FAIT DU JOUR Les gardois, champions de la conduite en état d’ébriété
Si la tendance existe au niveau national, c'est dans le Gard qu'elle est la plus criante où 61 % des usagers tués sur les routes ont une toxicologie positive à l'alcool ou aux stupéfiants.
On pensait la politique répressive en matière de sécurité routière suffisamment efficace pour enrayer le cocktail meurtrier "alcool + conduite". Pendant 5 ans, de 2009 à 2014, nombreuses mesures drastiques prises au niveau politique avaient quelque peu diminué le nombre de victimes sur les routes. Y compris dans le Gard, où la baisse était de plus de 50 %, passant de 90 tués en 2009 à 43 en 2014. Une année particulièrement faible en la matière qui avait réjouit les services de l'Etat. Pourtant, l'année 2015 a montré un net regain de décès au volant, soit 69 au total sur le département soit "un bilan mauvais" selon le Préfet Didier Lauga. Et ce malgré les contrôles fréquents, les radars, et une politique pénale de sécurité routière sévère. "On constate qu'il y a moins d'accidents en nombre, mais qu'ils sont plus graves" ajoute t-il.
Dans le Gard, la consommation d'alcool et de drogue est un fait de société
La cause : l'alcool et/ou les stupéfiants pour 61 % des usagers tués. Le bilan de la sécurité routière donne même plus de détails : 29 % des tués ont cumulés alcool et stupéfiants, 19 % avec l'alcool seul et 13 % avec stupéfiants seuls. La tranche la plus touchée est sans surprise celle des 25-34 ans. Des chiffres qui sont à mettre en relief avec le classement des régions dans lesquelles ont consomme le plus d'alcool, le Languedoc Roussillon arrive en tête devant... Midi-Pyrénées. La récente fusion n'arrangera pas les statistiques. On serait tenté de justifier ces imprudences par un assouplissement des contrôles, et une législation plus conciliante. Mais pour la procureur Laure Beccuau ce n'est pas le cas : "C'est l'arbre multi cause explique t-elle. Il y a plus de poursuites en correctionnel qu'avant, et les peines sont plus lourdes." Seules réponses à ces tristes records, la chute du prix du gazole qui pourrait entraîner plus de circulation que les années précédentes, et par conséquent, plus d'accidents. À l'inverse, en 2014, la neige et les nombreux épisodes cévenols auraient pu freiner les gardois à prendre la route, entraînant une diminution des accidents.
Pour l'alcool en revanche, il semblerait que les raisons tiennent plus de l'ordre de la tradition que du climat.
Baptiste Manzinali