JEUDI SPORT Amel Azil chemine de Nîmes à Clairefontaine
Originaire du quartier de Chemin Bas, Amel Azil (14 ans) a attiré les regards de la Ligue Occitanie pour ses talents de footballeuse. Si elle parvient désormais à taper dans l’œil des recruteurs, elle peut intégrer Clairefontaine et l'équipe de France féminine U16.
"Ici, vous savez c'est soit la boxe ou le foot", résume Roselyne Ben Ali, éducatrice depuis 20 ans à la Jeunesse sportive du Chemin Bas d'Avignon, le club de football de ce quartier nîmois. Pour Amel Azil, le choix n'a pas été difficile à faire. Dès son plus jeune âge elle, s'est retrouvée au bord des terrains à suivre ses frères aînés licenciés au club local. Naturellement, la jeune fille s'est aussi tournée vers le ballon rond, un sport majoritairement pratiqué par les garçons. "Au début elle hésitait, car c'était la seule fille à venir au club", se souvient Roselyne.
Mais la passion et le talent vont rapidement prendre le dessus lui permettant de franchir les différentes catégories. "C'est quand elle est passée sur demi-terrain à huit contre huit que l'on a vraiment vu son potentiel. Elle courait vite et pouvait jouer à tous les postes", décrit celle qui la suit depuis ses débuts. À part l'année dernière, c'est toujours avec les garçons qu'Amel tape dans le ballon à la fois comme milieu ou attaquante. "Chez les filles, elle était au-dessus et elle est devenue indispensable en U15 Promotion", poursuit notre interlocutrice.
Forcément ses performances ont été relayées au-delà du quartier. Il y a un an, Amel a participé à une première détection féminine organisée par le District Gard-Lozère. Retenue ensuite par la Ligue Occitanie, elle s'est retrouvée en stage durant trois jours à Sète. Faisant partie des 16 meilleures joueuses de la région dans sa catégorie, la Nîmoise a pu passer quelques jours au Pôle espoir d'Aix-en-Provence. Des premières expériences pour juger sa qualité qui ne sont pas restées vaines.
Après avoir démarré tranquillement sa saison au Chemin-Bas, Amel a été sélectionnée pour participer du 27 au 30 octobre dernier à un stage à Castelmaurou dont le Pôle espoir est réputé en Occitanie. Dans sa progression, la jeune adolescente peut compter sur le soutien moral mais aussi financier du JSCBA. "C'est le club qui a pris en charge les frais de transport pour que sa maman l'amène et revienne la chercher", explique Roselyne, qui est également une amie très proche de la famille.
Un destin à la Sofiane Alakouch ?
Du soutien Amel en aura besoin car le processus est long et la sélection rude. Le prochain stage est prévu en février avec deux matches inter-ligue programmés. Une étape quasi décisive pour la jeune nîmoise car seules les meilleures auront la chance de partir, en avril prochain, pour Clairefontaine, le Centre national du football et le camp de base de toutes les sélections nationales pour toucher le Graal : l'équipe de France féminine U16 ! Si le Chemin-Bas a l'habitude chaque année de faire signer des jeunes pépites masculines au Nîmes Olympique comme Sofiane Alakouch, que Roselyne a entraîné, c'est la première fois que la gent féminine est reconnue.
"Elle a donné envie à plein de jeunes filles de jouer au foot", assure l'incontournable dirigeante. Cette dernière précise que la section féminine du Montpellier Hérault Sport Club a déjà pris contact pour pourquoi pas lui faire effectuer un essai afin d'intégrer son centre de formation. Si pour atteindre son rêve de devenir footballeuse professionnelle le parcours est difficile, Amel a déjà des opportunités et pourra toujours compter sur Roselyne, à qui on laisse le mot de la fin : "Elle a ses chances mais faut qu'elle perde sa timidité. Si elle réussit, ce sera une grande fierté !"
Corentin Corger