SAINT-HIPPOLYTE-DU-FORT Les facteurs mordus par la formation des gendarmes !
Nos amis les bêtes ne sont pas toujours tendres avec nos chers facteurs qui, quotidiennement, croisent le chemin de toutes sortes de chiens lors de leur tournée. Du petit caniche au rottweiler, l'animal défend plus ou moins son territoire et montre parfois ses dents d'un peu trop près auprès de nos distributeurs de courrier...
Une formation de prévention des risques canins était donc organisée jeudi 7 novembre dernier, sur la plateforme de La Poste de Saint-Hippolyte-du-Fort auprès d'une vingtaine de facteurs. Une première en la matière, puisque la gendarmerie nationale participait à cette initiative, à travers l'intervention du groupe d'investigations cynophile du groupement de gendarmerie départementale du Gard. Au programme : une approche théorique, d'abord, pour comprendre les comportements des différentes races de chiens et les conduites à tenir face à leur agressivité, puis, en second plan, une mise en situation avec des chiens, des vrais !
17 facteurs mordus dans le Gard depuis janvier 2013
En France, environ 2000 facteurs sont mordus chaque année lors de leur tournée de distribution. Des morsures qui représentent l'une des premières causes d'accident de travail. Gaël Génolhac, facteur, raconte son expérience : "Il y a une dizaine d'années, je me suis fait mordre par un labrador pendant que je distribuais mon courrier. Il avait échappé à la vigilance de son maître et il m'a attaqué le bras jusqu'à m'en déchirer le tee-shirt. Aujourd'hui, j'ai toujours une appréhension que je n'avais pas avant, surtout qu'il y a des chiens dans une maison sur trois". Gaël n'est pas le seul à avoir vécu ce type de situation. Gilbert Fabre, facteur depuis 38 ans et bientôt à la retraite, a très peur des chiens depuis qu'il s'est fait mordre par deux chiens loups : "C'était en 1978" se souvient-il, "j'ai eu 8 points de suture, depuis je me méfie". L'année dernière, alors qu'il prenait la poudre d'escampette sur sa mobylette, c'est cette fois un border collie qui le rattrape et lui "taille le short".
Un chien loup pour l'exercice
Rien de mieux qu'une mise en pratique pour appréhender le comportement du chien et affronter sa peur, au côté de l'adjudant-chef et maître chien Bruno Mourier. Narco, berger belge, est posté devant une boîte aux lettres installée pour l'occasion sur le parking du centre de tri. Attaché à sa laisse, l’œil vif, il surveille le terrain. L'exercice commence. Il consiste à aller mettre un journal dans la boîte, en passant devant l'animal. Facile pour certains, plus dur pour d'autres. Tout est une question de comportement : ne pas courir, ne pas faire de gestes brusques, rester à distance. Narco se lève, vient renifler son potentiel agresseur, se dresse. Une petite caresse et le tour est joué, le facteur peut repartir, sans dégâts !
Second exercice, avec un berger belge malinois. Âgé de 15 mois, l'animal est très vif. Chacun leur tour, les participants enfilent une manchette et s'approchent du chien, tenu en laisse par l'adjudant-chef. L'objectif est de maîtriser son appréhension en laissant l'animal saisir le bras protégé, puis en le caressant lentement. Tout le monde se prête au jeu, même le directeur de l'établissement, Bruno Albet. Ça ne fait pas mal mais "ça pique quand même un peu" entend-on. "C'est bien cette mise en situation" note Bruno Albet, à l'initiative de la démarche. "Le message porté par le maître chien a plus de force. Les facteurs vont repartir avec de bons conseils" ajoute t-il.
Pour Bruno Mourier, cette formation est une première et présente "une vraie utilité car cela permet de travailler dans le cadre de la prévention des risques canins. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant d'accidents de ce type". L'adjudant-chef a donné des conseils utiles à des facteurs parfois inquiets et profité de l'occasion "pour faire passer des messages en terme de législation" sur ce sujet. En effet, selon la race du chien, les maîtres doivent respecter certaines lois. "Cette démarche nous a également permis de faire le lien entre nos différentes administrations" conclut-il.
Quatre autres sessions sont d'ores et déjà programmées à Saint-Hippolyte-du-Fort et Anduze. Elles accueilleront chacune environ 20 facteurs, en novembre 2013 et janvier 2014.
Elodie BOSCHET
elodie.boschet@objectifgard.com