Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 02.06.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 1138 fois

NÎMES EN FERIA Eddie dit oui pour que sa contre-affiche s'affiche

Eddie Pons et sa contre-affiche... Couillue ! (Photo Anthony Maurin).

Eddie Pons (Photo Anthony Maurin).

Eddie Pons, dessinateur et nîmois de coeur depuis quelques décennies à présent, fait comme chaque année la contre-affiche de l'affiche officielle des ferias de Nîmes. Une de plus vient s'ajouter à la longue liste drolatique de l'artiste.

Les affiches des ferias de Nîmes ont le don de faire parler d'elles. Adorées ou abhorrées, elles font parler. Imaginez un peu ce que peuvent dire les adorateurs de la contre-affiche ! Connaissez-vous vous le club taurin Roque Gomez ? Pourtant... Est-ce un illustre matador de toros ? Même pas. Mais il n'en est pas loin... C'est un personnage qui marque de son empreinte les ferias locales. Enfin, il marque le off des ferias locales. Le off du off des ferias locales mais c'est aussi lui qui lance la feria ! Rien que ça. Et c'est avec Eddie Pons qu'il le fait ! L'histoire est belle car elle est avant tout celle d'une amitié et d'un délire d'artistes. Une histoire d'affiche officielle et forcément de contre-affiche officieuse.

"L'an prochain sera la trentième année... Juju, un artiste nîmois, a fait la première contre-affiche en 1993", avoue Eddie. En effet et avant la tradition instaurée par le maire Jean Bousquet qui faisait appel à un artiste pour illustrer la feria de Nîmes, les Nîmois avaient l'habitude de voir des affiches espagnoles repiquées avec des cartels en français. "Juju a eu l'idée de contrefaire ces nouvelles affiches d'artistes. En fait, c'est une contre-proposition, nous ne sommes pas contre l'affiche. Nous travaillons sur le travail d'un autre." Puis Juju est parti loin, trop loin pour continuer l'aventure mais son souvenir demeure à travers cette idée et ses amis continuent.

C'est Eddie qui s'y colle depuis longtemps mais pas de complexe d'infériorité à avoir. Enfin pas toujours. "Pour moi, ça peut être un peu intimidant. Par exemple, quand il a fallu refaire celle de Picasso il y a quelques années... On ne se prend pas pour lui mais on rentre dans sa manière de faire. Pour Vincent Bioulès et cette affiche 2022, c'est pareil !" Là où certains s'indignaient de voir ce Montpelliérain signer l'affiche de Nîmes, Eddie rappelle que depuis les débuts de l'histoire de l'affiche, la moitié des artistes qui en ont réalisé une sont des Nîmois !

Faire la contre-affiche de son affiche d'une future feria ?

Peut-être que lui aussi aura droit à sa contre-affiche. Par ses soins ? Déjà il faudrait qu'il signe la vraie, l'officielle affiche. Mais il n'y court pas après. "Ça serait rigolo que je fasse ma propre contre-affiche mais je pense que je galèrerais ! Parfois j'ai l'impression que j'ai fait l'affiche officielle et je reconnais mon affiche quand je la regarde sauf que je n'ai fait que la contre-affiche, c'est déstabilisant !" Comment Eddie s'y prend-il pour la réaliser. Comment travaille-t-il ? D'où vient l'idée qui fera mouche ? Déjà, il faut comprendre et apprécier l'affiche pour en faire une belle parodie. Pour l'occasion, Eddie n'a pas été déçu du choix de la Ville. "J'ai aimée cette affiche et je l'ai défendue tout de suite. Quand on la regarde, elle est magnifique. Il y a quelque chose que je ne saurai pas dire et j'avoue qu'il me tardait de la dessiner !"

Comment procède-t-il ? "Dès que j'ai l'affiche officielle, je la regarde, je l'imprime et je sais que je dois la contrefaire mais, en général, je ne l'achève que 15 jours avant la date de la présentation ! Pour celle-là j'ai galéré à cause de l'actu, affirme l'artiste qui couche chaque idée qu'il a sur le papier. Celle-là a été parmi les plus dures à contrefaire. J'avais du mal à la raccorder à l'actualité plus ou moins locale. J'ai eu l'idée des deux toros qui devaient représenter la Présidentielle et les Législatives mais cela ne me convenait pas... C'est quand j'ai dessiné les couilles que l'idée m'est venue. Vu la saturation d'informations entre l'Ukraine dont il faut parler et que je soutiens, les élections et tout le reste, pas facile. Avec un peu plus de temps, j'aurais pu trouver quelque chose avec les incidents qui se sont déroulés lors la finale de la Ligue des Champions..." Le petit hic, c'est qu'il a une autre spécialité, "C'est d'oublier les idées même si j'ai mon carnet !"

Pour Nîmes et les Nîmois

Parfois, l'inspiration a du mal à venir, parfois, comme souvent ces artistes sont des connaissances voire des amis, Eddie Pons sent une forme de pression. "J'ai galéré pour faire l'affiche de Sylvain Fraysse... J'aime tellement son travail que je ne voulais pas le décevoir, alors, je me suis déçu moi-même. Pour la verte et rouge de Claude Viallat, j'avais fait des toros qui s'enfilaient et Claude m'a proposé de venir signer la contre-affiche à Carré d'art à côté de lui qui signait la sienne !" Des souvenirs extraordinaires, touchants, émouvants. L'essentiel est de toucher le public visé.

Pour Eddie Pons, une contre-affiche s'adresse plus au public local qu'aux lointains visiteurs. "Oui, elle s'adresse aux Gardois et aux gens qui viennent faire la feria comme on la fait ici, comme on la connaît. Je travaille vraiment pour Nîmes mais cette affiche est une plaisanterie qui fonctionne bien. Les gens l'attendent et honnêtement je n'ai jamais vu autant de monde qu'hier (mardi 31 mai, NDLR) lors de sa présentation." L'artiste spécialiste ès contre-affiche réfléchit maintenant à un projet autour des flamants. "Il me tarde de m'y mettre. L'année prochaine je vais aussi exposer à Cadix un travail que je réalise sur l'Andalousie."

La contre-affiche est à retrouver au bar Le Latino, sur le boulevard Amiral Courbet. Pour l'acheter, elle sera disponible à la Librairie L'Itinéraire, rue des Arènes à Nîmes.

Anthony Maurin

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