les futurs embauchés, qui seront affiliés d'office au régime général au titre de la retraite. Est-ce que tous les manifestants ont bien en tête l'ensemble de la réforme si contestée ? Rien n'est moins sûr. Dans l'attente de la décision du Conseil constitutionnel, droit dans ses bottes, Emmanuel Macron assume. Jusqu'au bout. Peut-être est-ce la différence entre ce président et bien d'autres avant lui...