Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 16.03.2018 - coralie-mollaret - 2 min  - vu 964 fois

LE 7H50 de Patrice Bilgorai : « La laïcité est utilisée comme une arme contre les religions »

Repas de substitution, réunions racisées, violences... : le président de la LICRA réagit à l'approche de la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, du 17 au 25 mars.
Le vice-président de la LICRA et le président de la LICRA, Patrice Bilgorai (Photo : Coralie Mollaret)

Objectif Gard : Du 17 au 25 mars se tient la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme. Quelles actions organise la LICRA ? 

Patrice Bilgorai : La lutte contre le racisme est un combat contre nous-mêmes. Un combat contre la peur de la différence. Pour éviter que l’Histoire ne se répète, nous avons le devoir de ne pas oublier. C'est aussi un hommage rendu aux victimes. Du 17 au 25 mars à la Maison de la Région, nous organisons une exposition sur la Nuit de cristal (violents pogroms anti-juifs qui eurent lieu les 9 et 10 novembre 1938 en Allemagne, NDLR). Le 21 mars, Frédéric Encel organise une conférence au Grand hôtel de Nîmes. Docteur en géographie, maître de conférence à Sciences-Po Paris, il abordera le thème « l’Antisionisme et antisémitisme d’hier et d’aujourd’hui. » Enfin, dans le cadre d’un partenariat avec la police et la gendarmerie, une exposition se tiendra dans les locaux de l’hôtel de police. De quoi sensibiliser les 200 usagers journaliers du commissariat… 

Aujourd'hui, quel public pousse les portes de votre association ? 

Dans ce département, 80 à 90% des sollicitations pour des problèmes de racisme proviennent de personnes d’origine maghrébine ou musulmane. Le reste concerne les actes contre les personnes de confession juive. D'ailleurs, ce sont les actes les plus violents... Quand on sait que la population de confession juive représente moins d'1% de la population française, ça pose question. C'est le plus haut niveau d'Europe.

Ces dernières semaines, l'actualité a été marquée par la fin du repas de substitution dans les cantines de Beaucaire (une municipalité dirigée par le Front national, NDLR). Qu'en pensez-vous ? 

En droit, rien n'interdit aux maires de faire ça. Ce qui est interdit, c'est d'encourager les prescriptions religieuses. Maintenant, il y a une dimension humaine... Malheureusement aujourd'hui, la laïcité est utilisée comme une arme contre les religions. C'est tout sauf ça. C'est un outil qui permet la pleine liberté de conscience. Il faut reconnaître que le politique a abandonné le terrain de la laïcité. C'est catastrophique !

L'actualité récente a aussi été marquée par les réunions racisées (c’est-à-dire réservées aux non-Blancs, NDLR). Des réunions communautaristes servant à évoquer des discriminations dont seraient victimes leurs membres... 

C'est du racisme. Vous appelez ça comment, vous ? Naturellement le racisme est un combat contre nous-mêmes. Le monde n'est pas divisé entre le bien et le mal, c'est plus compliqué que ça. On peut prendre cette affaire par un autre bout : la crise que nous vivons avec les musulmans ou les juifs n'est pas uniquement l'affaire des musulmans ou des juifs. C'est l'affaire de toute la société. Aujourd'hui, les gens se sentent moins concernés en raison, peut-être, d'une forme de banalisation et d'un développement du communautarisme.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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