Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 24.09.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 792 fois

GARD La Banque de France parle de l'inflation et du reste

Nathalie Ravet, directrice de la Banque de France dans le Gard (Photo Anthony Maurin)

"Retour de l’inflation : comment la réduire ?" Le débat du jour se déroulait à la banque de France et permettait une actualisation des perspectives des entreprises régionales avant la fin de l'année.

Problématique d'approvisionnement des entreprises, difficultés de recrutement, inflation en hausse, hausse du coût des matières premières, "quoi qu'il en coûte" à la française, amortisseurs publics, participation à l'effort, diminution des marges des entreprises et baisse sensible du pouvoir d'achat. Tout a été abordé ou presque lors du point donné par la directrice de la Banque de France dans le Gard, Nathalie Ravet.

Pour elle, "C'est mieux que ce à quoi nous nous attendions mais ce n'est pas très bien quand même. Des enjeux importants se jouent en France comme en Europe mais il est vrai que nos perspectives de février sont bouleversées. Le Gard connaît la même situation qu'en Occitanie si on enlève à la Région le secteur aéronautique. Nous constatons une tension sur les trésoreries et nous voyons un peu plus d'incidents de paiement déclarés par les banquiers. Au niveau des bilans cotés par nos soins (NDLR seules des entreprises au CA de plus de 750 000 euros), on constate que les marges dégagées sont confortées par ce que l'État a mis en place. Ces entreprises devront donc participer à ce choc."

Le textile est un secteur qui subit une baisse de consommation. Avec le télétravail on s'habille moins et avec le confinement on a moins usé ses habits ? Peut-être ! En tout cas cette baisse de la consommation a contraint le secteur à moins embaucher que ce qu'il avait prévu, c'est le seul secteur. En parlant d'emploi, une autre étrangeté est celle de la difficulté de recrutement. 57 % des entreprises ne parviennent pas à recruter.

Le retour de l'inflation serait, pour la Banquez de France, dû à la crise énergétique amplifiée par le conflit ukrainien. Mais c'est moins pire ici qu'ailleurs. Si l'on entend que la rémunération moyenne par salarié croît de 4,2 %, l'inflations quant à elle à 6,5 %.  Mais elle est de 25 en Estonie, de 13 aux Pays-Bas, de 10 en Espagne, de 9 en Italie et de plus de 8 en Allemagne. "Nous sommes en état d'observation" affirme Nathalie Ravet. Sauf pour le salaire minimum la Banque de France n'ose imaginer une spirale inflationniste. L'inflation devrait redescendre autour des 2,7 % d'ici 2024. En fait, 2022 sera l'année de la résilience, 2023 celle de la stagnation et 2024 celle de la reprise de la croissance.

Nathalie Ravet (Photo Anthony Maurin)

Des politiques de l'offre devraient servir à muscler la capacité productive dans la durée. Elles feraient baisser l'inflation et renforceraient la croissance potentielle. Par quels biais ? La transition écologique et énergétique, la transformation numérique et l'augmentation de l'offre de travail ainsi que des compétences. N'oublions pas qu'il y a en France un paradigme, près de trois millions de demandeurs d'emploi font face à 350 000 emplois non pourvus. La formation professionnelle, l'ajustement de l'assurance-chômage, l'apprentissage et l'éducation mais aussi la réforme des retraites seront des points clés des futures orientations.

Et Nathalie Ravet d'ajouter "Fin août, l'activité résistait encore, nous le savons grâce à notre enquête mensuelle. Même l'approvisionnement pose moins de problèmes. En septembre, l'incertitude repart à la hausse à cause de l'énergie et de la consommation des ménages qui ont changé leur comportement." L'érosion des trésoreries des entreprises est elle aussi inquiétante. Les chefs d'entreprise se servent de leur trésorerie pour stocker en vue de la hausse des prix, certains remboursent leur PGE et d'autres s'en servent pour amortir la répercussion de la hausse des prix.

Nathalie Ravet (Photo Anthony Maurin)

Selon l'enquête menée par la Banque de France sur 1 400 entreprises de la Région (NDLR 43 milliards d'euros de chiffres d'affaires pour 173 000 salariés), on notera aussi une nouvelle problématique. Deux secteurs, l'industrie et le BTP, s'approchent doucement mais sûrement verts un chômage structurant. D'un autre côté, 78 % du poids des investissements sont le fait de l'industrie qui améliore, dans le même temps, ses prévisions. Idée faussement juste car le poids de l'aéronautique est tels qu'il fait basculer le secteur dans le bon sens. En l'enlevant, la rentabilité des exploitations chute lourdement.

Le Gard, département pauvre, est aussi un territoire fertile pour le surendettement. "La tendance annuelle est à la baisse de 6 %. Les mesures prises portent leurs fruits mais attention, le surendettement a augmenté dans le Gard de 15 % en août dernier par rapport à août 2021... l'inflation étant ce qu'elle est, nous nous attendons à une petite hausse de nombre de dossiers, nous restons vigilants" conclut Nathalie Ravet.

Anthony Maurin

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