NÎMES Une messe pour feu le roi Louis de France, seizième du nom
C'est avec un jour de retard (21 janvier 1793) sur la commémoration réelle que s'est tenue une messe de Requiem pour "sa majesté le roi Louis XVI et les victimes de la Révolution."
En la chapelle sainte Eugénie, la plus vielle de Nîmes, il régnait une ambiance de recueillement solennel ce samedi matin. Plus qu'à l'accoutumée pour ce petit et méconnu édifice, les fidèles avaient une idée derrière la tête alors qu'ils franchissaient les portes du bâtiment.
"Je suis très sensible à cette messe. J'ai une affection spéciale pour le roi, pour Marie-Antoinette, pour toute cette famille massacrée au nom d'une vengeance disproportionnée. Je suis heureuse que tant de temps après leur mort on pense encore à ces gens qui ont offert leur vie pour nous. Je suis persuadée que la France ne s'en relève pas, que depuis qu'on leur a coupé la tête nous sommes en repentance. La France sous la monarchie avait un certain panache, une idée d'elle-même. Aujourd'hui, nous sommes loin de retrouver tout cela. Oui, cette messe est plus utile aujourd'hui que jamais" affirme une croyante présente.
C'est le père Auriol qui célébrait l'office. Il a introduit le contexte en rappelant la fin de l'histoire que tout le monde connaît mais qu'il est bon de dire et redire. Près de l'autel, une couronne posée sur un drap noir, un bouquet de lys blancs et un drapeau de la monarchie française. Quelques lectures étaient au programme. Celles du livre de la sagesse et de l'Évangile de Jésus Christ selon saint Jean puis, pour affirmer la force oubliée d'un roi martyr, celle du testament de Louis XVI, écrit le 25 décembre 1792, moins d'un mois avant sa mort.
Émouvantes dernières volontés et ultimes sentiments d'un roi qui se sait perdu, qui pense à sa famille, qui n'oublie pas d'être limpide comme l'eau de roche et que l'on découvre sous un tout autre jour que celui de l'imaginaire collectif. Le chant de communion âme du christ, sanctifie-moi a été entonné tout comme domine salve fac regem et chez nous soyez reine.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas le texte du testament, il est édité chez Lacour-Ollé au prix de cinq euros. En voici les premières lignes. "Au nom de la Très-Sainte Trinité, du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Aujourd'hui vingt cinquième jour de décembre mil sept cent quatre vingt douze, moi Louis seizième du nom, roi de France, étant depuis quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même, depuis le onze courant, avec ma famille; de plus, impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause de la méchanceté des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni aucun moyen dans aucune loi existante; n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés, et mes sentiments."