FAIT DU JOUR Uzès : le nouveau secteur sauvegardé se précise
« C’est un joyau » : l’architecte urbaniste Bernard Wagon n’y va pas par quatre chemins pour parler de la richesse patrimoniale et architecturale de la cité ducale.
Il faut dire qu’il a passé les cinq dernières années à sillonner les rues de la ville, à rentrer dans les maisons, les cours intérieures, les caves… bref à passer au crible le périmètre du nouveau secteur sauvegardé. Un travail présenté mardi soir lors d’une réunion publique.
Voûtes, façades, escaliers, puits, cheminées…
Un périmètre défini en 2005 et voué à succéder au secteur sauvegardé initial qui remonte au siècle dernier, en l’an de grâce 1978. Ainsi, le secteur, qui couvrait uniquement l’hypercentre et l’avenue de la Libération, va désormais s’étendre à la rue Cigalon, au quartier des Bourgades, en passant par le lycée Guynemer et passer de 11 à 44 hectares.
Une fois la coquille définie, à savoir le secteur, il fallait maintenant la remplir avec ce qui valait le détour au niveau architectural, patrimonial, et qui méritait d’être préservé. Et il y en a, des éléments à sauvegarder. Par exemple, les voûtes romanes qu’on trouve dans « le jeu de caves exceptionnel qui mérite d’être conservé et vécu par tous », affirme Bernard Wagon. A la surface, l’architecte urbaniste et son équipe ont noté un grand nombre de façades datant du XVIIe siècle, « avec une qualité architecturale des immeubles tous construits en pierre de taille », note l’architecte.
Les puits, en très grand nombre dans le périmètre, mais aussi les cheminées, les jardins, les escaliers pour certains monumentaux et exceptionnels ou encore la ferronnerie du XIXe siècle qui orne pas mal de balcons uzétiens ont également été répertoriés.
« Le grand hangar en tôle du lycée, il faudra le démolir »
Un travail de fourmi qui aboutit à un document finalisé, qui est accessible en mairie avec un cahier destiné à recueillir les remarques. Un document « prêt à passer au stade administratif », explique Bernard Wagon. L’heure est encore à la phase de concertation. Suivra une phase administrative qui verra le document faire la navette entre la commission locale, le conseil municipal, la commission nationale, l’enquête publique, de nouveau la commission locale et le conseil municipal et enfin l’approbation et l’arrêt du préfet.
Et le secteur sauvegardé va changer pas mal de choses : « la loi Malraux peut interdire de démolir, de modifier sous conditions et la démolition peut être imposée » a rappelé Bernard Wagon, avant de donner pour exemple « le grand hangar en tôle du lycée, il faudra le démolir un jour, il faut le dire. » Question de cohérence architecturale : « Uzès est un costume trois pièces bien assorti, il faut garder ces tons pierre et ces toits de tuiles en pente. »
Pour les habitants du secteur sauvegardé, il sera donc légalement interdit de faire n’importe quoi, comme repeindre sa façade reconnue lors de l’étude en rose fluo ou d’y creuser une nouvelle fenêtre. Et si travaux il y a, « ici tout est fragile, au moment des travaux il faut faire appel à des entreprises compétentes, on ne peut pas faire jouer de la musique de chambre par un orchestre de jazz, poursuit Bernard Wagon. C’est une richesse exceptionnelle, mais qui demande des précautions. »
Thierry ALLARD