LE 7H50 de Marc Taulelle : « Il faut l’union la plus large pour que la Droite remporte le Département »
Au Conseil départemental, les élus se préparent à l'élection d'un nouveau président. L’adjoint nîmois Marc Taulelle ne serait pas contre une alliance avec l’extrême-Droite, pour permettre aux Républicains de l’emporter. Une position qui risque de faire grand bruit dans sa famille politique…
Objectif Gard : En 2015 vous étiez candidat aux Départementales sur le canton de Nîmes 2. L’aventure vous fait toujours envie aujourd’hui ?
Marc Taulelle : Toujours ! Le maire de Nîmes (Les Républicains) Jean-Paul Fournier m’a demandé de repartir sur ce canton, un fief communiste où sont élus Christian Bastid et Amal Couvreur. Le nom de ma binôme n’a pas encore été arrêté… Après que l’on soit honnête : il n’y a pas grand monde à Droite qui veut mener le combat dans ce fief de Gauche.
En 2015 vous étiez arrivé derrière la Gauche et le Rassemblement national. Qu’est-ce qui pourrait changer aujourd’hui ?
Le véritable conseiller départemental, c’est l’adjoint de terrain. Aujourd'hui, je suis président du conseil de quartier de Courbessac. Chose que je n’étais pas avant… Je suis mieux implanté sur le territoire. Sans compter que les élections municipales ont renforcé le camps des élus de Jean-Paul Fournier, maire Les Républicains de Nîmes. Je suis intimement persuadé que je peux gagner.
« Grâce à l’image de Jean-Paul Fournier, nous avons
une grosse marge de progression »
L’enjeu des élections départementales sera la lutte contre l’abstention dans un contexte de crise sanitaire mais aussi démocratique. Comment faire pour que les électeurs s’intéressent au scrutin ?
C’est très compliqué. Effectivement, il y a un risque d’abstention phénoménale. Nous avons une crise économique mais aussi anthropologique : on ne voit plus de sourire sur le visage des gens. On a jamais eu autant d’anxiété et de syndrome dépressif ! Après, c'est certain, l’abstention doit nous interroger.
Notons toutefois que cette abstention a profité et peu encore profiter à votre camp qui sait mobiliser ses électeurs...
Bien sûr, l'abstention nous a profité. Je pense que pour l’heure, on a un noyau dur qui est important. Il faut cultiver notre électorat car chaque voix va compter. Grâce à l’image de Jean-Paul Fournier nous avons une grosse marge de progression au niveau de la population.
Revenons à cette crise démocratique. Comment mobiliser les électeurs ?
Je pense que ce qu’il faut actuellement, c’est une véritable union nationale. La scission Droite-Gauche n’est plus opérante. Ce que j’aimerais, c’est que la politique devienne cette union de compétences face à des problèmes sociaux-économiques.
Ça a été un peu le cas avec l’élection du président Emmanuel Macron…
Pas du tout. Macron, c’est le mondialisme. Moi, je suis quelqu’un d’ici. Et je suis fier de l’être.
« Laurent Burgoa a une vision très centriste et consensuelle »
Quel regard portez-vous sur votre camarade et président du principal groupe d’opposition au Conseil départemental, Laurent Burgoa ?
C’est un type travailleur. Il a des convictions. Il faut être courageux pour défendre la tauromachie. Encore plus à Paris ! Nous n’avons pas le même diagnostic de la société. Lui est très consensuel et moi je vois arriver à l’horizon des nuages noirs qui ne me plaisent pas. Cette crise sanitaire me crée beaucoup de soucis.
Diriez-vous que Laurent Burgoa est naïf ?
Non, il a une vision très centriste et consensuelle.
Actuellement, la Droite se cherche une stratégie en vue de l’élection du nouveau président du Conseil départemental, l’actuel président, Denis Bouad, ayant été élu sénateur. Selon vous, que doit faire votre famille politique ?
Quand on a la possibilité d’assurer le commandement d’un Département, il faut le faire. Je sais, je vais contre l’avis de Jean-Paul Fournier… Le maire ne voit pas un intérêt stratégique et politique. Cette présidence serait pour une durée très courte qui, selon lui, ne permettrait pas d’établir une politique à long terme. Moi, je pense que symboliquement, si la Droite prend le Département à la Gauche, ça donne un signe fort pour lancer la campagne des Départementales. Il faut l’union la plus large pour que la Droite remporte le Département
« Alexandre Pissas ? Nicolas Meizonnet ? Ces alliances ne me gêneraient pas du tout »
L'union la plus large ? Jusqu'à se faire élire avec les voix des conseillers départementaux du Rassemblement national ?
D’où qu’ils viennent, si des élus travailleurs et compétents veulent s'engager avec nous, pourquoi pas ! Regardez ce que fait Robert Ménard à Béziers ! Les clans politiques s’effacent devant la compétence. Alexandre Pissas ? Nicolas Meizonnet ? Ces alliances ne me gêneraient pas du tout. Il y a au sein de ce parti des gens qui sont parfaitement capables de gérer et d’avoir une étique comme l'ex-républicains parti au Rassemblement national, Christophe Rolland ou encore Nicolas Meizonnet. Et puis après tout, la Gauche va partir unie. Ça ne gêne pas les socialistes, les communistes de s’allier aux écolos zinzins qui veulent supprimer le Tour de France !
Vous n’êtes absolument pas sur la même ligne que Jean-Paul Fournier !
Oui, bien sûr. Mais je pense qu’il faut le dire.
La Droite et l'extrême-Droite, ce n'est pas pareil quand même...
Le sort des Républicains va se gérer en 2022 à la Présidentielle. Moi je suis pour la convergence des qualités. Il faut arrêter cette politique abstraite qui ne veut plus rien dire maintenant. Droite et Gauche, c’est pareil ! Au Département, pour gérer les routes, les collèges, le handicap... Est-ce que vous croyez vraiment que l’idéologie y change quelque chose ?
Un peu quand même... Au Conseil départemental, le clivage Droite-Gauche existe. Rappelez-vous en 2015, lors de la campagne, la Droite proposait de supprimer des crédits dans les compétences optionnelles que sont le sport et la culture. Sans compter que le mode de gestion du Pont du Gard avait été lui-aussi remis en question...
Il y a peut-être quelques différences, mais elles sont à la marge.
Enfin, votre stratégie semble difficilement réalisable. Pour gagner, la Droite républicaine aura aussi besoin des conseillers départementaux centristes. On les imagine mal s’allier avec le Rassemblement national...
Moi, ce qui m’intéresse, encore une fois ce sont les compétences. Ce que je dis, c’est ce que pense la plupart des gens aujourd’hui...
Propos recueillis par Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com
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Qui est Marc Taulelle ? Adjoint à la ville de Nîmes, Marc Taulelle, 68 ans, est médecin pneumologue à la retraite. Élu sur la liste de Jean-Paul Fournier, cet ancien du MPF (Mouvement pour la France) de Philippe de Villiers occupe le poste d’adjoint à la Construction et à la Rénovation énergétique des bâtiments. Il est également président du conseil de quartier Mas de Mingue/Courbessac. Élu à Nîmes métropole, il est en charge de la Protection des inondations. Il vient d’être élu vice-président à l’EPTB Vistre-Vidourle en charge de l’élaboration du PAPI 3 (Programme d'actions de prévention des inondations). Candidat aux Départementales sur le canton de Nîmes 2 en 2015, il a essuyé une défaite. Peu avant les Municipales, Marc Taulelle a pris la tête de l’association de militants Pour un grand Nîmes, les artisans de la victoire de la Droite nîmoise aux élections.
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