FAIT DU JOUR Pont-St-Esprit, "laboratoire national de la reconquête des centres anciens"
Le préfet du Gard Didier Martin était en visite hier matin dans le centre ancien de Pont-Saint-Esprit, mais pas pour faire du tourisme.
Le préfet a en effet signé la convention de revitalisation Centre-bourg qui lie la ville, l’agglo du Gard Rhodanien et l’Etat pour les six ans à venir, avec un objectif : revitaliser le centre-ancien de Pont.
Une première subvention de 262 500 euros
La ville fait partie des cinquante communes retenues par le gouvernement il y a un an presque jour pour jour, et bénéficiera de crédits spécifiques de l’Etat. En août dernier, une subvention de 262 500 euros a été attribuée à la ville pour la conception et la mise en œuvre du projet de revitalisation du centre-bourg.
Un quartier au centre de toutes les attentions, qui fait déjà l’objet d’une Opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH), d’une opération municipale de subvention des travaux de rénovation des façades, et qui vient également d’entrer dans le cadre de la nouvelle politique de la ville. « Vous avez su trouver des cohérences », a noté le préfet, estimant que « cela permet de démultiplier les effets vers un objectif : la réhabilitation du centre-ancien », « pour faire de Pont-Saint-Esprit cette porte d’entrée, cette tête de pont qu’on appelle tous de nos vœux », dixit le président de l’agglo Jean-Christian Rey.
« Nous n’avions pas le droit de laisser croupir les monuments »
Au cours de la visite, le préfet a notamment pu voir ce qui n’allait pas, ces petites rues désertes aux façades décrépites, percluses d’immeubles inhabités parfois depuis des décennies — et « d’habitats parfois carrément insalubres, et où le commerce a déserté », précisera le maire Roger Castillon — mais aussi constater ce qui change. Ainsi, le préfet et les élus ont pu visiter un immeuble du XVIIe siècle de la rue Bruguier-Roure, inhabité depuis des temps immémoriaux, racheté il y a douze ans par Pedro Lianes pour une trentaine de milliers d’euros. Cet entrepreneur du BTP va y réaliser cinq appartements pour les louer, et va bénéficier dans le cadre de l’OPAH de 200 000 euros d’aides de l’Agence nationale de l’habitat. Le propriétaire, qui prévoit « deux petites années de chantier », a « hâte de voir ce que ça va donner. » « Que ce soit un signal donné », souhaitera le préfet.
Le cortège a également pu visiter les travaux du Prieuré Saint-Pierre, en train d’être mis hors d’eau via un chantier de grande envergure qui s’étirera jusqu’au printemps 2016. Un acte significatif pour cette place forte du patrimoine de la ville, située en plein cœur du centre ancien. « Nous n’avions pas le droit de laisser croupir les monuments dans l’état où nous les avons trouvés », justifie le maire, avant de citer l’exemple du lavoir municipal, dont la restauration sera finie à la fin de l’année. Mais pour la ville, la restauration du patrimoine est encore loin d’être finie et s’apparente à un travail de Romain, comme en témoignent la Collégiale et l’église Saint-Saturnin, voisine du Prieuré, dont l’état inquiète de plus en plus.
Pont-Saint-Esprit, une ville « exemplaire »
Et au delà du patrimoine et de la rénovation urbaine, « il s’agit aussi des conditions de vie des habitants du centre ancien, 1 510 habitants au revenu annuel inférieur à moins de 10 000 euros en moyenne, qui ont besoin d’être aidés, dont la situation a été bien perçue au niveau de l’Etat », affirme le maire. Pour lui, la convention de revitalisation Centre-bourg « va permettre de tout orchestrer. »
Et le préfet y croit, estimant que « Pont-Saint-Esprit est sans doute équivalente sur bien des aspects à Uzès, qui peut être un exemple à suivre. » La ville rhodanienne est pour lui « exemplaire », et va jouer le rôle de « laboratoire national de reconquête des centres anciens. » Et pour ce faire, « l’Etat continuera encore à vos côtés. »
Et aussi :
151 000 euros pour le centre Pépin : le préfet a annoncé avoir signé l’attribution de 151 000 euros de la dotation d’équipement des territoires ruraux pour la première tranche de mise en accessibilité du centre Pépin. « Cette dotation va augmenter l’année prochaine, affirme Didier Martin. On entend quelques grincheux, mais s’il y a un domaine où les dotations ne baissent pas, c’est l’investissement dans les collectivités rurales. Jamais en tant que préfet je n’ai eu autant de moyens pour l’investissement dans les communes rurales. »
Pont éligible au PTZ : le prêt à taux zéro sera étendu à partir de janvier pour la réhabilitation des logements à toutes les communes rurales, dont 286 dans le Gard. « C’est un nouveau levier pour réhabiliter les centres anciens, tout en évitant de consommer des terres agricoles », a noté le préfet.
Thierry ALLARD