Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 08.03.2022 - pierre-havez - 3 min  - vu 1221 fois

NÎMES Agression au marteau : six et sept ans ferme contre le duo ultra-violent

La salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

La salle d'audience du tribunal correctionnel de Nîmes. Photo Tony Duret / Objectif Gard

Les deux agresseurs qui avaient lynché un trentenaire ainsi qu’un livreur à coups de couteau et de marteau, dans la nuit du 11 au 12 février, à proximité de la rue Vincent-Faïta, sont respectivement condamnés à six et sept ans ferme par le tribunal correctionnel de Nîmes, mardi 8 mars.

Interrogé sur la première agression intervenue, en pleine nuit, à la sortie d’un bar de la rue Vincent-Faïta, Anass, 29 ans, pull blanc, se défend vigoureusement. « Je me suis défendu après qu’il m’a frappé violemment et sans aucune raison, jure-t-il. Je lui ai mis trois coups de pied, sinon je serai mort ! Il avait les yeux tout rouge, j’ai eu très peur. » Son acolyte renchérit. « C’est eux qui étaient cinq et qui nous ont agressé les premiers. J’ai sorti le marteau pour défendre mon copain, je l’ai frappé une fois aux jambes, pas plus ! », assure Tayeb, 27 ans, sweat noir.

« Je voulais recommencer une nouvelle vie »

Mais les images de l’agression sont accablantes. Le silence se fait dans la salle d’audience, alors que l’on voit Tayeb, muni d’un marteau et d’un long couteau, s’acharner sur sa victime au sol, affalée contre un immeuble. Une riveraine, les mains en sang, tente de lui porter secours, jusqu’à l’arrivée de la BAC.

Soutenue par une béquille la victime décrit à la barre comment il s’est d’abord réfugié sur le toit d’une voiture, avant de perdre connaissance lorsque ses deux agresseurs l'ont roué de coups. « Si cette fille n’avait pas été là, je ne sais pas où je serais aujourd’hui… Quand on a des armes à disposition, c’est que l’acte est prémédité », dit-il d’une voix tremblante.

Les dénégations des deux prévenus volent définitivement en éclat à l’écoute du témoignage d’une seconde victime : un livreur en scooter agressé de la même manière, au cours de la même soirée. Il a reconnu les deux prévenus sur les planches photographiques. « Il vous a menti en disant que c’était un livreur, alors qu’il n'a aucun papier. On ne l’a pas frappé, il était déjà touché. Sur les yeux de mes filles ! », maintient encore Anass, contre toute évidence. Sa voix se brise. « En sortant de prison, je voulais recommencer une nouvelle vie, mais des personnes m’en voulaient toujours. J’avais promis à ma femme et à mes filles de recommencer à zéro. Je suis la victime, pas quelqu’un de méchant », soutient-il les larmes aux yeux.

« Vous vous êtes comportés comme des assassins »

« Les deux prévenus se promènent dans les rues de Nîmes déjà munis d’un marteau, d’un couteau et d’une bombe de gaz lacrymogène. Ils commettent une extorsion avec arme suivie d’un premier déchaînement de violence avec les mêmes armes sur le livreur !, tonne Eric Maurel. Et quelques heures plus tard, de nuit, une nouvelle altercation tourne au lynchage. Malgré la présence de témoin, rien ne les arrête, rien ne les dissuade. Ce n’est pas une violence impulsive et spontanée. Plus grave : elle est répétée et s’aggrave quand il est au sol, inconscient ! C’est effrayant. Les coups sont portés avec l’intention de faire extrêmement mal ! Vous vous êtes comportés comme des assassins. ».

Le magistrat s’interrompt en regardant les deux jeunes dans les yeux. « Force est de constater qu’ils sont extraordinairement dangereux. Vous voulez vivre dans la maison France, mais vous en violez toutes les règles. Je vais devoir en tirer les conséquences ! », termine-t-il, en demandant cinq ans de détention et une interdiction définitive du territoire français contre les deux jeunes.

L’avocat de "l’homme au marteau" souffle au moment de prendre la parole. « Il ne faut pas se leurrer, les agressions dans la rue atteignent souvent ce niveau de violence. D’ailleurs au départ, le médecin ne décèle aucune ITT, rappelle Stéphane Aubert. Les images sont impressionnantes mais mon client ne donne en fait que deux coups de marteau, aux jambes, et son couteau se brise dès le début du passage à tabac. Il n’y a pas de volonté d’atteindre à sa vie. » Le tribunal ne partage pas cet avis et dépasse les réquisitions en condamnant Tayeb à 6 ans de détention et Anass à 7 ans ferme.

Pierre Havez

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