GARD 18 tonnes de denrées récoltées en une journée : la crise sanitaire n’ébranle pas la générosité
La Banque alimentaire du Gard, présidée par Joseph Pronesti depuis juin dernier, organise sa collecte annuelle dans les supermarchés depuis hier et jusqu’à demain. Malgré un contexte économique défavorable, le collectif apprécie la générosité de Gardois au rendez-vous.
Alors que les Restos du cœur n’ont jamais été aussi fréquentés, l’action de la Banque alimentaire prend une toute autre dimension. Et si l’on pouvait craindre une baisse des dons en pleine crise sanitaire qui fragilise l’économie, il n’en est rien ! Le millier de bénévoles de la Banque alimentaire du Gard, déployé sur près de 160 grandes surfaces et supermarchés de taille moyenne depuis hier, a déjà collecté plus de 18 tonnes de denrées majoritairement alimentaires en une journée.
Rencontré ce matin à l’entrée du magasin Auchan à Alès, Joseph Pronesti, président de l’organisme gardois, relevait une singularité : « La situation sanitaire complexifie notre action car il y a une crainte du virus, d’autre part, on doit mener tout ce qu’on collecte vers un dépôt où l’on va laisser reposer les produits pendant plusieurs jours sans les toucher. Le paradoxe, c’est que cette crise stimule la générosité des gens qui sont pourtant loin d’être plus riches qu’avant. Sur la première journée de collecte (hier), on a récolté 2 tonnes de plus que l’an dernier (18 tonnes contre 16), sans compter les chiffres de toutes nos associations périphériques qui vont arriver. » Si la collecte avait atteint les 130 tonnes l’an dernier, « la projection après cette première journée nous laisse penser qu’on arrivera facilement à 140 tonnes cette année », rajoutait Joseph Pronesti.
Des étudiants de plus en plus précarisés
Ce matin, devant cet hypermarché alésien implanté route de Nîmes, deux bénévoles de la réserve civique ainsi que deux élèves de l’IMT Mines Alès s’étaient joints à l’action de la Banque alimentaire. Parmi eux, Marion Fuzet, étudiante de l’école des Mines et présidente de la toute nouvelle association Entr’Ema qui siège sur le campus et œuvre à la création d’une épicerie solidaire à destination des élèves de l’établissement.
Instigatrice du projet, la jeune femme en expliquait le sens : « On a voulu aider les étudiants du campus car on s’est rendu compte qu’il y avait une demande. On aimerait ouvrir cette épicerie afin que les étudiants puissent acheter des produits à des prix quasiment dix fois plus bas que dans leurs commerces habituels. » Et de poursuivre, en expliquant les raisons d’une possible gratuité : « Les personnes les plus démunies pourront même y avoir accès gratuitement sans pour autant être stigmatisées. Pour cela, on va mettre en place un système de monnaie propre à l’épicerie (des coupons à poinçonner), de sorte que personne ne saura qui a payé ou qui n’a pas payé. C’est important de conserver cette discrétion car certains étudiants ont un peu honte de leur situation et n’ont pas forcément envie de s’exposer. »
L’ouverture de l’épicerie, initialement prévue en novembre mais retardée par le confinement, a été décalée à janvier prochain. Une partie des denrées collectées ce samedi par la Banque alimentaire ira d’ailleurs en garnir les étagères. Et si les horaires restent encore à déterminer, elles seront accessibles deux à trois fois par semaine, « plutôt le soir après les cours. »
Les produits d'hygiène corporelle aussi appréciés
En pleine tournée des grandes surfaces alésiennes, Annie Chapelier, députée de la 4e circonscription du Gard, a fait une halte pour saluer l’initiative et mesurer « la générosité directe et individuelle des Français qui fait chaud au cœur », avant de rappeler la nécessité grandissante de l’action de la Banque alimentaire : « Il semble y avoir plus de donneurs et c’est une bonne chose car malheureusement la situation actuelle a fait exploser la pauvreté et donc le nombre de personnes qui ont besoin de cette aide alimentaire. C’est très inquiétant ! »
L’élue, après avoir confiée son impuissance et sa désolation, soulignait également une évolution : « Jusqu’à récemment, ce n’était pas dans l’ADN des gens d’accepter de dire qu’ils manquaient de quelque chose. Or maintenant ils sont obligés de franchir ce pas et c’est quelque chose de très difficile sur le plan psychologique, du point de vue de la dignité personnelle. »
Enfin, si les denrées alimentaire et notamment les produits dits de premières nécessités sont évidemment plébiscités, les bénévoles de la Banque alimentaire indiquaient leur disposition à recevoir des dons de produits d’hygiène corporelle, « auxquels les donateurs pensent moins facilement. »
Corentin Migoule