Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 06.08.2024 - Thierry Allard - 4 min  - vu 536 fois

FAIT DU SOIR Agents de l’ONF et pompiers patrouillent ensemble pour protéger les forêts gardoises

ONF et sapeurs-pompiers patrouillent dans les massifs forestiers

- Photo : Thierry Allard

Dans le Gard, les agents de l’Office national des forêts (ONF) sont accompagnés d’un sapeur-pompier pour leurs patrouilles dans les massifs. Une particularité, le Gard étant longtemps resté le seul département de France à procéder ainsi. Immersion.

De là-haut, Pierre Carle, agent de protection de la forêt méditerranéenne à l’ONF, surveille une large zone. Au nord, on surplombe l’A9 et on distingue très bien le mont Bouquet. À l’est, le Rhône et le Ventoux, au sud les plaines de la terre d’Argence et à l’ouest, on aperçoit le pic Saint-Loup. Ce point haut, dans la forêt entre Estézargues et Rochefort-du-Gard, « c’est un de mes préférés », glisse-t-il. À ses côtés, dans le pick-up jaune, le jeune pompier volontaire Valentin Julien. La paire, mixte, patrouille ensemble ce mardi de 11 heures à 19 heures, plus tard si besoin.

« L’intérêt, c’est d’avoir cette complémentarité entre un forestier qui connaît très bien le secteur et un pompier avec son expertise du feu », résume Fabien Brochiero, responsable du pôle DFCI, pour Défense de la forêt contre l’incendie, pour le Gard, l’Hérault et la Lozère à l’ONF. Chaque pick-up est équipé d’une citerne de 600 litres avec une pompe, en cas de départ de feu, « pour sécuriser les lieux et permettre l’arrivée des secours », précise Valentin Julien. De quoi limiter les dégâts et intervenir plus rapidement et efficacement, en somme. « Ça nous permet de préciser l’emplacement exact et la nature du feu, les pompiers ne s’organisent pas de la même manière en fonction de ces paramètres », rajoute Pierre Carle. « La priorité est au message d’ambiance, qui permet aux sapeurs-pompiers de proportionner leur réponse », complète Fabien Brochiero.

Chaque véhicule de patrouille est équipé d'une citerne de 600 litres  • Photo : Thierry Allard

Pour autant, ces patrouilles mixtes, si elles semblent tomber sous le coup du bon sens, restent une rareté. « Dans quasiment tous les autres départements, les patrouilles sont 100 % forestiers, mais dans le Gard c’est historique, on travaille comme ça depuis plus de vingt ans, explique Fabien Brochiero. Dans le cadre de l’extension de Mission d’intérêt général DFCI après les feux de 2022, l’exemple du Gard n’a été suivi que dans l’Aveyron. » La Mission d’intérêt général FDCI concernait initialement uniquement les départements de l’arc méditerranéen, mais a été élargie à la France entière. Chapeautée par l’État, elle concerne l’entretien de l’équipement DFCI hors saison estivale, les pistes, les citernes, le débroussaillage, et donc les patrouilles l’été.

« 95 % des feux sont d’origine humaine »

Des patrouilles qui ont également été renforcées suite aux feux de 2022. « En deux ans nous sommes passés de vingt patrouilles à 26 pour le Gard », pose Fabien Brochiero. De quoi « couvrir tous les secteurs forestiers et de garrigues du département », rajoute-il. Ce mardi, le binôme Pierre Carle/Valentin Julien est chargé du secteur de Rochefort-du-Gard, qui va de Sauveterre au nord de Beaucaire, en passant par Montfrin ou Théziers, soit « entre 6 000 et 8 000 mètres carrés », estiment-ils. De leur point haut, ils surveillent tout dégagement de fumée. Là, en face, de l’autre côté de l’autoroute, une fumée ocre : la poussière soulevée par un engin de l’ONF qui circule sur une piste DFCI. Plus loin, dans l’axe du mont Bouquet, une fumée grise, tirant sur le noir, se fait voir.

Pierre Carle prévient immédiatement le centre, les 26 patrouilles étant coordonnées par le CODIS, le centre névralgique des sapeurs-pompiers du Gard, à Nîmes, où deux forestiers sont également présents. La patrouille du secteur concerné, la fumée se dégageant de Saint-Quentin-la-Poterie, est dépêchée sur place, où elle arrivera dix minutes après le signalement de la fumée. Pas d’autre événement notable ce mardi midi, au coeur d’un été plutôt calme sur le front des feux de forêts jusqu’ici. « Pour l’instant nous avons des conditions météo favorables, il a plu régulièrement et nous avons eu peu de vent, pose Fabien Brochiero. Maintenant la végétation se dessèche assez vite, et progressivement les conditions météo deviennent de plus en plus défavorables. » En d’autres termes : les mois d’août et septembre pourraient bien être beaucoup moins calmes de juin et juillet.

ONF et sapeurs-pompiers patrouillent dans les massifs • Photo : Thierry Allard

Pour qu’ils restent calmes, il convient d’adopter les bons comportements, « car 95 % des feux sont d’origine humaine », rappelle Fabien Brochiero. Déjà, l’emploi du feu est totalement interdit dans tous les massifs forestiers du Gard et dans un rayon de 200 mètres autour du 15 juin au 15 septembre par arrêté préfectoral, tout comme les travaux à risque (ceux impliquant une disqueuse ou une tronçonneuse par exemple) à partir de 13h lorsque la zone est classée en risque orange et toute la journée en rouge. En rouge, l’accès aux massifs est interdit aussi, « pour éviter d’avoir des vecteurs de feu et d’avoir du monde en forêt si un feu se déclare », précise Fabien Brochiero. Et il est interdit de fumer en forêt. « C’est encore une cause trop importante de départs de feux, quand on est fumeur, on doit intégrer ce risque-là », rajoute-il, avant d’affirmer que le feu de Gonfaron (Var), qui a détruit 6 800 hectares en 2021, était possiblement parti d’un mégot.

Charge aux agents de l’ONF de faire respecter la règlementation. « Mais on est avant tout là pour sensibiliser, il y a encore du travail à faire avec le grand public pour bien intégrer les risques », affirme Fabien Brochiero. Surtout avec le réchauffement climatique, dont les effets se font sentir au sein des massifs. Témoins, ces nombreux chênes verts qui n’ont pas survécu aux fortes chaleurs et sécheresses de plus en plus longues et fréquentes. « On a pris 1,5°C en plus sur la température moyenne par rapport à la période 1960-1990, rappelle le responsable du pôle DFCI. Ça représente 10 % d’évapotranspiration en plus pour les arbres, ce qui diminue les réserves d’eau du sol et aggrave la sécheresse. » Dans ce contexte, la vigilance de tous est encore plus indispensable.

Thierry Allard

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