FAIT DU SOIR Beaucaire Terre d'Argence : une saison estivale où "il a fallu s'adapter en permanence"
Malgré la motivation des acteurs touristiques, la conjoncture économique, le contexte géopolitique et les conditions météorologiques ont bouleversé leur plan pourtant bien ficelé. Les plus et les moins marquent à part égale le bilan de la saison estivale du territoire Beaucaire Terre d'Argence.
Dans l'ombre des grandes villes au fort potentiel touristique telles que Nîmes, Arles ou encore Avignon, la Terre d'Argence veut elle aussi se faire une place au soleil. Comprenez au sens figuré, car au sens propre, c'est déjà le cas. Un point fort direz-vous, mais sans point d'eau ouvert à la baignade, garder les touristes sur ses terres est un exercice qui fait transpirer. "Cette saison, nous avons dû nous adapter en permanence", lance la directrice de l'office de tourisme Beaucaire Terre d'Argence, Valérie Parayre.
Cette année encore, le programme des activités et animations touristiques était bien ficelé mais, pour diverses raisons, quelques-unes d'entre elles ont dû être annulées. Sur les quatre "visites farfelues" - une nouveauté en 2022 - prévues à Beaucaire, seulement deux ont pu avoir lieu suite à l'absence de la guide pour raison de santé. Un apéro panorama a été gâché au mois d'août par les conditions climatiques et des expériences camarguaises supprimées après un chamboulement dans l'organisation des courses liées à la perte de deux raseteurs, Enzo Robert et Kevin Bruguières, en deux ans.
"Mais pour toutes ces activités, chaque date qui a pu avoir lieu, nous avons eu du monde. C'est donc positif et ça nous encourage à poursuivre notre travail en matière de propositions touristiques un peu décalées, en tout cas sur la forme, car notre volonté est bien sûr de valoriser notre patrimoine, nos traditions", ajoute la directrice de l'office de tourisme.
"De manière générale, la saison a été bonne"
Florent Kolandjan, partenaire de l'office de tourisme Beaucaire Terre d'Argence, propose des croisières sur le Rhône (Black Bee Boating) au départ du port de Vallabrègues. En 2021, ce marin d'eau douce avait programmé trois virées par jour. Il a réduit la voilure à deux sorties par jour cette année, une de 14h à 17h, la seconde de 18h à 20h. "De manière générale, la saison a été bonne. J'ai eu beaucoup de locaux qui recevaient des proches et auxquels ils ont offert cette croisière. Celle de la fin de journée a très bien marché. J'ai bien senti que les gens fuyaient la chaleur. Alors peut-être que l'année prochaine je remplacerai la sortie de l'après-midi par une le matin", indique Florent. L'adaptation est et restera le maître-mot de la saison estivale passée et celles à venir.
L'escape game, Raimond et la quête du Graal, produit phare de la saison estivale en Terre d'Argence, n'a pas suscité le même enthousiasme que l'an dernier. Il faut dire qu'il s'agissait en 2021 d'une nouveauté, mais avec un peu plus de 2 000 joueurs, l'effet de découverte était encore valable pour cette année. Toutefois, au mois de juillet, la fréquentation était en baisse de 55% par rapport à juillet 2021, soit à peine 400 joueurs accueillis et de -11% au mois d'août, avec 900 joueurs.
"L'escape game n'est pas à remettre en cause"
Si le bilan est loin d'être catastrophique, il donne à réfléchir, d'autant que cette année, les jours d'ouverture et le nombre de créneaux disponibles avaient été revus à la hausse. "Les activités de plein air dans un lieu tel que la forteresse de Beaucaire, sont risquées quand on doit faire face à des épisodes de fortes chaleurs. Mais selon le concepteur du jeu, c'est général. Pour nous, l'escape game n'est pas à remettre en cause. Les retours que nous en avons sont très bons. Nous devons davantage réfléchir aux périodes d'ouverture, à les étendre aux débuts de soirée", explique la directrice.
Le retour des touristes étrangers est un point positif dans le bilan de cette saison estivale en Terre d'Argence. L'office de tourisme enregistre une hausse de fréquentation de 5% par rapport à 2021 même si c'est encore 5 points de moins par rapport à l'avant crise sanitaire. "Nous avons eu des Belges, des Anglais - plus que l'an dernier - des Allemands. Mais les Hollandais ne sont pas dans le top 5 des nationalités. Quant à en savoir les raisons...", s'interroge Valérie Parayre. Ce retour de la clientèle étrangère, Sandrine Ausset, propriétaire de l'hôtel Le Domaine des Clos à Beaucaire, en a été témoin cet été.
"Nous avons eu une très bonne saison et ce même si nous n'avons pas pu proposer tous les services que nous souhaitions." Tout comme l'équipe de l'office de tourisme, l'hôtelière a dû elle aussi s'adapter sur le volet des ressources humaines. "Ça a été très compliqué au niveau du recrutement. Nous avons travaillé à flux tendu notamment en ce qui concerne la cuisine et le service", se souvient-elle. Et pour Sandrine Ausset, la saison se prolonge un peu plus en ce mois de septembre, puisqu'elle accueille des stages de yoga. "Il faut savoir proposer des expériences, se bouger, pour faire vivre son activité."
L'offre d'hébergements est le point faible de ce territoire avec un seul camping, installé à Vallabrègues et trop peu d'hôtels. Les professionnels peuvent se réjouir de cette concurrence faiblarde, mais cela peut encourager les touristes à passer leur chemin. Deux projets hôteliers sont toutefois dans les tuyaux, le premier dans le cadre du dossier du nouveau quartier Sud Canal porté par la mairie de Beaucaire. Et un autre, plus confidentiel : la possible réouverture des Doctrinaires, un hôtel situé le long du quai du Général-De-Gaulle, fermé depuis 2014. Des travaux de toitures sont en cours de réalisation.
Stéphanie Marin