FAIT DU JOUR Avis de tempête à Météo France !
Météo-France connaît une grosse perturbation après l'annonce de la suppression de 500 postes dans les années qui viennent et surtout, la fermeture de 30 antennes locales. La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, n'a pas manqué de réagir pour s'opposer à ce vaste projet de rupture d'un service public d'information capital pour notre département. Du côté de la direction de Météo France, on minimise le danger.
Météo France dans l’œil du cyclone ! L'établissement public, qui mise désormais sur les nouvelles technologies pour automatiser les prévisions, prévoit de supprimer 500 postes d'ici 2022. Pire ! Une trentaine d'antennes locales sont menacées de fermeture dont celle de Nîmes. Météo France, qui emploie un peu plus de 3 000 agents en France, devrait voir 15% de ses effectifs disparaître de l'organigramme de l'entreprise. Un plan social qui ne dit pas son nom mais qui reflète bien la situation paradoxale de l'institution publique.
Dans le cadre de la Cop 21 et de l'accord de Paris, l'État avait pourtant fixé, sous la forme d'un contrat d'objectifs et de performance 2017-2021, les orientations stratégiques à cinq ans et les objectifs de l'établissement pour mieux répondre aux attentes des citoyens, de l'État et du monde économique ; chacun étant à son niveau confronté aux défis du changement climatique.
Après la COP, le gouvernement change de cap !
Mais à cette époque, Ségolène Royal était ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, en charge des Relations internationales sur le climat. Dans le programme baptisé « Action publique 2022 », lancé à l'automne dernier par le Premier ministre, Édouard Philippe, il est désormais question de transformation du service public, et notamment de baisse des dépenses publiques d’ici à 2022...
Après les fermetures déjà entérinées ces dernières années des antennes locales de Montauban, Saint-Girons et Carcassonne, celles d'Albi, de Blagnac, de Nîmes et de Perpignan pourraient donc disparaître, tandis que celle de Montpellier perdrait la moitié de ses effectifs.
474 postes menacés
Ce qui fait réagir la présidente socialiste de la Région, Carole Delga : « les salariés de ces sites verraient leurs expertises personnalisées remplacées par des prévisions automatisées par ordinateur. Dans une Région particulièrement soumise à des aléas climatiques fréquents, de natures diverses, cette décision de réduire drastiquement les moyens m'interpelle et m'inquiète. »
Et de rajouter : « au-delà même des risques engendrés par ces suppressions de postes -prévisions erronées ou moins précises, en particulier pour les phénomènes dangereux, du fait d'une automatisation totale-, c'est un coup dur pour l'emploi et pour l'activité économique régionale. »
Sollicitée par notre rédaction, l'antenne Nîmoise de Météo France nous confirme sans grande précision l'ampleur du mouvement. "Tout le monde est concerné mais à ce stade, il s'agit d'une réorganisation de la carte régionale."
La directrice du site interrégional de Météo-France, Françoise Marche, n'hésite pas à faire porter la responsabilité de cette "réorganisation" au gouvernement Macron. "Nous nous conformons au projet du gouvernement en matière d'action publique à l'horizon 2022. Ni plus, ni moins. Tout Météo France est impacté." Et la même de préciser : "l'annonce de réduction d'effectif de 474 postes est actée mais nous poursuivons notre négociation avec le gouvernement pour faire évoluer notre projet."
Cet appauvrissement contraint de la masse salariale fait craindre le pire. Et notamment une détérioration du service et des prévisions. En particulier dans un département comme le Gard, régulièrement sujet aux aléas climatiques à l'automne avec le phénomène Cévenol et le risque inondation. Mais aussi en été avec les épisodes de canicule.
Les machines aux commandes
Qu'importe la pluie ou le soleil tenace, le personnel inquiet devra se résoudre à faire le boulot à distance. Pour cela, les machines prendront le relais. C'est déjà le cas apparemment au centre d'expertise d'Aix-en-Provence comme nous le confirme la direction de Météo France. "Dans un établissement comme le notre, les évolutions techniques sont au cœur de l'activité. L'amélioration des modèles est à la base de notre expertise technique", tente de convaincre la directrice de Météo-France à Aix.
Pour autant, Françoise Marche tempère : "Dans les périodes de crise, nous étudions l'apport d'ingénieurs avec une présence physique par exemple au sein de la cellule de crise en Préfecture du Gard."
Sachant que l'économie potentielle est évidente avec un service moins mobile et plus concentré en région. "C'est le but. Nous avons analysé le gain potentiel de cette nouvelle organisation sous contrainte des attentes de l'État. Nous réorganisons le travail et faisons en sorte de concentrer nos activités sur des productions interrégionales", clarifie une nouvelle fois Madame Météo-France Occitanie qui ouvre le parapluie en s'abritant derrières les consignes venues d'en-haut.
Entendez par là que l'on s'achemine vers une fermeture des antennes locales pour un transfert des postes au pays de Paul Cézanne. "On n'oblige personne à la mobilité. Mais tout nouveau recrutement se fera en priorité à Aix-en-Provence. D'ailleurs, déjà aujourd'hui, une grande partie de nos ingénieurs prévisionnistes sont ici."
En fermant la majorité de ses antennes locales, Météo France mise avant tout sur l'automatisation de ses prévisions. Mais oublie un détail : la spécificité des territoires. Sans compter les liens forts qui existent avec les autres collectivités telles que les Services techniques chargés de l'entretien des routes au Département, la préfecture du Gard ou encore, les services autoroutiers. Sans oublier les particuliers qui vont bientôt devoir recourir à nouveau à l'ancestrale technique de l'observation des grenouilles...
Un véritable paradoxe qui fait s'entrechoquer réductions budgétaires et expertise métier au moment où l'anticipation des risques climatiques doit être plus que jamais au rendez-vous dans un contexte de renforcement des menaces liées aux événements météorologiques. Une décision qui, quoi qu'il en advienne, n'a pas fini de faire des vagues et pourrait bien faire se lever une tempête de protestation...
Abdel SAMARI